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SARTRE: Questions de méthode (Résumé & Analyse)

Publié le 17/01/2022

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La philosophie de Sartre est intimement liée à la vie de l'auteur et surtout à la partie littéraire de son oeuvre. Sartre, en effet, fut une sorte de modèle auquel, au moins, deux générations s'identifièrent. L'influence intellectuelle de Sartre et sa célébrité internationale tiennent justement à la diversité culturelle de son oeuvre : roman, théâtre, biographie, auto-biographie, critique littéraire, essai politique, reportage, cinéma, journalisme, radio, militantisme politique. Sartre surgit dans une époque où la communication de masse s'impose. Son vécu personnel, sa relation avec Simone de Beauvoir, jouèrent autant que son oeuvre pour le faire connaître. Son oeuvre philosophique compte trois traités : L'Imaginaire (1940), L'Être et le Néant (1943) et Critique de la raison dialectique (2 vol., 1960, 1985), sur la cinquantaine de livres que compte son oeuvre. Le fondement de la philosophie de Sartre est l'existence. Il se questionne sur ce qui fait la personne. D'un côté, il y a des déterminations sociales, institutionnelles : on est le produit d'un contexte de vie (une famille, inscrite elle-même dans une classe sociale, un temps, un système de production, une culture). D'un autre côté, il y a le mouvement de la personne pour se construire : « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous » (Saint Genet, 1952). Sartre se posera cette question toute sa vie, et son Flaubert est un effort pour montrer comment cet écrivain, fils d'une famille de petite bourgeoisie normande, est devenu un écrivain réussissant à exprimer une époque.

« Comme il le dit dans la préface à l'édition de 1960, Questions de méthode est une oeuvre de circonstance.

Ilexplique qu'une revue polonaise ayant décidé de publier un numéro sur « La culture française », on l'a invité à écrireun texte sur « La situation de l'existentialisme en 1957 », comme Henri Lefebvre, en tant que philosophe marxiste, aété invité à situer « Les contradictions et le développement du marxisme en France pendant les dernières années ».Sartre dit qu'il n'aime pas parler de l'existentialisme, ni le définir.

C'est un mouvement, une recherche en train de sefaire.

Il ne veut pas en faire une idée, comme si c'était quelque chose de fini, de périmé.

Il a donc choisi de situersa contribution dans un débat élargi sur la philosophie, prise dans des conflits internes entre l'existence et le savoir.Ce texte, qui s'intitulait d'abord « Existentialisme et marxisme », a été profondément modifié ensuite et a pris le titrede « Questions de méthode » lors de sa publication dans Les Temps modernes.

Il y pose une question :« Avons-nous aujourd'hui les moyens de constituer une anthropologie structurelle et historique ? »Le texte est constitué de trois parties : marxisme et existentialisme, le problème des médiations, la méthodeprogressive-régressive. 1.

Marxisme et existentialisme Sartre explique que la philosophie ne se donne jamais comme multiple, mais comme « une ».

Il n'y a jamais qu'unephilosophie qui soit vivante à la fois.

Une philosophie se constitue pour donner à une époque « son expression aumouvement général de la société ».

La philosophie permet à une « classe montante » de prendre conscience de soi.Le cartésianisme a permis à la bourgeoisie de juristes, de commerçants, de banquiers, de prendre conscience d'elle-même.

Le kantisme a permis à la bourgeoisie de fabricants, d'ingénieurs et de savants de construire l'hommeuniversel dont ils avaient besoin.Pour être vraiment philosophique, ce miroir doit être, en plus, une totalisation du savoir contemporain :« Le philosophe opère l'unification de toutes les connaissances en se réglant sur certains schèmes directeurs quitraduisent les attitudes et les techniques de la classe montante devant son époque et devant le monde.

»Un jour, quand la société aura évolué, ce système explicatif deviendra désuet, dépassé.

Un système philosophiquedevient alors une idée, un moment de la pensée humaine, un moment de son développement.

Toute philosophie estdonc d'abord pratique : « Toute philosophie reste efficace tant que demeure vivante la praxis qui l'a engendrée, quila porte et qu'elle éclaire.

