SHYLOCK. Personnage de Shakespeare le Marchand de Venise

SHYLOCK. Personnage de la tragi-comédie

de Shakespeare le Marchand de Venise (v. 1596). Emouvant par sa complexité et provoquant la sympathie aussi bien que la réprobation, Shylock est l’incarnation typique du juif. Ce vivant portrait, d’une portée quasi sociologique, reflète à la fois les réalités du ghetto et la tradition hébraïque. Comme l’a observé Victor Hugo : « Shylock c’est la jui-verie et c’est aussi le judaïsme. » L’époque élisabéthaine éprouvait pour les juifs une aversion principalement fondée sur leur pratique de l’usure — considérée depuis le Moyen Age (cf. Dante, Enfer XI, 95 et suiv.) comme une chose contre nature bien qu’elle fût universellement pratiquée — et leur reprochait en outre d’avoir pour ancêtres les bourreaux du Sauveur. L’Eglise trouvait alors légitime de recourir à tous les moyens, y compris la force pour les convertir. Les Plantagenêts, qui avaient protégé la finance juive, furent contraints par le ressentiment populaire d’interdire aux juifs de séjourner en Angleterre (décret d’Edouard Ier), et cette interdiction ne prit fin qu’à l’avènement de Cromwell.