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Rougon-Macquart (les) (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 06/11/2018

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Rougon-Macquart (les). Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire. Cycle romanesque en vingt volumes d'Émile Zola (l840-1902), publié dans divers journaux, et en volume à Paris chez Lacroix de 1870 à 1872 et chez Charpentier de 1873 à 1893.

 

Les Rougon-Macquart sont l'œuvre d'une vie, et leur chronologie se confond avec celle de leur auteur. Au moment où il commence à penser à son grand cycle, en cette fin de second Empire, Zola n'est pas un inconnu : il est déjà l'auteur de plusieurs volumes de critique et de récits, contes et romans, dont Thérèse Raquin (1867). Mais son projet est cette fois plus ample : il s'agirait d'une vaste saga familiale où joueraient les forces épiques de l'Histoire et de la nature. Grand lecteur de Balzac, son modèle littéraire malgré les différences qu'il affirme avec orgueil, lecteur aussi, et très attentif, des biologistes et des médecins (C. Letourneau, P. Lucas, Darwin, Claude Bernard), journaliste enfin et témoin lucide de son temps, Zola, pense-t-il, a en mains les éléments d'une œuvre radicalement nouvelle. On y montrera les quatre mondes qu'il distingue (peuple, commerçants, bourgeois et \"monde à part\" !), mais qui seront en même temps liés par les nœuds de l'hérédité et de l'Histoire récente (le second Empire moribond que l'écrivain est en train de vivre).

 

L'aventure littéraire plaît à l'éditeur Lacroix qui fait paraître la Fortune des Rougon (feuilleton en 1870-1871, volume en 1871) avant la Curée (1871 et 1872) entourée d'une aura de scandale. Changement d'éditeur ensuite : Zola se retrouve chez Charpentier qui publiera désormais la série (le Ventre de Paris, 1873 ; la Conquête de Flassans, 1874) et sera le compagnon indispensable d'une vie de labeur. Car Zola, avec application et régularité, aligne les titres : la Faute de l'abbé Mouret (1875), Son Excellence Eugène Rougon (1876), enfin L'Assommoir (1876 et 1877) qui va montrer toute l'efficacité de la méthode : ennuis avec la justice, mais aussi succès extraordinaire qui, après Une page d'amour (1878), se retrouvera avec Nana (1879 et 1880) et Germinal (1885) succédant à Pot-Bouille (1882), Au Bonheur des Dames (1883) et à la Joie de vivre (1884). Toujours une méthode similaire : l'imagination, qui fournit le schéma initial de l'intrigue, se nourrit de lectures, d'enquêtes, d'interviews, et débouche sur un scénario - moins fluide, plus étayé que le premier - enfin sur une rédaction continue. C'est ce travail toujours angoissant qu'on peut suivre aussi dans l'Œuvre (1886), où le peintre est dépassé par sa folie créatrice. Mais Zola, lui, devenu chef d'école et phénomène d'édition, ira jusqu'au bout : la Terre (1887) fait le portrait des paysans et, après la douceur merveilleuse du Rêve (1888), la *Bête humaine (1890) renouvelle la violence lyrique de l'Assommoir ; l'Argent (1891), enfin, montre les outrances et la corruption qui expliquent la Débâcle (1892). Le Docteur Pascal (1893) achèvera le cycle par une sorte de sommaire qui en même temps énonce sa philosophie biologique et sa morale.

 

Le premier intérêt des Rougon-Mac-quart, c'est leur variété et leur diversité. Si le grand public a surtout en mémoire les rouges et les noirs sinistres de l'Assommoir, de la Bête humaine ou de Germinal, le lecteur plus curieux connaît et apprécie d'autres gammes : l'or des champs de blé où travaillent les paysans de la Terre, les chairs rosées des courtisanes de Nana, le vert bleuté des algues festonnant les falaises de craie de la Joie de vivre, la boue grise et brune de la Débâcle. Mais cette grande variété chromatique n'offre pas seulement les charmes de la nouveauté à chaque

« les titres : la Faute de l'abbé Mouret (187 5), Son Excellence Eugène Rougon (18 76), enfin /'*Assommoir (1876 et 1877 ) qui va montrer toute l'efficacité de la méthode : ennuis avec la justice, mais aussi succès extraordinaire qui, après Une page d'amour (1878), se retrouvera avec *Nana (187 9 et 1880) et *Germinal (1885) succédant à *Pot­ Bou ille (1882), Au Bonheur des Dames (1 883) et à la Joie de vivre (1884).

