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Stéphane MALLARMÉ : Vers de circonstance

Publié le 24/09/2012

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Il s'agit souvent de tracer un portrait en quelques touches, toujours d'associer du fortuit à de l'humain. La grâce de Mallarmé s'y multiplie : sa tendresse, sa malice, sa gaieté et sa mélancolie y prononcent de voluptueuses spirales. Mais en complexité comme en ironie, ces vers égalent les morceaux classés.

Avec une sorte de docilité et de charme d'acquiescement, les grands écrivains et les artistes de tous temps ont produit beaucoup d'ouvrages de "circonstance" (...). Accueillir les entremises du hasard et sourire aux propositions de la surprise plaît toujours à quelques-uns...

« Mallarmé mit à pro­ fit certaines circons­ tances pour glisser de courts poèmes dans son entourage.

L'occasion lui en était donnée sur de simples enveloppes ou sur des objets qu'il offrait et qu'il ornait de quelques vers.

Le livre Un esprit d'à-propos M allarmé s'attarda sur certaines circonstances où il écri­ vait quelques mots à des amis, pensant qu'un poème conviendrait à l'expression du message.

C'est ainsi que sur· des plis et des enveloppes, il inscrit l'adresse du destinataire sous la forme d'un quatrain ; de même pour des remercie­ ments, des vœux, des dédicaces de livres ou de photos por­ traits.

A Pâques, offrant traditionnellement des œufs décorés, Mallarmé écrit sur quatre œufs chacun des vers d'un quatrain; idem sur des fruits glacés offerts au nouvel an.

On connaît dans ses Poésies trois sonnets intitulés "Éventails" ; dans les Vers de circonstance, les quatrains sont écrits sur l'éventail lui-même.

Ainsi les dames s'éventaient avec un poème.

Sur des mouchoirs, autre ornement féminin, Mallarmé composait des compliments à ses amies.

Il tâchait d'ajouter un peu d'esprit et d'humour à ce qui, sans son métier de poète, ne serait pas sorti de la banalité.

Un art de vivre 1 1 faut se pencher sur la nature des vers de ce recueil.

Écrits occasionnellement, ils l'étaient sur des objets uniques et relativement éphémères.

Mallarmé voulait ainsi multiplier les liens entre l'activité du poète et l'existence commune.

Ses poèmes faisaient corps avec l'objet réel qui leur servait de support.

Ils venaient, par exemple, effleurer les lèvres des dames dans les plis de leur mouchoir.

Dans le cas particulier des ;1dresses versifiées, recueillies sous le titre Les Loisirs de la Poste, l'adresse était un poème et le poème une adresse.

En les publiant en partie dans une revue, Mallarmé écrivait : "Cette publication (est) tout à l'honneur de la Poste", car les lettres sont toujours parvenues à leurs destinataires.

Mais c'est aussi tout à l'honneur de Mallarmé car, remplissant leur rôle d'adresse auprès des postiers, ses vers trouvaient bel et bien leur application dans la vie courante.

Si Mallarmé publia cer­ tains "vers de circonstance", c'était pour montrer, comme en exemple, une activité pratique du poète qui n'était pas coupée du monde de ses contemporains.

La poésie ressemblait pour lui à un art de vivre.. »

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