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Le plan Marshall et la reconstruction de l'Europe (Travaux Personnels Encadrés – Histoire – TES/TL)

Publié le 27/04/2016

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Recherche documentaire, Pistes de travail & Axes de recherches pour exposé scolaire (TPE – EPI)

L’Ouest désuni

Face aux difficultés du redressement économique, l'idée d'une aide économique globale trouve de plus en plus de partisans à Washington. Les responsables américains perçoivent les dangers d’un retour aux errements de l'entre-deux-guerres. En effet, l'Ouest connaît de nouveau des logiques nationales divergentes. La Grande-Bretagne souhaite privilégier le redressement de sa monnaie et l'établissement d'une union douanière européenne, assurant des débouchés à son industrie. Attachés au principe des réparations, les Français veulent empêcher à la fois la reconstitution de la puissance allemande et l'établissement d'un leadership anglais en Europe. Les Allemands cherchent eux à redresser leur économie et à éviter la montée du mécontentement au sein d’une population durement touchée par la pénurie. En Italie, le principal souci du gouvernement est aussi de maintenir la paix sociale, même au prix de concessions accordées aux communistes. À l'inverse, seul maître du jeu à l'Est Staline pousse partout les partis communistes à entamer la course au pouvoir absolu. Il se prononce en faveur d'une Allemagne réunifiée et neutre afin d’étendre son influence économique et politique à l'Ouest.

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« sincérité.

Pour les concepteurs du plan, il s'agit avant tout de ne pas endosser la responsabilité d'une rupture.

Selon eux, l'URSS n'acce ptera jamais que les États-Unis vérifient l'utilisation des fonds .

Et, en effet si Moscou s'avère intéressée par la perspective d'obtenir de nouveaux subsides, Staline refuse toute coordination économique avec l'Ouest et finit comme prévu , par rejeter le plan en juillet 1947 .

Des futurs satellites de l'URSS, la Pologne et la Tchécoslovaquie se montrent favorables au plan Marshall , mais Moscou les oblige à refuser l'aide américaine, tout comme les autres pays de l'Est La tentative américaine de diminuer l'influence soviétique en Europe centrale est un échec.

LA QUESTION ALUMANOE Les Américains ont vite compris qu'il était impossible de reconstruire une Europe de l'Ouest stable sans une économie allemande forte.

À l'été 1945, ils renoncent au projet du secrétaire d'État au Trésor , Henry Morgenthau , qui prévoyait de limiter la capacité industrielle de l'Allemagne .

De plus, le dénuement observé par les autorités d 'occupation américaines lait craindre une montée en puissance des communiste s.

Pour Marshall, le plan de redressement doit s'appliquer de toute urgence aux zones d'occ upation occidentales en Allemagne, même au prix d'une partition du pays .

Tout le problème consiste à convaincre les autres Européens , au premier rang desquels les Français, qui redoutent la présence d'une Allemagne puissante à leur frontière .

En fait, Paris n'a pas les moyens d'imposer son point de vue.

Le gouvernement acceptera donc l'idée d 'une coopération économique avec une Allemagne bénéficiant elle aussi, de l'aide américaine .

Mais il ne renoncera ni au contrôle international sur la Ruhr, afin d'empêcher la reconstitution des cartels du charbon et de l'acier, ni à son projet visant à faire de la Sarre une région à statut spécial, rattachée économiquement à la France .

l'épilogue n'interviendra qu'en 1955, avec le rattach ement de la Sarre à la RFA.

DIFFICILES NÉGOCIATIONS Ouverte à Paris en juillet 1947 , la Conférence de coopération économique européenne (CCEE), chargée de négocier les modalités du plan Marshall, présente son rapport le 22 septembre.

Les pays signataires réclament une aide globale de 22,4 milliards de dollars , sur quatre ans.

Mais Washington revoit le chiffre à la baisse .

Les États -Unis sont prêts à verser 17 milliards de dollar s à condition que les Européens acceptent de mieux coordonner leurs politiques , ce afin d'établir un véritable espace économique européen , dont la stabilité et la force fassent contrepoids à l 'URSS .

Le projet se heurte à de fortes réticences britanniques , tandis que Paris ne veut pas s'engager sur cette voie sans l'appui de Londres.

Pour preuve de sa bonne volonté, Washington consent à la France et à l'Italie une aide intérimaire d 'urgence , couvrant leurs besoins en blé, en pétrole et en charbon, avant la mise en œuvre du plan Marshall .

Finalement , on parvient à un accord sur le mode de répartition des crédits Mar shall.

Le contrôle sera exercé par l'Organisat ion européenne de coopération économique (OECE ), instituée le 16 avril1948 et chargée, chaque année , de décider de la répartition de l'aide .

Les États -Unis chapeautent l'ensemb l e par l'intermédiaire de l'Economie Coo perllfi on Admin istrllfion (ECA), organisme américain créé , lui aussi, en avril 1948 .

Le Congrès exerce également un droit de regard en votant le montant global des crédits par tranches annuelles et non pas pour quatre ans, comme le souhaitait au départ l'administration Truman.

