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Zadig ou la destinée

Publié le 10/04/2013

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Voltaire, tombé en disgrâce, s'est retiré à Sceaux chez la duchesse du Maine pour écrire Zadig, dont la première version paraîtra en 1747. Là, il fréquente un monde qui se plaît à être superficiel et à plaire en badinant. «

« Pour la première foi~ dans l' œuvre de Voltaire apparaît ùn personnage en quête du bonheur qui s.'interroge sur le pourquoi de son existence.

Le pessimisme va s'accentuant dans Zadig, mais il n'a pas encore l'amertume des contes qui suivront.

EXTRAITS Zadig montre à des convives de croyances différentes qu'en réalité ils sont tous du même avis La querelles' échauffa pour lors, et Sétoc vit le moment où la table allait être ensanglan­ tée.

Zadig, qui avait gardé le silence pen­ dant toute la dispute, se leva enfin( ..

.) "Mes amis, vous alliez vous quereller pour rien, car vous êtes tous du même avis." A ce mot, ils se récrièrent tous.

"N'est-il pas vrai, dit­ il au Celte, que vous n'adorez pas ce gui, mais celui qui a fait le gui et le chêne ? - Assurément, répondit le Celte.

- Et vous, monsieur l' Égyptien, vous révérez apparem­ ment dans un certain bœuf celui qui vous a donné les bœufs ? - Oui , répondit l' Égyp­ tien.

-Le poisson Oannès, continua-t-il, doit céder à celui qui a fait la mer et les pois­ sons.

-D'accord, dit le Chaldéen .

- L' In­ dien, ajouta-t-il, et le Cathayen, reconnais­ sent comme vous un premier principe ; je n'ai pas trop bien compris les choses admi­ rables que le Grec a dites, mais je suis sûr qu'il admet aussi un Etre supérieur, de qui la forme et la matière dépendent." Le Grec, qu'on admirait, dit que Zadig avait très bien pris sa pensée.

"Vous êtes donc tous de même avis, répliqua Zadig, et il n'y a pas là de quoi se quereller." L'ange Jesrad éclaire Zadig sur le problème du mal et de la destinée Mais quoi! dit Zadig, il est donc nécessaire qu'il y ait des crimes et des malheurs ? et les malheurs tombent sur les gens de bien ! -Les méchants, répondit Jesrad, sont tou­ jours malheureux : ils servent à éprouver un petit nombre de justes répandus sur la terre, et il n'y a point de mal dont il ne naisse un bien.

-Mais, dit Zadig , s'il n'y avait que du bien, et point de mal ? - Alors, reprit Jes­ rad, cette terre serait une autre terre, l'en­ chaînement des événements serait un autre ordre de sagesse ; et cet autre ordre, qui se- rait parfait, ne peut être que dans la demeure éternelle del' Etre suprême, de qui le mal ne peut approcher.

Il a créé des millions de mondes dont aucun ne peut ressembler à l'autre.

Cette im­ mense variété est un attribut de sa puissance im­ mense.

Il n'y a ni deux feuilles d'arbre sur la terre , ni deux globes dans les champs infinis du ciel, qui soient semblables, et tout ce que tu vois sur le petit atome où tu es né devait être dans sa place et dans son temps fixe , selon les ordres immuables de celui qui em­ brasse tout.

Les hommes pensent que cet enfant qui vient de périr est tombé dans l'eau par hasard, que c'est par ce même hasard que cette maison est brûlée ; mais il n'y a point de hasard : tout est épreuve, ou punition, ou récompense, ou prévoyance .

Souviens-toi de ce pêcheur qui se croyait le plus malheureux de tous les hommes.

Orosmade t'a envoyé pour chan­ ger sa destinée.

" « Alors elle laissa voir le sein le plus charmant que la nature n'eut jamais formé.

» NOTES DE L'ÉDITEUR Pour ses contes, uniques, Voltaire s'est inspiré de quatre genres littéraires : les histoires tragiques du siècle précédent, le roman d'apprentissage, les contes orientaux et le roman comique.

Mais il n'a jamais livré de définition du conte.

Zadig est une "histoire orientale".

On peut dire que le conte voltairien use de la fiction pour poser une interrogation ironique sur le monde.

Du point de vue philosophique, on retrouve dans Zadig les théories de Clarke et Pope sur la part de liberté intrinsèque à tout homme placé dans l'univers.

On peut aussi y voir une transposition des discussions sur le libre arbitre qui opposaient Voltaire et Frédéric II.

Ce dernier soutenait le déterminisme de Leibniz.

tragique de la condition de l'homme, du moins l'absurdité du monde et la vanité des projets humains.

Zadig est l'histoire d'un homme qui possède tout pour être heureux Phot os (a) Roger-Vio llet; {b, c,) Sipa-Icono , grav ures de Charles Monnet «L'une des principales fonctions du conte voltairien est de mettre en scène sinon le ( ...

).S'il manque malgré tout le bonheur, c'est que tous ses mérites et ses avantages ne le dispensent pas d'être la victime des autres.

» -R.

Mauzi, L' Idée de bonheur dans la pensée et la littérature françaises au XVIIIe siècle, 1960.

VOLTAIRE02. »

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