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Grand oral du bac : Les greffes d'organes, ou transplantations (Histoire de la médecine)

Publié le 16/11/2018

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UN MODÈLE

POUR LA RECHERCHE

 

Parce qu'elles déclenchent presque toujours des réactions de rejet, les greffes impliquent un traitement lourd, qui bloque dangereusement les mécanismes de défense de l’hôte contre les maladies infectieuses.

Pourtant, il est un cas naturel dans lequel le système immunitaire de l'hôte demeure pleinement efficace sans toutefois rejeter le « greffon », en dépit d'échanges sanguins importants : la grossesse. Les caractéristiques de l'embryon sont différentes de celles de la mère (la moitié de ses gènes viennent du père et, dans le cas d'une mère porteuse, il peut être complètement étranger). Les mécanismes de cette tolérance nous échappent encore, mais la perspective de sa compréhension laisse envisager une nouvelle génération de traitements qui devraient changer la vie des greffés et celle des patients en attente de greffe.

GREFFE ET COMPATIBILITÉ

Aujourd'hui, l'un des inconvénients majeurs des greffes est lié aux problèmes de compatibilité entre l'organe à greffer, ou greffon, et le receveur. Dans la plupart des cas, en effet, le greffon possède des caractéristiques génétiques (qui s'expriment principalement par le système HLA) différentes de celles du receveur. Le système immunitaire de ce dernier réagit, comme il le fait face à tout corps étranger, et tente de détruire le greffon. Ainsi, le rejet d'une greffe est l'expression d'une réaction de défense naturelle.

 

Les causes génériques

 

Le système HLA (de l'anglais human leucocyte antigens) est constitué d'un groupe de gènes contrôlant la fabrication par le corps de protéines appelées antigènes. Ces antigènes, situés à la surface de nos cellules, constituent notre « marque d'identité ». Ils sont différents d'une personne à l'autre et permettent à notre organisme de faire la différence entre une cellule qui nous appartient et un élément étranger (virus, bactérie, parasite, substance toxique...).

Les vrais jumeaux, qui ont hérité des mêmes gènes, disposent d'un système HLA identique. Leurs marqueurs génétiques sont donc les mêmes. Cette similitude explique pourquoi les greffes entre jumeaux réussissent : le greffon n'est pas considéré comme un corps étranger.

En théorie, le nombre de gènes du système HLA et leurs différentes variantes étant limité, il est possible que deux individus n'appartenant pas à la même famille disposent d'antigènes semblables. En réalité, cette probabilité est extrêmement faible (moins d'une chance sur 40 000 si l'on considère les principaux gènes HLA et sur 180 000 si l'on tient compte d'autres gènes).

Les Gènes HLA

Chez l'homme, le complexe HLA est situé sur le bras court du chromosome 6 et comporte une douzaine de gènes, chacun d'eux ayant entre 5 et 40 variantes possibles appelées allèles.

Ce complexe génétique est divisé en régions ayant chacune un rôle particulier. Les régions A et B, par exemple, synthétisent des antigènes reconnus par les lymphocytes T (ici un lymphocyte au milieu de globules rouges), tandis qu'une autre zone synthétise les protéines du « complément », un dispositif enzymatique permettant la destruction des cellules étrangères. La régulation et l'efficacité du système immunitaire sont particulièrement complexes et sont très étroitement associées à la composition génétique du système HLA.

Ainsi, certaines combinaisons de gènes HLA favorisent la lutte contre certaines maladies, mais d'autres, au contraire, semblent favoriser leur apparition. C'est ainsi que la spondylarthrite ankylosante (rhumatisme inflammatoire chronique), le psoriasis (maladie de peau inflammatoire et chronique), la sclérose de la colonne lombaire ou le diabète insulinodépendant seraient induits par des variantes du système HLA.