UNE AIDE CONOITI ONN HU l'aide accordée au titre du plan Marshall se présente surtout sous forme de dons en dollars (environ 90 %), le reste étant constitué de prêts.

Les pays bénéficiaires doivent utiliser ces sommes pour acheter des matières -......

.--- premières , des denrées alimentaire s et des biens d'équipement en provenance , pour l'esse ntiel , des États -Unis.

Cette aide est conditionnelle, car son utilisation doit être approuvée par les Américains .

Les États européens doivent soumettre la liste prévisionnelle de leurs importations à I'ECA, qui est susceptible de la modifier .

À la demande des entreprises publiques ou privées , les États présentent aussi des listes spéciales d'équipement à I'ECA .

Des laminoirs sont ainsi livrés à la siderurgie française, un atelier de fabrication clef en main à Rhône­ Poulenc et des avions de transport Lockheed à Air France .

Dans de rares cas, les intérêts des industriels américains vont à l'encontre des objectifs du plan Marshall .

Au printemps 1949 , une réduction des importations de pétrole est décidée pour freiner le développement des raffineries françaises.

Parfois , I'ECA intervient pour favori ser la résorption des surplus américains.

Enfin, dans les colonies, les Américains financent en priorité des programmes d'exploitation mini ère en échange de livraisons de matières premières stratégiques (nickel , manganèse, plomb , graphite, cobalt chrome, mica , étain, diamants) , sans se soucier vraiment du développement local.

Mais , en dépit de ces entorses au climat de confiance mutuelle , l'aide s 'opère de façon satisfaisante pour les deux parties .

LES PROGRÈS DE LA RECONSTRUCTION (1948·1949) LA R E PR IS E DE L'ÉCONO M IE L e plan Marshall arrive à point nommé pour aider l'Europe à surmonter la crise de 1947.

G race à des conditions météoro logiques plus favorables et aux équipements alloués par les États-Unis , la produ cti on ogricole se rétablit en 1948.

l'année suivante , le rationnement et la surveillance du secteur de l'alimentation disparaissent presque partout en Europe occidentale.

La Grande-Bretagne , l'Autriche, la Suède , le Danemark et les Pays-Bas sont les seuls pays à maintenir des contrôle s plus stricts pour maîtriser l'inflation et les importations.

Le retour d 'un approvisionnement presque normal restaure la confiance.

Partout , la production industrielle est relancée avec la levée progressive des goulets d'étranglement en matière de transport et de product ion d'énergie.

l'achat de matériel américain joue ici un rôle primordial.

Mais des points noir s subsistent.

Les destructions de la guerre sont loin d'être résorbées et la France continue à souffrir d'une 1------------ ..., grave pénurie de logements , d'autant BÉN ÉFICIAI R ES D U PLAN MAR SHALL Allemagne occidentale [zones d'occupation alliées, puis RFA] (11 %) Autriche ( 4,8 %) Belgique et Luxembourg (4,6 %) Danemark (2,1 %) France (20, 8 % ) Grèce (4,3 %) Irlande (1,3 %) I slande (0,2 %) Italie (11, 1 %) Norvège (2 % ) Pays-Bas (7,5 % ) Portugal (0,5 %) Royaume-Uni (24 %) Suède (1 %) Turquie (1,3 % ) Trieste [avant son retour à l'ltalie] (0,3 %) Yougoslavie (0,3 %d'aide non liée au plan mais transitant par I'ECA) Union européenne des paiements [organisme chargé d'équilibrer les déficits entre pays européens] (2,9 %) que l'exode rural commence à faire sentir ses effets .

LE ct MIRACL E n ALLEMAN D En Allemagne, le plan Marshall (1,3 milliard de dollars au total) a d'abord eu un effet psych ologique considérable .

Au printemps 1948 , avant même que l'aide ne soit effective , sa seule annonce provoque la mise en circulation de stocks alimentaires que producteurs et commerçants retenaient par peur du lendemain.

La fin des exportations forcées (à bas prix) de matières premières et l'aide prioritaire apportée aux transports suffisent à faire redémarrer l'économie.

En fait, si les bombardements ont détruit plusieurs grandes villes, ainsi que les route s et voies ferrée s allemandes, l'appare il productif est loin d'avo ir été anéanti .

Les mine s de la Ruhr sont presque intactes et plus de 80% des machines-outils sont en état de marche .

l'Allemagne dispose en outre d 'une main-d 'œuvre abondante et qualifiée .

Initiée en juin 1948 par le ministre de l'Économie Ludwig Erhard , la réforme monétaire introduisant le Deutsche Mark permet de juguler l'inflation et d'inst aurer la confiance .

Dès 1949 ,1a production industrielle atteint 80% de son niveau de 1936 .

Avant même la naissance de l'Allemagne fédérale , les ingrédients du « miracle » économique allemand sont en place .

À L"EST A USSI Au même moment , quoique privée de l'aide Marshall , l'Europe orientale enregistre des résultats honorables.

Le réseau de communications est assez vite rétabli.

Mené s à bien en un temps record, de grands travaux d'urbanisme permettent la reconstruction de capitales comme Varsovie ou Budapest .

Distribuée par I'UNRAA , l'aide alimentaire de l'ONU permet de compenser en partie le déficit agricole .

Mais l'étatisat ion de l'économie et la priorité absolue donnée à l'industrie lourde prolongent la pénurie des biens de consommation.

À cette situation difficile s'ajoutent les bouleversements sociaux et politiques imposés par les Soviétiques .

Les anciens satellites de l'Allemagne doivent en outre s'acquitter de lourdes réparations , souvent sous forme de transferts d'usines en URSS .

Seule la Finlande échappe à la collectivisation .

En échange de son alignement sur la politique étrangère de Moscou , elle peut conserver une économie capitaliste et parvient à tirer son épingle du jeu en réorientant son économie vers son grand voisin de l'Est .

ENTRE INTÉGRATION ET DIVISION (1950-1951) VERS L'UNIO N EUROPÉENNE Sur le plan économique, à l'excep tion de l'Espagne, privée de l'aide Marshall en raison du maintien de Franco au pouvoir , toute l'Europe occidentale bénéficie des effets positifs de la reprise.

l'Allemagne lait son retour sur la scène politique avec la naissance de la RFA en mai 1949 .

la France r enonc e au contrôle international sur la Ruhr et son projet d'européanisation de la Sarre est rejeté par les Sarrois qui, consultés par référendum en 1955, préfèrent intégrer la RFA.

En août 1949 , après la crise monétaire britannique, la répartition des crédits de l'aide Marshall entre Européens fait l 'objet de nouveaux marchandages au sein de I'OECE , et un accord plus satisfaisant pour la Grande-Bretagne est conclu .

À l'automne ,les Américains se montrent plus exigeants en mati ère de coordination et de libéralisation du commerce .

Il s'agit de lever l'obstacle de l'inconvertibilité des monnaies européennes , qui limitait grandement les échanges en les rendant dépendants d'accords bilatéraux .

Pour ce faire , Washington soutient la création de I 'UEP (Union européenne des paiements ), chargée d'équilibrer les déficits entre pays européens.

Le plan Marshall favorise ainsi le début de l'intégration européenne.

Mais c'est à l'initiative des pays du Benelux , de la France et de l'Allemagne qu'est créée , en 1951 , la Communauté européenne du charbon et d e l'acier (CECA ).

En 1952 , le redre ssement économique de l'Euro pe semble acquis.

l'aide Marshall est interrompue et les crédits américains sont réorientés vers l'O TA N (Organis ation du traité de l'Atlantique Nord), alliance politique et militaire conclue entre les États -Unis et onze États occidentaux en avril1949 .

Toutes les énergies se tournent à présent vers les problèmes de défense.

La tensio n Est-Ouest est très vive.

La guerre de Corée vient à peine de s 'achever et les Européens de l'Ouest se sentent menacés par l'URSS .

TROUP ES AMÉRICAINES EN EUR OPE Avec la guerre de Corée , la fin des années 1940 et les années 1950 marquen t une véritable escalade des tensions entre l'Est et l'Ouest En 1950, face aux 2 7 divisions soviétiques statio nnées en Allemagne, l'alliance atlantique (OTAN) ne peut aligner que 12 divisions .

Les États-Unis acceptent d 'envoyer 4 divisions supplémentaires en Europ e, à condition que l'Allemagne de l'Oue st soit dotée d'une armée contribuant à la défense commune .

Des base s américaines sont alors insta llées dans toute l'Europe de l'Ouest En France, les militaires américains devront plier bagage en 1966 , après la décision du général de Gaulle de quitter le commandement intégré d e l'OTAN .

UN SUCCÈS AMÉRICAIN En définiti ve, ce sont 11,8 milliards de dollar s de dons , au lieu des 17 promi s, que le Congrès approuve d e 1948 à 1952 .

Certes, l'aide Marshall est inférieure aux fonds engagés de 1941 à 1945 par le s États -Unis au titre de la loi du prêt-bail (48,5 milliard s de dollars , pour tous les Alliés et les territoires libéré s) et sensib lement égale aux sommes allouées de ju illet 1945 à fin 1947 par Washington (13,1 milliards, URSS et colonies comprises ).

Mais, plus que son volume, c'est la répartition ciblée de l'aide qui s'avéra efficace.

La coopération européenne et le retour de la confiance, soutenue par la pub licité des Américains en faveur de leur action, firent le reste.

À l'Ouest, cependant, une partie de l'électorat , pour l'esse ntiel communiste, a récusé le leadership américain, ressenti comme une atteinte à la souveraineté nationale .

Il est vrai que le plan Marshall a contribué à augmenter les tensions économiques et politiques entre l 'Est et l'Ouest.

Les inspirateurs du plan avaient cherché (sans succès) à limiter l'influence de l'URSS .

Mais l'Histoire a fini par leur donner raison .

C'est bien l'écart de prospérité qui fut une des premières causes de l'effondre men t du bloc socialiste en 1989 .. »

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