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Le Classicisme: résumé et analyse

Publié le 17/01/2022

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Les écrivains du XVIIe siècle n'ont jamais utilisé les termes de "classique" ou de "Classicisme" pour désigner la singularité de leur démarche artistique. L'adjectif, puis le substantif, viennent du XIX siècle et des Romantiques qui utilisent ces mots pour créer, avec leur propre art, une opposition contrastée. C'est que les Classiques prêtent peu d'intérêt à ce qui retient toute l'attention des premiers Romantiques, l'analyse du "moi". Pour un contemporain de Molière, le récit des états d'âme d'un individu ne peut guère trouver grâce aux yeux d'un vaste public. Comment le particulier peut-il séduire en général ? La question est d'importance puisque les Classiques ont pour souci premier de plaire au public. L'art transfigure la réalité en la rendant séduisante. "Il n'est point de serpent, ni de monstre odieux qui, par l'art imité, ne puisse plaire aux yeux écrit Boileau dans l'Art poétique. Les écrivains du siècle de Louis KW vont donc rester fidèles aux "vieilles recettes", c'est-à-dire à l'imitation des Anciens et de la Nature : "Jamais de la Nature il ne faut s'écarter" recommande toujours Boileau. Les Classiques, contrairement aux Baroques, ne recherchent pas la surprise. Ils s'attachent d'abord à adapter au goût et à la sensibilité de leur temps les grandes oeuvres de l'Antiquité. Ainsi La Fontaine imite Esope et Phèdre, Molière, Plaute et Térence, Racine, Sophocle et Euripide, Boileau, Horace... Tout semble donc commencer par une "traduction" habile. Mais, en fait, la fidélité aux Anciens est très relative. La Fontaine affirme dans l'Epître à Huet : "Mon imitation n'est point un esclavage'. Les Classiques se définissent d'abord par une exigence formelle. L'affirmation de l'impersonnalité, le souci de l'équilibre, le choix d'une économie des moyens ("Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire.") reflètent cependant une vision originale du monde. Les sujets de Louis XIV vivent dans une France qui semble stable, bien "ordonnée" : le Roi vient même de mettre officiellement fin au "désordre" suscité par l'édit de Nantes. De fait, l'esthétique classique, par son souci de régler précisément la production artistique, renvoie l'image de la "mise-au-pas" politique du pays.

« LE CLASSICISME LA dilection si particulière accordée par la France, et surtout par la France du xxe siècle, à sa littérature classique, l'originalité déroutante de ce classicisme, presque aussi différent de l'antiquité gréco-latine que des classicismes fort approximatifs d'autres littératures modernes, sont pour beaucoup d'observateurs étrangers une source de constant étonnement.

Le classicisme français du xvne siècle constitue en effet un phénomène fort singulier.

A un moment où les splendeurs littéraires de l'Italie et de l'Espagne connaissaient, après la Renaissance et le Siglo de Oro, un rapide déclin; où l'Allemagne, dévastée par la guerre de Trente ans, ne comptait guère en Europe; où l'Angleterre, en proie aux guerres civiles, traversait la période la plus troublée de son histoire et produisait une littérature de pensée politique, de satire, de comédie fort libre et de lyrisme individualiste, la France de Richelieu et de Louis XIV tentait, seule, d' endi­ guer le flot désordonné de la Renaissance qui avait emporté l'ordre unitaire du moyen âge.

Elle était lasse de ses dissensions religieuses, de ses nobles jaloux du pouvoir royal, de sa Fronde.

Elle voulut substituer quelque clarté à la confusion de l'âge précédent, dompter ce que l'on a depuis lors appelé son romantisme latent, ramener les êtres et les choses à leurs éléments intelligibles.

C'est vers I 66o que l'on s'accorde à voir le vrai triomphe des valeurs dites classiques.

Vers I 68 5, plusieurs signes indiquent que cet équilibre éphémère que fut le classicisme était déjà ébranlé.

Les guerres malheureuses au-dehors, la funeste Révocation de l'Edit de Nantes, les hardiesses croissantes des libertins et des dissidents ont mis fin à l'harmonieuse synthèse classique.

Le moment classique fut donc bref : un quart de siècle environ.

Encore est-il traversé de courants secondaires contraires.

Mais dès le début du xvne siècle Malherbe, Descartes, Corneille, Chapelain et d'autres théoriciens, les précieux eux-mêmes par leur esprit social et mondain, leur ingéniosité à sonder les replis du cœur féminin, avaient préparé le classicisme.

Descartes, J.-L.

Guez de Balzac, Chapelain, Vaugelas, Voiture, Poussin, François Mansart et Claude Lorrain naquirent un peu avant I 6oo.

D'Aubignac, Corneille, Méré, Rotrou, Scarron, puis, coup sur coup, La Rochifou­ cauld, Retz, Saint-Evremond, Le Nôtre apparurent aux alentours de r6ro.

Une riche génération, née vers 1620 environ, va donner Le Brun, Cyrano, Furetière, La Fontaine, Molière, Pierre Puget, Pascal, un peu plus tard Mme de Sévigné, Bossuet, Nicole.

Plus tard encore, entre 1630 et 1639, naîtront les classiques les plus authentiques, sinon les plus innovateurs, et les seuls que l'on peut considérer comme devant à Louis XIV une partie de leur succès : Boileau et Racine surtout, et Bour­ daloue, Fléchier, Pradon, Lulli, Mme de La Fayette, Quinault, Malebranche.

Après 1640, leurs cadets apparaîtront, qui cesseront d'être en sympathie avec le contenu de pensée et de sentiment, et. »

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