Devoir de Philosophie

VERLAINE: Fêtes galantes (Fiche de lecture)

Publié le 22/11/2010

Extrait du document

verlaine

«[...] masques et bergamasques

Jouant du luth et dansant et quasi

Tristes sous leurs déguisements fantasques.«

(«Clair de lune«)

«Oh! dis-moi vers quels

Mornes ou cruels

Désastres

L'implacable enfant, Preste et relevant

Ses jupes

La Rose au chapeau, Conduit son troupeau

De Dupes?«

(«Colombine«)

verlaine

« «piquant minois / Sous la charmille en tapinois, / Se glisse demi-nue...» («Fantoches»).

«Les Coquillages» célèbrent,en un blason presque licencieux, toutes les beautés de l'aimée.

Rien ne manque à cette évocation mutine et frivole :ni le petit négrillon en livrée rouge qui porte la traîne d'une belle indifférente, («Cortège»), ni l'éventail peint desujets érotiques («L'Allée»), ni les mouches assassines dessinées au coin d'un regard langoureux. Tout un XVIIIe siècle de fantaisie peuple cette galerie de tableaux et de scènes de genre.

Les sentiments restent«à fleur d'âme» («En patinant») et les coeurs se veulent «affranchis du serment» («À la promenade»).

L'inconstanceest la seule loi que connaissent «trompeurs exquis et coquettes charmantes».

La croisière nocturne pour laquelle ilsembarquent («En bateau») ne ressemble que de fort loin aux grâces éthérées de Watteau, et se rapprochedavantage des polissonneries de Boucher.

Mais sous ce libertinage affiché avec une élégante désinvolture, sous cesgalanteries faciles, la mélancolie est restée aussi vive que dans les Poèmes saturniens. 2.

UN «JEU DE DUPES» LA FIN DE LA FÊTE Les masques des Fêtes galantes, «tout en chantant sur le mode mineur / L'amour vainqueur et la vie opportune / [...] n'ont pas l'air de croire à leur bonheur», est-il dit dans le premier poème du recueil, «Clair de lune».

Si l'amourest un jeu, c'est un jeu cruel, un «jeu de dupes» («Les Ingénues»).

La tristesse qui baigne certains des groupespeints par Watteau ressurgit.

Les «mélancoliques pèlerins» du «Faune» évoquent ceux de L'Embarquement pour Cythère.

La divinité qu'ils sont venus honorer ricane, «présageant sans doute une suite / Mauvaise à ces instants sereins.» Ces être futiles et légers peuvent souffrir et faire souffrir.

«En patinant» esquisse le drame heureusementévité d'une passion authentique, quand les coeurs sont pris au piège d'une «surprise de l'amour», selon la formuleque le théâtre de Marivaux rendit célèbre.

Mieux vaut en rester au vertige des cinq sens «mais seuls, tout seuls,bien seuls et sans / Que la crise monte à la tête.» Ou frappe au cœur. Le mot qui scande le tournoiement de cette ivresse, «seuls», révèle l'amertume qui suit le plaisir.

Le désir une foisassouvi, il ne reste qu'«un avenir solitaire et fatal» («L'Amour par terre»).

Les couples fantasques des Fêtes galantes s'acheminent vers le «silence profond» d' «En sourdine» et «le vieux parc solitaire et glacé» du «Colloque sentimental».

La nuit qui s'annonce n'est plus celle où «l'étoile du berger tremblote» («En bateau»), et oùretentissent les mandolines des «donneurs de sérénadee» («Mandoline»).

Deux spectres ont pris la place dessoubrettes effrontées et des joueurs de luth.

Ces deux derniers poèmes, où s'engloutit le tourbillon coloré de la fête,illustrent la sévère maxime du «tout est vanité». L'ART DE LA DISSONANCE Mais la fêlure était perceptible dans la facture même de la plupart des poèmes qui précèdent «En sourdine» et«Colloque sentimental».

Le souci de briser le rythme des vers à l'intérieur de cadres encore assez traditionnels(l'impair n'apparaît que dans trois pièces sur vingt-deux) témoigne de la volonté de Verlaine de mettre en évidence la dissonance latente dans leconcert des luths et des mandolines.

Ainsi l'enjambement (que nous soulignons ici par des italiques) est largementpratiqué, de vers à vers : «[...] masques et bergamasques Jouant du luth et dansant et quasi Tristes sous leurs déguisements fantasques.» («Clair de lune») «Oh! dis-moi vers quels Mornes ou cruels Désastres L'implacable enfant, Preste et relevant Ses jupes La Rose au chapeau, Conduit son troupeau De Dupes?» («Colombine») On trouve également ce procédé de strophe à strophe : «[...] et comme la chose est Immensément excessive et farouche, On est puni par un regard très sec [...]». »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles