Devoir de Philosophie

L'alcoolisme: UN FLÉAU MONDIAL

Publié le 27/10/2018

Extrait du document

UN FLEAU MONDIAL

Troisième cause de mortalité (après l'obésité et le tabagisme) en France, avec 50000 morts annuels, responsable de 750 000 décès par an dans le monde, l'alcoolisme (ou éthylisme) touche toutes les couches de la société et entraîne des dommages considérables dans les domaines tant social que familial.

Ce fléau est d'autant plus complexe à éradiquer que l'on n'en connaît pas aujourd'hui les causes exactes. En d'autres termes, pourquoi certaines personnes sont-elles victimes de l'alcool, tandis que d'autres le gèrent sans problème? Pourquoi la dépendance à l'alcool est-elle quasi toujours définitive? Faute d'éclaircir ces points, on sait néanmoins réparer les dégâts que l'alcoolisme occasionne et prévenir les rechutes. Reste que la clé de voûte de la lutte contre l’alcoolisme passe par la prévention.

UN PHÉNOMÈNE ANCIEN

• L'alcool (d'un mot d'origine arabe, al-kuhl, désignant l'antimoine pulvérisé) doit sans doute son existence à la rencontre fortuite d'un phénomène naturel, la fermentation, et d'un récipient conçu par l'homme où s'est effectüée par hasard la première alchimie de la boisson alcoolique. On situe son apparition au néolithique, grâce à deux événements essentiels : l'essor de l'agriculture et l'invention de la poterie.

• Des papyrus de l'Égypte ancienne décrivent déjà les étapes de la fabrication et attestent l'importance de la production et de la commercialisation de la bière et du vin.

• Les Grecs connaissent l'art viticole 3 000 ans avant notre ère, ainsi que l'hydromel et la cervoise.

• Les Romains prennent le relais, le Dionysos grec devenant Bacchus, et ils instaurent les fêtes très réglementées des bacchanales.

La consommation de vin se démocratise à mesure que l'empire s’étend. C'est à cette époque qu'est décrite pour la première fois l'alcoolodépendance.

• Ceux qui se réfèrent à la Bible ne sont pas en reste. Selon l'AncienTestament, le premier vigneron est Noé, qui plante une vigne dès la fin du Déluge. Quant au Nouveau Testament qui fonde le christianisme, il insère le vin dans le sacrement de l'eucharistie et dans la vie sociale.

• Les grandes réglementations de la consommation et du négoce du vin voient le jour au Moyen Âge,

tandis que la Renaissance promeut la qualité et donne naissance aux premiers grands crus. Les boissons distillées n'ont que peu de place à l'époque : elles sont vendues uniquement aux apothicaires.

• Les temps modernes voient se transformer radicalement l'approche de l'alcool. Ce que les Anciens avaient repéré et traduit comme un usage «humain» sera désormais appréhendé sous sa forme sociale.

L'époque moderne

Les méfaits d'une consommation excessive d'alcool sont décrits au XIXe siècle. C'est le médecin suédois Magnus Hus qui, le premier, propose le terme d'«alcoolisme» en décrivant les différents types d'alcoolopathies. La prise de conscience de ce fléau, détaillé par les publications scientifiques et évoqué par des romanciers tels que Dickens et Zola, se manifeste par la constitution des premières sociétés de tolérance. Elles prennent en charge les premiers sevrages.

« • Pour un Anglo-Saxon, la consommation se fait plutôt le week­ end et avec des alcools forts.

LES FACTEURS SOCIO·tCONOMIQUES • On a constaté que la consommation d'alcool grimpe quand la densité d'occupation des logements augmente.

• Quand les revenus des ménages augmentent, leur consommation change : ils boivent moins de vin ordinaire ou de cidre, et plus de bière , de vin de qualité et d'alcools forts.

• Le milieu professionnel peut aussi influencer le comportement face à l ' alcool.

La promiscuité avec l'alcool est plus prégnante chez les personnes qui ont un travail pénible (mineurs, dockers, déménageurs, ouvriers du bâtiment, etc.), sont au contact du public (serveurs, restaurateurs ...

), vivent dans l'isolement (marins) ou au contraire dans un rythme intensif de« déjeuners d'affaires» et de cocktails (cadres, chefs d'entreprise, etc.).

• Enfin, l'environnement familial est très souvent un facteur déclenchant.

Les enfants d'alcooliques sont en général plus fragiles, ainsi que ceux qui ont hérité d'un terrain génétique favorable.

À cela s'ajoutent d'éventuels problèmes vécus au sein de la famille.

sait en effet que l'angoisse est l'une des principales motivations de l'ingestion d'alcool, car l'individu espère ainsi échapper momentanément à ses affres.

Schizophrénie, psychoses maniaco­ dépressives et psychopathies s'accompagnent souvent de fortes consommations d'alcool.

LES FACTEURS PHYSIOLOGIQUES • L'inégalité des sexes est patente en ce domaine.

Les femmes sont beaucoup plus vulnérables que les hommes , et, pour des quantités d'alcool inférieures, les complications surviennent plus rapidement.

• Il en va de même pour l'âge .

Plus on commence jeune à boire, plus le risque de devenir alcoolique est important.

• Inégalité également face à l'alcoolémie , qui dépend du poids de chacun et de son état pathologique.

Gastrectomies , dénutrition ou hépatites virales , notamment, augmentent aussi l'alcoolémie .

1.\!H1UUŒ!Jil Si la consommation raisonnable d'alcool peut participer à la convivialité, sa prise excessive génère est immense.

En effet, on estime que chaque alcoolique affecte au moins 15 personnes (conjoint, enfants, employeur , collègues de travail , amis , voisins) par sa pathologie .

• Pour ce qui est de la France, l'alcool est responsable directement ou indirectement de 50000 décès dus aux accidents de la route, accidents du travail et domestiques, aux cancers dus à l'alcool, aux cirrhoses et aux maladies neuropsychiques.

.

•Il est responsable de 15% des accidents du travail et de 20% des accidents domestiques.

• L'alcool intervient dans 25% de toutes les maladies , et son coût est évalué à 1,5% du produit intérieur brut.

Les boissons alcoolisées coûtent sept fois plus à l'État qu'elles ne rapportent par la fiscalité directe.

• Sur le plan économique, l'alcoolisme induit des pertes de productivité non négligeables, sans parler du chapardage ou du vandalisme .

·Il contribue aussi à l'a bai ssement du niveau d'instruction.

• Contrairement aux apparences , ce sont les buveurs excessifs occasionnels qui causent le plus de problèmes sur le lieu de travail , car les gros buveurs ont développé une tolérance physique et des mécanismes sociaux qui masquent les effets de l'absorption d'alcool.

LES EFFETS SUR LA SANTÉ LES SYMPTÔMES • Les stigmates de sa pathologie, l'alcoolique les porte sur son visage : faciès rougeâtre, dilatation capillaire, conjonctive de l'œil blanche ou jaunâtre, regard brillant ou terne, voire yeux globuleux, langue fendillée souvent recouverte d'un enduit épais et bien sûr haleine chargée.

• Sur le plan psychique, la dépendance s'installe plus rapidement chez la femme que chez l'homme et se caractérise par la perte du contrôle des quantités absorbées .

Elle induit une régression affective, un déni de l'alcoolisme (d'autant qu'il est souvent pratiqué en cachette ) et parfois une jalousie pathologique , qui va du soupçon au comportement violent.

Elle entraîne également des états dépressifs secondaires.

• La dépendance physique, manifeste lors du sevrage, se caractérise par des tremblements, des fourmillements, des crampes, des nausées , des vomissements, des troubles du sommeil, de la tachycardie, de l'irritabilité ou une humeur dépressive .

• Enfin sur le plan biologique, on note une augmentation des gammas GT, des globules rouges plus gros, une baisse de l'urée, de l'albumine et de la tolérance aux glucoses, ainsi qu'une augmentation de l'acide urique et des triglycéride s.

LES COMPLICATIONS PtRIPHERIQUES Outre la dépendance , l'ingestion chronique d'alcool entraîne de nombreuses complications sur l'organisme , dont voici une liste non exhaustive :fati gue chronique, hypertension artérielle , problème s sexue ls, gastrite constante , atteinte des nerfs des membres inférieurs (polynévrite s), cancers divers (bouche, larynx , œsophage , foie ...

), délires et troubles psychiatriques divers (hallucination s, delirium tremens), troubles de la mémoire des faits récents, atteinte du nerf optique, toxicité pancréatique (pancréatite chronique ou aiguë, diabète), stéatose hépatique aboutissant à la cirrhose, varices dans l 'œsophage (risque hémorragique fatal ), voire coma hépatique.

LA PRÉVENTION • Élément clé de la lutte contre l'alcoo lisme, la prévention a évolué dans ses objectifs , ses méthodes et ses moyens .

