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SALLUSTE: Histoires (fiche de lecture)

Publié le 27/03/2013

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Les Romains admirèrent très vite l'oeuvre de Salluste. Quintilien l'égale à Thucydide, Martial le proclame premier des historiens latins et Tacite, enfin, l'étudie attentivement pour lui emprunter la concision du style et la conception morale de l'Histoire.

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« EXTRAITS- ---- -- Discours au peuple romain contre Sulla Votre clémence et votre probité, Citoyens, auxquelles vous devez chez les autres nations votre grandeur et votre gloire, ne me font que redouter davantage la tyrannie de Sulla.

J'ai peur qu'en vous refusant à croire les autres capables d'actions que vous­ mêmes jugez criminelles, vous ne vous laissiez circonvenir, surtout quand cet homme n'a d'espoir que dans le crime et la perfidie, et ne se croit en sûreté qu'en se montrant méchant et détestable au-delà de vos craintes, afin de vous enchaîner par elles et de vous ôter par l'excès de vos maux tout souci de la liberté.

Et, si vous êtes sur vos gardes, je crains que vous ne soye z plus occupés à vous garantir de ses attentats qu 'à vous en venger.

Je ne puis, d'autre part, assez m'étonner de voir ses satellites, des hommes d'un très grand nom, dont les ancêtres ont laissé les plus beaux exemples , acheter au prix de leur propre servitude le droit d'exercer leur domination sur vous , et préférer cette double iniquité à une existence libre dans la jouissance de leurs pleins droits : glorieux rejetons des Brutus, des Aemilius, des Lutatius, enfantés pour détruire ce que leurs ancêtre s avaient édifié par leur valeur! Car enfin que prétendions-nous défendre contre Pyrrhus, Hannibal, Philippe, Antiochus, sinon la liberté, nos foyers à chacun, et le droit de n'obéir à personne qu'aux lois ? Tous ces biens, cette caricature de Romulus les détient comme s'il les avait ravis à des étrangers.

Bien loin que le désastre de tant d'armées, le sang des consuls et de nos plus éminents citoyens emportés par les hasards de la guerre aient réussi à la rassasier, sa cruauté s'accroît dans la prospérité qui pourtant, d'ordinaire, fait passer de la colère à la pitié.

Que dis-je ! Il est le seul , de mémoire d'homme, qui ait prononcé des supplices contre des enfants encore à naître, qui devaient connaître l'injustice avant d'être assurés de l'existence; et, ô comble d'infamie, il a trouvé jusqu'ici protection dans l'énormité même de ses crimes, tandis que vous, par crainte d'une servitude plus lourde, vous n'osez revend i quer votre liberté.

Discours à la plèbe Si vous n'étiez pas ca­ pables de distinguer, Ci­ toyens, la différence qui existe entre les droits que vous ont légués vos ancê­ tres et la servitude que vous a imposée Sulla, j'au­ rais à vous faire un long exposé et à vous apprendre pour quelles injustices et combien de fois la plèbe a pris les armes et s'est emparée du Sénat , et com­ ment elle a obtenu, pour défendre tous ses droits, la création des tribuns de la plèbe.

Mais aujourd'hui je n'ai plus qu'à vous exhor­ ter et à vous montrer le chemin qu'ilfaut prendre , à mon avis, pour recon­ quérir la liberté.

Et je n'ignore pas de quelles forces dispose la noblesse que, seul, sans pouvoir, avec une vaine apparence de magistrature, j'entreprends de chasser de la tyrannie qu'elle exerce; je n'ignore pas non plus combien une faction de criminels est plus libre d'agir en toute sûreté que des honnêtes gens isolés.

Mais, outre le bon espoir que j'ai en vous et qui triomphe de ma crainte, je me suis fait cette règle qu'il vaut mieux pour un homme de cœur être vaincu en combattant pour la liberté que de n 'avoir pas essayé de combattre.

Traduit du latin par François Richard, Flammarion, 1990 Vue de Rome, peinture murale NOTES DE L'ÉDITEUR « Au centre du projet littéraire de Salluste, il faut, en somme, reconnaître une double ambition.

L'une, évoquée par l'auteur dans ses préfaces, est de servir l'État par les mots (verba) autant que d'autres le servent par leurs actes (facta) et de dépasser ainsi une classique antinomie qui avait toujours tourné à l'avantage des hommes d'action au détriment des hommes de plume.

La connaissance du passé est en quelque sorte l'auxiliaire indispensable de l'action politique : parce qu'elle permet de poser en termes concrets, au cœur d'expériences dramatiques, cette dialectique de l'ordre et du désordre où se joue le destin des gouvernants et celui des nations.

La seconde ambition est de rendre perceptible par l'écriture le sens des événements.» Rhéteur et surtout de Tacite, Salluste est un maître du style historique.

Son œuvre s'impose comme un monument solide sans être austère.

Elle ne manque ni de profondeur ni de beauté, et l'on ne saurait privilégier, chez lui, le penseur au détriment de l'artiste, l'historien au détriment de l'historiographe.

Il a su exploiter un genre littéraire en le pliant à sa personnalité intellectuelle et artistique, et, ce faisant, il a conjuré ses malheurs politiques par sa postérité littéraire.

» Ibid.

R.

Martin et J.

Gaillard, Les Genres littéraires à Rome, Scodel, 1981.

« Au jugement de Martial, de Sénèque le 1 coll.

Viollet 2 Rome, Deutsches Archiio logisches Instit ut 3, 4 Metropolitan Museum of Art SALLUS TE02. »

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