Victor HUGO: Ruy Blas (Résumé & Analyse)

« L'épopée humaine prit la forme du roman avec Les Misérables en 1862, puis Les Travailleurs de la mer (1866), ou encore Quatre-vingt-treize (1874).

Il mourut en 1885 et la République lui fit des obsèques nationales. II/ Présentation de l'oeuvre Drame en cinq actes, en vers, de Victor Hugo, Ruy Blas est publié en 1838.

L'action se passe à la cour d'Espagne, au début du XVIII eme siècle : grand seigneur frappé de disgrâce, don Salluste veut tirer vengeance de la reine, Marie de Neubourg.

Comme il n'a pu décider son cousin don César de Bazan à servir ses ténébreux desseins,il va engager Ruy Blas, son valet, dans cette entreprise infâme.

Mais Ruy Blas tombe amoureux de la reine ...

VictorHugo tisse ainsi un drame à la fois romantique et social, où les apparences sont effectivement trompeuses ! III/ Étude d'un thème : la passion Cette oeuvre de Victor Hugo, composée de 2252 vers, se construit autour de la vengeance de don Salluste envers la reine, mais surtout autour de l'amour entre la reine, doña Maria de Neubourg, et Ruy Blas, le laquais dedon Salluste.

Ce drame illustre bien le thème de la passion, ici sans limite car franchissant les barrières sociales :« Reine pour tous, pour vous je ne suis qu'une femme / Par l'amour, par le coeur, duc, je vous appartiens.

» (acteIII, scène 3, vers 1270 et 1271).

Deux points importants méritent une étude plus poussée, car ils sont nouveauxpour des pièces de théâtre : l'amour en retour, de la reine pour Ruy Blas; et Ruy Blas en tant que symbolechristique. C'est en effet en ce sens que la pièce d'Hugo est assez avant-gardiste, puisque ici, la reine aime son amant laquais : dans les pièces dites « classiques » des siècles précédents, comme dans Phèdre de Racine, la tragédie venait d'un amour malheureux et inassouvi, alors qu'ici ce n'est pas le cas.

C'est une passion partagée qui est icimise en scène : elle nous est dévoilée au coeur de la pièce, à la scène 3 de l'acte III (« Je suis un malheureux quivous aime d'amour.

/Hélas ! je pense à vous comme l'aveugle au jour (...) don César, je vous donne mon âme.

» De plus, la figure de Ruy Blas est souvent associée à celle du Christ : la reine est sans nouvelle de cet amant - encore inconnu pour elle à cet instant - pendant 3 jours, c'est-à-dire le même laps de temps que celui de larésurrection; mais c'est surtout lors de la dernière scène de l'oeuvre que le symbole du Christ est le plus mis envaleur : la fin en « pietà », avec Ruy Blas presque allongé sur les genoux de la reine qui le tient dans ses bras, nousrappelle la superbe sculpture de Michel-Ange à la cathédrale Saint Pierre de Rome. Ainsi, ce drame est original par cet amour partagé et non pas à sens unique comme on a pu le voir dans les Lettres de la religieuse portugaise (Guilleragues).

Le choix de cette fin en pietà est lui aussi intéressant : par exemple, dans le film de Jacques Weber, tiré de l'oeuvre d'Hugo, le réalisateur n'a pas respecté cette fin, car RuyBlas s'écroule, seul, sous les yeux d'une reine impassible. IV/ Critique « L'homme, mon cher ami, n'est que de la fumée / Noire, et qui sort du feu des passions.

Voilà.

» Magistralement décrite par Hugo, la passion dans Ruy Blas donne à voir, avec de nombreuses hypotyposes. »