Elle est passée d 'une démarche centrée sur le danger des produits et les conséquences morales de l'alcoolisme à une information scientifique et sans cesse actualisée du risque alcool.

Aujourd 'hui, la démarche préventive est globale.

• Au niveau de l'État, une politique nationale de prévention met en œuvre des mesures qui tendent à limiter l'abus d'alcool , telle que la réglementation de la publicité (loi Evin ), l'augmentation des taxes , les lois sur la protection des mineurs et de l'ivresse publique .

L'alcoolémie légale au volant a été ramenée à 0,5 g/litre de sang, le seuil 15 milliards d'euros et 600000 emplois en France , pèse de tout son poids .

Nombre d'associations prônent le strict respect du dispositif mis en place , plutôt que son renforcement, car force est de constater qu'il n'es t que partiellement appliqué .

• D 'un poiAt de vue médical , la prévention consiste en premier lieu à enseigner l'alcoologie aux professionnels de santé, afin qu'ils détectent au plus tôt les conduites alcooliques, leurs complications et leurs séquelles.

Ce dépistage se fait par le biais de la médecine générale, de la médecine du travail , de l'hôpital et de diverses instances (permis de conduire).

• En dernier lieu, la prévention met en œuvre des mesures susceptibles d'éviter les rechutes, en assurant la réadaptation des sujets stabilisés.

Cela se fait par l'intermédiaire des centres d 'alcoologie (Cl PAn , des centres d'hygiène alimentaire et d'alcoologie (CHAA), des comités départementau x de prévention de l'alcoolisme (CDPA) et des centres de postcure .

• Les associations jouent un rôle déterminant sur le terrain , notamment parce qu'elles mettent en œuvre des méthodes participatives qui font de l'intervenant un animateur plutôt qu'un expert.

Parmi les plus connues, citons les Alcooliques anonymes, la Croix d 'or, Vie libre , Joie et santé, les Amis de la santé.

LA RÉGLEMENTATION Elle est peu contraignante en France, au regard des réglementations en vigueur dans les pays anglo-saxons ou scandinaves.

• La vente ou l'offre gratuite de boissons alcoolisées est interdite aux mineurs de moins de 16 ans, pour le vin et la bière, et aux mineurs de moins de 18 ans pour les spiritueux.

• Le Code de la santé publique oblige les débitants de boissons à posséder une licence de 1", Il', Ill ' ou IV' catégorie, selon les boissons proposées et leur degré d'alcool.

• Le nombre de cafés, bistrots , etc., est contingenté , et leur ouverture est interdite dans certaines zones définies par arrêtés préfectoraux (stades, stations-service de 22 heures à 6 heures, etc.).

• L'alcool est également interdit de vente dans les distributeurs automatiques.

• La loi Evin (10 janvier 1991) régit la communication sur les boissons alcoolisées et le tabac.

La publicité en faveur des boissons alcoolisées n'est autorisée , pour l'essentiel , que dans la presse écrite (pour adultes) , par voie d'affichage et à la radio dans des tranches horaires spécifiques.

Elle est interdite à la télévision et au cinéma.

«L'abus d'alcool est dangereux pour la santé.

À consommer avec modération. >> Cette loi prévoit des sanctions pénales pour les contrevenants.

i!JH!iiiMJIII Le traitement de l'alcoolisme s'organise sur trois fronts.

• Sur le plan médical, le travail porte sur l'alcoolisme lui-même plutôt que sur ses caus es sous-jacentes.

Le programme thérapeutique vise à recouvrer une santé physique et psychique satisfaisante, et à stabiliser l'abstinence .

Une cure est souvent nécessaire pour parvenir au sevrage du patient.

Elle dure généralement un mois .

Aujourd'hui, le sevrage «ambulatoire» (c'est-à-dire sans hospitalisation) est privilégié.

Cela permet au patient de ne pas quitter le cadre familial ni interrompre son activité p rofessionnelle.

• Parallèlement à cette prise en charge médicale , le traitement comporte des conseils individuels et des thérapies de groupe permettant une désintoxication totale .

• Enfin, un séjour en centre de postcure permet de compléter un travail de reconstruction physique, comportemen­ tal et psychologique dans un milieu protégé.

IJUNWIUI Signe encourageant, la consommation annuelle d'alcool pur en France est en baisse .

• Tous âges confondus, elle serait passée entre 1970 et 1995 de 15,71itres à 11,71it res (mais 19 litres par adulte de plus de 15 ans).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles