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FLEURS bleues (les) de Raymond Queneau (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 24/10/2018

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Du donjon de son château, le duc d’Auge contemple la situation historique : en cette année 1264, elle est plutôt floue. Mélancolique, il décide donc de voyager hors de son pays où la boue est faite de fleurs bleues. Rencontrant saint Louis lors d’un séjour à Paris, il refuse de participer à une croisade et s’apprête à subir l’assaut des troupes royales. En attendant, il discute avec son chapelain du langage des animaux, de l'Histoire universelle et des rêves ; or le duc rêve de péniche et de sieste. Du pont de sa péniche amarrée près d'un camping, où il se livre à son activité essentielle, la sieste, Cidrolin rêve. Outre l’absorption d’essence de fenouil, sa seule occupation consiste à repeindre sa clôture souillée par des graffitis injurieux. On retrouve le duc cent soixante-quinze ans plus tard, en 1439. Auge s’entretient, avec son chapelain, de son ami Gilles de Rais dont il se prépare à aller demander au roi la grâce. Il achète aussi des canons, participe à une conspiration contre le souverain, va à la chasse et trouve refuge dans une chaumière où il joue toute la nuit avec la fille d’un bûcheron. Après le mariage de sa fille Lamélie, Cidrolin, qui n’a plus personne pour tenir la péniche, trouve en Lalix sa nouvelle gouvernante, fille de bûcheron, une oreille peu complaisante pour écouter le récit de ses rêves : elle trouve mal élevé qu’on les raconte. En 1614, Auge s’intéresse à l’alchimie : faute de découvrir la pierre philosophale, son alchimiste Timoleo Timolei met au point l’essence de fenouil, une boisson apéritive. En 1789, Sthène, le cheval du duc qui est doué de parole, prophétise la Révolution, mais Auge ne se préoccupe que de la date de la création du monde et s’en va dans le Périgord sur les traces des préadamites. Après avoir visité quelques grottes et discuté de la qualité des peintures rupestres, le duc, apprenant la prise de la Bastille, s’enfuit en Espagne où il est reçu par le comte Altaviva. Ayant contracté la fièvre après avoir passé la nuit à guetter vainement le graffitomane, Cidrolin est soigné par Lalix et reçoit la visite de sa fille Lamélie qui rentre du Périgord. 1964 : Cidrolin, guéri, repeint sa clôture lorsqu'il est interpellé par Auge et ses amis venus visiter Paris et qui recherchent un camping. Celui-ci étant fermé, tout le monde s’installe pour la nuit sur la péniche. Le lendemain, pendant que les invités sont en ville, Cidrolin fait la sieste ; elle est sans rêve. Le duc qui s’est proposé de pourchasser le graffitomane capture l’ex-gardien du camping, Labal, qui, pour se disculper, prétend que Cidrolin est en fait le véritable responsable des inscrip-

FLEURS bleues (les). Roman de Raymond Queneau (1903-1976), publié à Paris chez Gallimard en 1965.

 

Si le principe des rimes à l'intérieur d'un roman est au cœur de l'esthétique créative de Queneau, il en va de même d'un roman à l'autre, comme si, depuis le Chiendent (1933), l'écrivain n'en avait jamais fini d'enchaîner les figures du dédoublement. Les Fleurs bleues n'échappent pas à cette règle : les formes de la duplicité étaient déjà nombreuses dans Zazie dans le métro, elles le sont davantage dans ce pénultième roman. Multipliant d'ailleurs les indices du dédoublement, Queneau a pris soin, dès le Prière d'insérer, d'en signaler le mécanisme, abandonnant au lecteur le plaisir d'en tenter l'impossible (?) démontage : « On connaît le célèbre apologue chinois : Tchouang-tseu rêve qu'il est un papillon, mais n'est-ce point le papillon qui rêve qu'il est Tchouang-tseu ? De même dans ce roman, est-ce le duc d'Auge qui rêve qu'il est Cidrolin ou Cidrolin qui rêve qu'il est le duc d'Auge ? » Racontant donc deux histoires entrelacées mettant en scène deux personnages qui n'en forment peut-être qu'un, les Fleurs bleues présentent sous une apparence burlesque (rien n'empêche d'en faire une lecture simplement facétieuse), la même volonté de construire une architecture raisonnée, fondée sur l'alternance et la symétrie, sauf que, là où dans certains romans antérieurs elle était effacée, la procédure est rendue ici à la fois manifeste et proliférante, contaminant aussi bien la structure d'ensemble que la thématique ; de sorte que les fleurs dont il est question dans le titre sont sans doute autant celles de la rhétorique que celles du cœur. Elles forment en tout cas un bouquet savant, les Fleurs bleues mettant en question aussi bien l'écriture, le rêve, la science et surtout l'Histoire, puisque lorsqu'il publiera Une histoire modèle (1966), réflexion théorique sur les cycles historiques, Queneau en parlera comme d'un « supplément d'information » à verser au dossier des Fleurs bleues.

« d'un roman à l'autre, comme si, depuis le Chiendent (1933), l'écrivain n'en avait jamais fini d'enchaîner les figures du dédoublement.

Les Fleurs bleues n'échappent pas à cette règle : les for­ mes de la duplicité étaient déjà nom­ breuses dans *Zazie dans le métro, elles le sont davantage dans ce pénultième roman.

Multipliant d'ailleurs les indi­ ces du dédoublement, Queneau a pris soin, dès le Prière d'insérer, d'en signa­ ler le mécanisme, abandonnant au lec­ teur le plaisir d'en tenter l'impossible (?) démontage :. »

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