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ZAZIE DANS LE MÉTRO. Roman de Raymond Queneau (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 08/11/2018

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ZAZIE DANS LE MÉTRO. Roman de Raymond Queneau (1903-1976), publié à Paris chez Gallimard en 1959.

 

Malgré les quatorze romans et les quatre recueils poétiques qu'il a déjà écrits, malgré sa participation à de nombreux jurys, Raymond Queneau est encore peu connu du grand public lorsque paraît Zazie dans le métro. Mais le succès immédiat et considérable que remporte le roman (prix de l'Humour noir, adaptation théâtrale d'Olivier Hussenot en 1959, puis cinématographique de Louis Malle en 1960), tout en révélant son auteur à un public très divers, contribuera aussi à fonder la légende de \"Queneau le rigolo\". Bref, le \"père de Zazie\" devient immédiatement et durablement un écrivain célèbre et... méconnu, car si la dimension comique de Zazie, sa gaieté désabusée, ses mots \"hénaurmes\", son humour tendre et son aspect provocateur, sont indéniables, il ne faudrait pas pour autant perdre de vue que cette déclinaison euphorique du roman populaire, ou, pourquoi pas, du \"roman parisien\", est aussi, sinon d'abord, un face-à-face tendu avec une rhétorique, une entreprise de dérèglement systématique des formes éculées du réalisme, sinon du discours. D'ailleurs Queneau, par l'entremise de Gabriel, l'oncle de Zazie, avait prévenu le lecteur : \"N'oubliez pas l'art tout de même. Y a pas que la rigolade, y a aussi l'art.\"

 

Débarquant gare d'Austerlitz, Zazie, que sa mère tout occupée par un « jules » a confiée pour deux jours à son frère Gabriel, n'a qu'une idée en tête : voir le métro. Comme il est en grève, c'est à pied ou dans le taxi minable de Charles, un ami de l'oncle Gabriel, que Zazie découvre Paris. Itinéraire d'ailleurs imprécis puis que les deux compères sont incapables de s'accorder sur le nom des monuments. De toute manière, chacune des propositions touristiques de tonton Gabriel est accueillie par un péremp toire et vibrant « mon cul » zazique. Gamine délurée, Zazie a tôt fait de bousculer les petites habitudes de Gabriel, qui le soir est danseuse comique dans une boîte pour« honmosessuels ». mais aussi celles de ses amis : Gridoux le cordon nier, Turandot le bistrot flanqué de son perro quet Laverdure qui va répétant à toute occasion : «Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire », et Mado Ptits pieds, la serveuse amou reuse de Charles le taxi. Au gré de ses pérégrinations dans « l'urbe inclite », Zazie aura également l'occasion non seulement de faire preuve de ses talents de dialecticienne sauvage, de monter à la tour Eiffel, mais aussi de rencontrer un (faux) satyre qui lui paiera des « bloudjinnzes », la vieille Mouaque, une veuve au regard « thenmogène » en ma! d'amour, un groupe de touristes qui « gui-denappe » Gabriel, et encore d'assister, épatée quand même, aux exploits glossolaliques puis chorégraphiques de son oncle,enfin de participer à une bagarre dans un bistrot, interrompue par le diabolique Trouscaillon, alias Pédrosurplus, alias Bertin Poirée, alias Aroun Arachide. Quant à la douce Marceline, la tendre épouse de Gabriel, on apprendra incidemment qu'elle s'appelle Marcel. ..

Finalement Zazie n'aura pas vu le métro mais, comme elle le dira à sa mère venue la récupérer gare d'Austerlitz : «j'ai vieilli. »

 

Si certains romans de Queneau ont pu apparaître déconcertants du fait de leur structure complexe, tels le Chiendent (1933) ou les *Fleurs bleues (1965), en revanche, le succès de Zazie dans le métro s'explique en partie par l'économie réaliste du récit, classiquement ordonné selon les modalités reconnues : une temporalité circonscrite (la grève du métro, les deux journées accordées à Zazie du fait des frasques de sa mère), un espace surdéterminé (le Paris à la fois touristique et populaire), un point de vue narratif sans surprise (\"focalisation zéro\"), une distribution des rôles narratifs en héros (Zazie, Gabriel, Trouscaillon), personnages secondaires (Charles, Turandot, Marceline) et comparses (Laverdure, la veuve Mouaque, Boris). En somme, Zazie dans le métro a toutes les apparences d'un roman traditionnel, à mi-chemin du récit balzacien et du réalisme poétique des années trente, le comique en plus. De fait, le lecteur adhère d'autant plus aux aventures de Zazie qu'y est évident le plaisir de raconter, dans un registre familier, mais surtout de faire dire, avec quelle verve : ainsi la part dévolue aux dialogues, sur fond de \"néofrançais\" (par combinaisons antithétiques de poussées lyriques et de reflux argotiques), mais aussi de calembours (Zazie ne se reconnaît qu'une autorité, le général Vermot) et de calembredaines (les échanges farfelus entre Gabriel et Charles), est de loin plus importante que celle accordée au récit. Quant aux \"effets de réel\", ils sont significativement assurés par la saturation des odeurs (elles surgissent d'emblée avec la célèbre formule d'ouverture \"Douki-pudonktan\"). 

« tendre et son aspect provocateur, sont indéniables, il ne faudrait pas pour autant perdre de vue que cette décli­ naison euphorique du roman popu­ laire, ou, pourquoi pas, du >, est aussi, sinon d'abord, un face-à-face tendu avec une rhétorique, une entreprise de dérèglement systé­ matique des formes éculées du réa­ lisme, sinon du discours .

D' ailleurs Queneau, par l'entremise de Gabriel, l'oncle de Zazie, avait prévenu le lec­ teur :. »

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