Tou­ jo urs une méthode similaire : l'imagi­ nation, qui fournit le schéma initial de l' intrigu e, se nourrit de lectures, d'en quêtes, d'interviews, et débouche sur un scénario -moins fluide, plus étayé que le premier -enfin sur une rédaction continue.

C'est ce travail touj ours angoissant qu'on peut suivre aussi dans l'Œuvr e (1 886 ), où le peintre est dépassé par sa folie créatrice.

Mais Zola, lui, devenu chef d'école et phé­ nomène d'édition, ira jusqu'au bout : la *Terre (1887) fait le portrait des pay­ sans et, après la douceur merveilleuse du Rêve (1888), la *Bête humaine (1890) renouvelle la violence lyrique de l' As sommoir ; l'Ar gent (1891) , enfin, montre les outrances et la corruption qui expliquent la Débâcle (1892).

Le Docteur Pascal (1893) achèvera le cycle par une sorte de sommaire qui en même temps énonce sa philosophie biolog ique et sa moral e.

Le premier intérêt des Rougon-Mac­ qua rt, c'est leur variété et leur diversité.

Si le grand public a surtout en mémoire les rouges et les noirs sinistres de l'Assommoir , de la Bête humaine ou de Germinal, le lecteur plus curieux connaît et apprécie d'autres gammes : l'or des champs de blé où travaillent les paysans de la Terre, les chairs rosées des courtisanes de Nana, le vert bleuté des algues festonnant les falaises de craie de la Joie de vivre, la boue grise et brune de la Débâcle.

Mais cette grande variété chromatique n'offre pas seulement les charmes de la nouveauté à chaque livre, elle marque aussi la richesse d'une palette homogène, pour filer la métaphore (zolienne) du peintre, la richesse d'un art qui donne à ce monde une unité.

Qu'on reprenne les grandes de scriptions météorologiques d'Une page d'amour et l'on découvrira, dans un paysage urbain, complexe et varia­ ble au gré des saisons, des éclairages, les élém ents d'une harmonie .

Qu 'on relise encore les pages du Ventre de Paris où Zola, de façon tout aussi gran­ diose, présente les marchandises accu­ mulées des pavillons spécialisés : à cha­ que fois, l'inventaire produit en camaïeu une sorte de petit cosmos gourmand, destiné lui-même à n' être qu'un point dans un univers alimen­ taire plus large ; les multiples senteurs et splendeurs des fromages, poissons, gibiers et légumes composent une sym­ phonie, suscitent une sorte de vertige sensoriel : toutes les couleurs et saveurs du monde résumées, offertes à une ville qui les mange.

Naissant souvent de cette exploita­ tion intensive d'un registre, l'unité peut surgir aussi de quelques formes particulières, de certains thèmes repris et travaillés pour leur signification symbolique : les flammes, par exem ple, détruisent et animent en même temps une matière qui devient alors mouve­ ment ou objet d'une alchimie singu­ lière.

C'est la locomotive exaltée de la Bête humaine, ou l'incendie du Docteur Pascal qui incinère une vie de travail.

Ailleurs, ce seront plutôt les grands horizons, les paysages amples (ceux de Germinal , infiniment plats et déce­ vants, ou les champs de la Terre) qui donnent à la scène rapprochée et pré­ cise un arrière-plan cosmiq ue.

Ailleurs, ce seront ces grandes foules qui composent presque, elles aussi, des paysages : masses humaines pétries par Zola en autant de flux déferlants capa­ bles de faire l'Histoire et de la défaire ; soldats de la Débâcle, acheteuses d'Au. »

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