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VOYAGE EN Orient, par Gérard de Nerval

Publié le 23/05/2019

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VOYAGE EN Orient, relation romancée par Gérard de Nerval (1851), du voyage qu'il avait entrepris, en 1843, en Égypte, en Syrie et en Turquie. Nerval ne s'est pas contenté des seules impressions perçues directement au cours de son voyage ; son imagination a puisé à bien des sources diverses : lectures, récits recueillis, réminiscences personnelles, représentations visuelles (dessins, gravures). Au-delà du pittoresque à la mode (des Orientales de Hugo aux voyages d'artistes comme Delacroix), le Voyage en Orient devient une incarnation des rêves et des mythes personnels du poète, qui « se retrouve » dans l'architecte Adoniram, constructeur du temple de Salomon, et dans le calife Hakem, fondateur halluciné d'une religion nouvelle.

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)« Au-delà de cette mer, me disait Corinne, en se tournant vers l'Adriatique, il y a la Grèce...

Cette idée ne suffit-ellepas pour émouvoir? » — Et moi, plus heureux qu'elle, plus heureux que Winckelmann 1, qui la rêva toute sa vie, etque le moderne Anacréon 2, qui voudrait y mourir - j'allais la voir enfin, lumineuse, sortir des eaux avec le soleil ! Je l'ai vue ainsi, je l'ai vue : ma journée a commencé comme un chant d'Homère! C'était vraiment l'Aurore aux doigtsde rose qui m'ouvrait les portes de l'Orient1 Et ne parlons plus des aurores de nos pays, la déesse ne va pas si loin.Ce que nous autres barbares appelons l'aube ou le point du jour, n'est qu'un pâle reflet, terni par l'atmosphèreimpure de nos climats déshérités.

Voyez déjà, de cette ligne ardente qui s'élargit sur le cercle des eaux, partir desrayons roses épanouis en gerbe et ravivant l'azur de l'air qui plus haut reste sombre encore.

Ne dirait-on pas que lefront d'une déesse et ses bras étendus soulèvent peu à peu le voile des nuits étincelant d'étoiles ? Elle vient, elleapproche, elle glisse amoureusement sur les flots divins qui ont donné le jour à Cythérée 3...

Mais que dis-je?devant nous, là-bas, à l'horizon, cette côte vermeille, ces collines empourprées qui semblent des nuages, c'est l'îlemême de Vénus, c'est l'antique Cythère aux rochers de porphyre. Gérard de NERVAL, Voyage en Orient. 1.

Winckelmann : 1717-1768.

Savant allemand et archéologue.

Auteur d'une Histoire de l'Art chez les Anciens. 2.

Anacréon : (le moderne Anacréon).

Le chansonnier Béranger fut à la poésie contemporaine de Nerval ce queAnacréon fut à la poésie lyrique grecque du VIe siècle avant J.-C.

: le chantre des plaisirs du vin, de la table, del'amour. 3.

Cythérée : surnom de Vénus, la déesse de Cythère.

Cette île était le lieu symbolyque de l'amour. Faites le commentaire composé de cet extrait du Voyage en Orient (1851) de Gérard de Nerval.

Vous pourrez, parexemple, étudier comment se fait dans le texte la fusion des éléments du rêve et de la réalité, du paysage réel etdu monde mythologique. CORRIGÉ Remarques préalables Texte court, lyrique (alexandrins blancs, interrogations, répétitions et reprises incantatoires) qui cherche à évoquer,au sens magique, plus qu'à décrire. Commentaire composé : plan I..La Réalité : discrète, à peine esquissée (côte, collines, rochers à l'horizon), tout de suite embellie et sublimée parune imagination de poète humaniste (cf.

Ronsard et Chénier).

II.

L'Imagination : à) le paysage est vu à travers une culture (référence à Homère, érudition mythologique), b) le paysage est traité comme un tableau allégorique : nuances, contrastes, formes, c) le voyage dans l'espace se double d'un voyage dans le temps : ce que voit Nerval, ce n'est pas la moderneCérigo, mais l'antique Cythère, l'île de Vénus et de la pourpre.

Le reste de l'Europe se retrouve plongé dans labarbarie, comme au temps d'Homère (il est vrai qu'elle enfante encore un Anacréon : survie de l'hellénisme), d) le lever du jour est aussi un lever de rideau symbolique, une renaissance (vie, amour, beauté : monopole de laGrèce.

L'Europe dans son ensemble, comme dans le 1er sujet de Besançon, apparaît sous un jour funèbre). Conclusion : Comme Renan, dans sa célèbre Prière sur l'Acropole, Nerval exalte l'hellénisme et rejette le mondemoderne.

Nous assistons à la rencontre du mythe livresque et de la réalité, à la superposition d'une culture classiquesur un paysage peut-être quelconque.

Enthousiasme du pèlerin.

Paradoxalement, Baudelaire s'inspirera de ce textepour écrire un poème macabre : Un Voyage à Cythère.. »

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