» Le cartésianisme a ainsi inspiré Holbach, Helvétius, Diderot, Rousseau même.

Laphilosophie est en même temps totalisation du savoir, méthode, Idée régulatrice, arme offensive, communauté delangage.

C'est une vision du monde qui travaille les sociétés vermoulues. Depuis le XVIIe siècle, Sartre voit trois grands moments de la philosophie : le « moment » de Descartes et de Locke,celui de Kant et Hegel, enfin celui de Marx.

Ces trois philosophies deviennent chacune à leur tour le cadre de toutepensée particulière et de toute culture tant que le « moment historique » qu'elles désignent n'a pas été dépassé. On ne peut pas appeler philosophes des penseurs qui aménagent une idée, la révisent, l'adaptent si celle-ci peuts'inscrire dans la philosophie d'un « moment historique ».

Ce sont des hommes relatifs, que Sartre propose denommer idéologues.

L'existentialisme, ainsi, est une idéologie.

C'est un système parasitaire qui vit, dans un premiertemps, en marge du Savoir (le marxisme), puis tente de s'y intégrer. Auparavant, l'hégélianisme avait été la plus ample totalisation philosophique.

En face de Hegel, Kierkegaard semblecompter à peine.

Il est intégré au système hégélien.

Mais c'est justement cela que Kierkegaard conteste : «L'homme existant ne peut être assimilé par un système d'idées.

» Mais, si Kierkegaard revendique la pure subjectivitésingulière contre l'universalité objective de l'essence, s'il affirme l'existence contre le système, sa pensée n'en restepas moins totalement inscrite dans le moment hégélien de la philosophie.

La tension Hegel-Kierkegaard est le refletd'un problème.

Hegel a raison, mais Kierkegaard n'a pas tort.Si, contrairement à Kierkegaard, Marx a dépassé le moment hégélien, c'est parce qu'il a substitué à la question dusavoir posée par Hegel la question de la praxis.

Il ne suffit pas de connaître le monde, il faut le changer, le produire.L'homme n'est plus abstrait, mais concret.

Marx a raison à la fois contre Kierkegaard et contre Hegel puisqu'il affirmeavec le premier la spécificité de l'existence humaine, et prend avec le second l'homme concret dans sa réalitéobjective.L'évaluation d'une pensée est liée à la pertinence de la question qu'elle se pose par rapport à l'historicité.

Sil'existentialisme avait une pertinence avec Kierkegaard, son retour avec Jaspers, au XXe siècle, n'a pas la mêmepertinence historique.

L'idéologie de Jaspers était une attitude de repli.

Elle marquait la frilosité de l'Allemagne et ledésir d'une petite bourgeoisie de défendre sa position par l'affirmation d'une aristocratie de l'âme : « Jaspers est en régression sur le mouvement historique puisqu'il fuit le mouvement réel de la praxis dans unesubjectivité abstraite dont l'unique but est d'atteindre une certaine qualité intime.

» Par sa présence réelle, une philosophie transforme les structures du savoir.

« Les idées dominantes sont celles de laclasse dominante », dit Marx.

« Il a raison », dit Sartre, qui prend son exemple pour montrer comment la sociétédans laquelle il s'est formé rejetait Marx.

Même si lui l'a lu, il n'y comprenait pas ce qu'il y avait à comprendre, c'est-à-dire le lien à établir entre théorie et pratique.

Cela se fait, pour lui, quand la classe ouvrière a pris conscienced'elle-même : « Cette prise de conscience (de la classe montante) agit à distance sur les intellectuels et désagrègeles idées dans leur tête.

» Il fallut du temps pour que l'homme, que sa génération voulait connaître dans sa vieréelle, prenne la forme concrète du travailleur exploité qui produit les conditions de sa vie.Pourquoi l'existentialisme ne s'est-il pas dissous dans le marxisme ? Pourquoi a-t-il pu continuer et se développer ?Sartre réfute l'explication de Lukacs selon laquelle, en tant que bourgeois, les intellectuels, contraints d'abandonner. »

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