Greffes et système HLA

 

Le système HLA, encore appelé complexe majeur d'histocompatibilité (CMH), joue un rôle essentiel dans l’acceptation ou le rejet d'un greffon. Même dans une homogreffe (greffe entre individus de même espèce) l'organe transplanté porte des antigènes différents de ceux des cellules de l'organisme receveur. Les défenses immunitaires n'auront donc de cesse de l'éliminer.

Ce problème est encore plus aigu dans le cas d'une hétérogreffe (greffe entre deux espèces différentes) car les gènes présentent encore plus de différences.

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« (insuffisance rénale, stimulation de la pousse des poils, gonflement des gencives, toxicité pour le fœtus ...

) et, de manière incontournable, elle favorise l'apparition de certaines pathologies en diminuant les défenses immunitaires.

La prise de tous ces médicaments est contraignante.

Elle doit s'accompagner d'une bonne hygiène de vie, en particulier alimentaire (régime sans sel, repas équilibrés ...

), mais aussi d'une prévention des infections (toilette rigoureuse, désinfection soigneuse des plaies, isolement du sujet greffé ...

).

LES TECHNIQUES DE CHEFFE Les techniques de greffe présentées ci­ dessous sont les plus pratiquées.

Elles concernent soit des tissus (peau, tissu osseux ...

) et des cellules (neurones, cellules du sang et de la moelle osseuse ...

)- ce sont des greffes proprement dites -, soit des organes­ ce sont des transplantations.

LES GREFFES DE UUULES ET DE n5SUS Il existe une forme de greffe très couramment pratiquée, bien maîtrisée (malgré les risques de contamination infectieuse), et qui présente beaucoup moins de problèmes de compatibilité : la transfusion sanguine.

En effet les cellules du sang.

comme toutes les cellules du corps, ont des marqueurs HLA de surface, mais la tolérance est beaucoup plus importante que lorsqu'il s'agit de greffes de tissus ou d'organes complets.

La peau Une greffe de peau est nécessaire en cas de brûlure profonde (3' degré) et quand la cicatrisation spontanée est impossible.

Si la zone nécrosée n'est pas trop étendue, le prélèvement pourra être effectué sur le patient lui­ même (autogreffe).

Des techniques particulières permettent de traiter le greffon de manière à ce qu'il recouvre 5 fois sa propre surface initiale.

Lorsque la zone à couvrir est très étendue, le recours à des greffons étrangers (allogreffe) devient indispensable.

Ils peuvent provenir soit d'un donneur (dont la peau est conservée congelée), soit d'une culture de tissus en laboratoire, à partir des cellules d'un donneur.

Parfois, autogreffe et allogreffe sont effectuées conjointement.

La cornée Ce tissu transparent situé à l'avant de l'œil est susceptible de s'opacifier et de conduire à une cécité.

Pour améliorer la vue, une cornée provenant d'un donneur décédé peut être greffée.

l'opération est bien maîtrisée (près de 90 % des greffons restent transparents 5 ans après la greffe).

Les de cornée être conservés pendant un mois dans une solution nutritive : un délai mis à profit pour trouver le receveur le mieux adapté.

Toutefois, le nombre des receveurs potentiels excède largement celui des cornées disponibles.

Les os La greffe osseuse reste une solution indispensable car les matériaux synthétiques destinés à remplacer l'os (le corail, par exemple) présentent une solidité 10 fois moindre.

Elle peut être nécessaire à la suite d'un cancer ou de toute autre maladie susceptible de provoquer une grave atteinte de l'os.

A la différence des autres opérations de transplantations, la greffe osseuse ne déclenche pas ou peu de phénomène de rejet.

Cela est lié à la nature du greffon osseux : les cellules du donneur ont été détruites par congélation et c'est une structure minérale inerte qui est greffée.

Il s'agit de la moelle rouge des os, au sein de laquelle se forment les cellules du sang.

Sa greffe concerne les malades atteints de pathologies du sang.

principalement des leucémies.

On prélève des cellules de moelle osseuse sur un donneur sain, généralement au niveau d'un os plat qui sont ensuite transplantées au receveur malade.

La technique est ici relativement simple puisque les quelques centimètres cubes du « greffon » sont simplement injectés au patient par voie veineuse.

On explore les possibilités de substitution de la greffe de moelle par l'utilisation de cellules présentes dans le cordon ombilical des nouveau-nés.

Du fait de l'immaturité de ces cellules, les risques d'incompatibilité sont moins importants.

Les neurones Encore expérimentale, la technique de greffe de neurones est porteuse de grands espoirs pour nombre de malades, car le cerveau ne peut se régénérer seul.

Des greffes de neurones fœtaux sont pratiquées pour tenter de guérir, sinon de soulager, des personnes atteintes de maladies neurologiques dégénératives.

Les premières ont été pratiquées à la fin des années 1990, en Suède et aux États-Unis, sur des personnes souffrant de la maladie de Parkinson (qui se traduit par des lésions cérébrales graves et irréversibles).

Les chirurgiens ont introduit des cellules nerveuses fœtales dans la partie endommagée du cerveau.

Les succès sont encore mitigés.

Toutefois, dans la plupart des cas, l'état du malade a été amélioré.

Des patients atteints de la chorée de Huntington (maladie dégénérative héréditaire du système nerveux qui entraîne une démence) ont également pu bénéficier d'un traitement comparable.

Là encore des améliorations ont été constatées.

LES TRANSPLANT ATIONS D'ORGANES Le rein La greffe de rein est à la fois la plus simple et celle qui connaît le taux de réussite le plus important.

En outre, il n'est pas nécessaire de greffer deux reins pour retrouver une fonction normale.

En fait, l'organe unique se développe pour assumer seul le travail d'épuration du sang.

Cette opération représente un espoir et un soulagement pour tous les patients soumis à des dit1/yses régulières extrêmement contraignantes.

Le rein est prélevé avec une partie des vaisseaux qui l'irrigue et une petite partie de l'uretère.

Il est ensuite placé dans la fosse iliaque droite (soit une position un peu plus basse que la normale) et les vaisseaux sont suturés.

La greffe ct1rdit1que est devenue relativement courante mais elle reste l'une des plus spectaculaires.

Elle nécessite une grande minutie et une bonne synchronisation entre l'équipe de prélèvement et celle de la greffe : les chirurgiens disposent de trois heures pour réaliser la transplantation.

Dans un premier temps, après ouverture du thorax du receveur, une circulation extra corporelle est mise en place.

Cette technique, pratiquée pour les opérations à cœur ouvert a permis la maîtrise de cette greffe.

Dans un second temps, le cœur du malade est enlevé en laissant en place une partie des oreillettes droite et gauche pour faciliter la mise en place du greffon.

Le nouveau cœur est ensuite inséré et suturé.

Après l'opération, le patient reste sous surveillance médicale pendant quelques années.

Le foie Cette greffe est aujourd'hui l'une des mieux maîtrisées.

Elle est envisagée chez les personnes dont le foie n'est plus capable de remplir ses fonctions, par exemple à la suite d'une grave cirrhose (60 %d es cas) ou d'un cancer (15 %).

l'espérance de vie du patient est l'une des meilleures (80 à 95% après un an et 70% au bout de 10 ans).

Le foie est capable de se régénérer, à la différence de la plupart des autres organes.

il n'est donc pas nécessaire de le greffer en totalité pour restaurer la fonction hépatique déficiente.

Il arrive assez régulièrement que le foie d'un donneur soit divisé en deux parties : la plus grosse est greffée chez un adulte et la plus petite chez un enfant Cette capacité de régénération rend également possible le prélèvement sur donneur vivant.

Le pancréas La greffe du pancréas est effectuée chez les personnes atteintes d'un diabète insulinodépendant de type 1.

ou diabète juvénile.

Le système immunitaire des personnes atteintes attaque les cellules du pancréas nécessaires à la production d'insuline et les détruit.

Ainsi, la greffe du pancréas permet d'éviter les dosages réguliers de sucre et les injections quotidiennes d'insuline.

Le plus souvent elle est associée à une greffe de rein (90 % des cas en France) car le diabète finit par entraîner une insuffisance rénale sévère.

Après des débuts difficiles, la greffe de pancréas connaît de plus en plus de succès (70,5% de survie à 1 an et 41,7% à 10 ans).

Dans la plupart des cas, la greffe a pour unique objectif de remplacer une fonction sécrétrice d'insuline, tâche normalement assurée par les ilots de Lt�nge rlltlns (groupes de cellules du pancréas dont la déficience cause le diabète insulinodépendant).

Une alternative possible à la transplantation totale de l'organe est donc de greffer des flots de Langerhans isolés.

Les poumons La greffe est nécessaire en cas de maladies graves des vaisseaux pulmonaires (hypertension artérielle pulmonaire, malformation congénitale ...

) ou d'atteinte du tissu pulmonaire (mucoviscidose, emphysème, fibrose ...

).

Trois transplantations sont possibles : greffe d'un seul poumon, des deux poumons ou du bloc cœur/poumons.

Malgré les progrès accomplis, cette greffe reste très délicate, avec un taux de succès à 5 ans qui ne dépasse guère 50 %.

Les greffes multiples Le succès grandissant des greffes d'un seul organe incite de plus en plus les chirurgiens à tenter dans une même opération la transplantation de plusieurs organes venant d'un même donneur.

Toutefois, en dehors des et rein-pancréas, qui connaissent de bonnes chances de réussite, les autres demeurent largement expérimentales.

Autres organes La greffe d'Intestin a pu être pratiquée lorsque l'alimentation par voie intraveineuse n'était plus possible.

Dans la plupart des cas, elle a dû être associée à une greffe de foie.

Une greffe de la trachée et du larynx a été pratiquée en 1998 aux États-Unis sur un accidenté de la route.

En 2002, une greffe d'utérus a été pratiquée par des médecins saoudiens, mais l'utérus greffé a du être retiré (une artère l'irriguant s'étant bouchée après deux cycles menstruels).

Cette opération a relancé la polémique sur l'opportunité de réaliser des greffes d'organes non vitaux.

Les mDins et les doigts En 1998, huit chirurgiens de l'hôpital Édouard-Herriot de Lyon, dirigés par Jean-Michel Dubernard, ont greffé la main d'une personne décédée à Clint Hallam, un Néo-Zélandais amputé en 1989.

En dépit de la réussite de la greffe du point de vue physiologique, le greffé, mécontent des résultats fonctionnels, a décidé de faire amputer son nouveau membre.

Depuis d'autres greffes d'une main (ou des deux mains) ont été effectuées avec succès.

En chirurgie réparatrice, il est possible de remplacer un pouce manquant, perdu au cours d'un accident.

par le gros orteil du pied (autogreffe), de manière à rétablir la fonction de préhension entre le pouce et les autres doigts.

UN MODÈLE POUR LA RECHERCHE Parce qu'elles déclenchent presque toujours des réactions de rejet les greffes impliquent un traitement lourd, qui bloque dangereusement les mécanismes de défense de l'hôte contre les maladies infectieuses.

Pourtan� il est un cas naturel dans lequel le système immunitaire de l'hô­ te demeure pleinement efficace sans toutefois rejeter le « greffon >>, en dépit d'échanges sanguins importants : la grossesse.

Les caracté­ ristiques de l'embryon sont différentes de celles de la mère (la moitié de ses gènes viennent du père et, dans le cas d'une mère porteuse, il peut être com­ plètement étranger).

Les mécanismes de cette tolérance nous échappent encore, mais la perspective de sa compréhension laisse envisager une nouvelle génération de traitements qui devraient changer la vie des greffés et celle des patients en attente de greffe.. »

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