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Servitude et Grandeur militaires

Publié le 30/03/2013

Extrait du document

Vigny accueille avec une réserve mélancolique le règne bourgeois de LouisPhilippe. Déçu par son siècle, le capitaine Vigny, qui a obtenu un congé, renonce momentanément à la poésie et entreprend d'écrire en prose une « épopée de la désillusion «. Dans Servitude, publié en 1835, il décrit la détresse du soldat. Dans son Journal, Vigny écrit : « Toutes les fois que, dans ce livre de Servitude, il y a " je ", c'est la vérité. «

« « Bonaparte s'avança seul sur l'obus qui brûlait ...

» EXTRAITS ~~~~~~~~ Pendant la nuit, Vigny discute de l'amour du danger avec Timoléon, éveillé par son amour pour une femme mariée -Que serait-ce donc qui soutiendrait le marin s ur la mer ? qui le consolerait dans cet ennui d'un h omme qui ne voit qu e des h ommes ? Il part, et dit adieu à la terre ; adieu au sourire des femmes, adieu à l eur amour ; adieu aux amitiés choisies et aux tendres habitudes de la vie ; adieu aux bons vieux par ents ; adieu à la bell e nature des cam­ pa gnes, ( ..

.) il dit adieu à t ou t, e t part.

Il va tr ouver trois ennemis : l'eau, l'air e t l'homm e ; e t toutes les minut es de sa vie vont en avoir un à comba ttr e.

Cette ma­ gnifi qu e inquiétude le délivre de l'ennui.

Il vit dans une perpétuelle victo ire ; c'e n est un e qu e de passer seule­ m en t sur l' Océan, et de ne pas s'eng loutir en sombrant ; c'en est une que d'aller où il veut, et de s'enfo ncer dans les bras du ve nt contrair e ; c'en es t une que de cou­ r ir devant l'orage, et de s'en fair e suivre comme d'un vale t ; c'e n est une qu e d'y dormir et d'y é tablir son cabinet d'étude.( ...

) - C'est grand, dit Tim ol éo n ; et je remar­ quai qu 'il posait la lett re sur la tabl e.

- Et c'est l'AMOUR DU DANGER qui le nourrit, qui fait que jamais il n'est un moment désœuvré , qu'il se sent en lutt e, et qu 'il a un but .

C'est la lutt e qu'il nous faut to ujour s; si nous étions en campagne , vous n e souff riri ez pa s tant .

La Veillée de Vincenne s En conclusion, Vigny définit sa religion de l'Honneur L' H on neur, c'est la conscience, mais la consc ie n ce exaltée .

- C'est le respect de soi­ même et de la beauté de sa vie port é jusqu'à la plu s pure élévation et jusqu'à la passion la plus ardente.

Je ne vois, il est vrai, nulle unité dans son princi pe .( ..

.) C'est peut -être là le plu s g rand mérit e de ['Honneur d'être si pui ssant et toujours beau, quelle que soit sa source! ...

Tan tôt il porte l'homme à ne pas sur v ivre à un affront, tantôt à le soutenir avec un écla t et une grande ur qui le réparent et en efface nt la souillure.

D'autres fois il sait cache r ense mbl e l'injure et l'expiation .

( ...

) Il produit des actes de bienfaisance qu e l'évangélique char it é ne surpassa jamais.

( ..

.) L ' H onneu r , c 'est la pud eur virile.

L a honte de manquer de ce la est tout pour nous.

C'est donc la ch ose sacrée qu e ce tte c h ose inexprimable ? Pesez ce que vaut, parmi nous, cette expr ess ion populair e, ·~ universelle , décisive et f simp le ce pe ndant : Don- ner sa parole d' honn eur.

Voilà que la parol e humaine cesse d 'être l'expression des idées seulement, elle de vien t la parole par exce llence, la parol e sac rée entr e ' toutes les parole s, com­ m e si ell e était née ave c l e premier mot qu 'ait dit la lan gue del' homm e.

Conclusion « Cette foi, qui me semble rester à tous encore et régner en souveraine dans les armées, est celle de !'HONNEUR.

» NOTES DE L'ÉDITEUR « Des thème s humanitaire s animent les œuvres majeure s : dan s la réflexion sur l'armée, qui fait le fond de Servitude , on place la préci sion et le vœu de la pai x univer selle et de la disparition des a rm ées ...

Vigny est, avec Lamartine et HÙgo , un des mythologues de ) 'humanitarisme romantique ...

et il y a en lui une sourc e de force et de chaleur morale qu'on ne saurait trouv er a illeur s : "L'Honneur , dit-il, c'est la conscience, mais la conscience exaltée.

" ( ...

) Ce que la morale perdait du côté de la religion , elle Je regagnait ainsi par la poésie.

Il Je dit en ces terme s:" L'Honneur, c'est la poé s ie du devoir. "( ...

) Le gentilhomme mué en poète et en morali s te s'est tout entier défini lui-même dans ce tte définition.

Vigny le sentait cjuand il a écrit : "Servit ude -ce livre sera la préface de toute s mes œuvres ".

» Paul Bénichou, Les Mages romanti ques, Éditions Gallimard, 1988.

« Vign y le Taciturne va retrouver ses hé sitation s et ses doutes, reconquérir sur sa "se rvitude "sa" grandeur" toujour s contestée.

Il d esce nd décidément de Sisyphe, il faut" l 'imaginer heureux " chaque fois que lui est renouvelée, selon le vœu que Baudelaire forme pour lui-m ême "à une heure du matin ", la grâce de produire quelquefois les vers qui [lui] prouv ent qu 'il n'es t pas le dernier des homme s.» P a ul Viallaneix , Vigny par lui­ même, Le Seuil , Écrivains de toujour s, 1970.

1 Sipa·lco no 2.

3.

4.

5 grav ures de Lo uis Dunki .

éd.

P cllcta n .

P a ris.

1897 / D .R .

V IG NY 03. »

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