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TPE: En quoi la notion de scandale en art est elle influencée par le contexte social et religieux de la société ?

Publié le 20/08/2012

Extrait du document

L’Origine apparaît sur la toile, admirable de puissance et de délicatesse. Insolente aussi. Elle l’offre la vision quasi anatomique d’un sexe féminin aux lèvres rouges, d’un sein dont le bout est en érection, qui laisse supposer l’activité de Jo dans les instants qui ont précédé.  Courbet, qui a osé montrer le désir et l’excitation a mis au monde une œuvre choquante, pornographique aux yeux de ses contemporains.    Nous sommes dans les coulisses du Second Empire alors que Gustave Courbet, très sensibilisé à la cause politique du républicanisme et du socialisme en 1848, s’affirmait en opposant au régime impérial, avec une habileté qui confine parfois au double jeu. Il affectionnait être au centre des disputes mondaines et endosser l’habit d’agitateur public.  L’hypocrisie est de tous les âges, mais de temps en temps, quelqu’un n’a pas froid aux yeux et retourne froidement les cartes. Le puritanisme, la pruderie et le conformisme de surface devaient être bousculés. L’Origine du monde fut donc offerte au monde. Unique. Avant, rien de tel. Après, non plus.    Khalil-Bey fit faillite. Après la vente de sa collection L’Origine fut cachée par un autre tableau de Courbet. Il faut désormais faire coulisser un panneau pour le dévoiler. Ca s’appelle tomber dans le panneau. L’Origine partit pour Budapest, puis les nazis arrivèrent, le pillèrent. Les Russes débarquèrent, le pillèrent.

« Ainsi Véronèse, en 1573, répond de ses choix devant le Saint-Office après avoir transformé « la Cène », destinée au couvent dominicain des Santi Giovanni e Paolo,en un banquet plus joyeux que tragique.

Le tribunal de l'Inquisition l'accusa d'avoir brouillé le passage biblique sous l'éclat mondain d'une scène animée depersonnages plutôt indifférents au drame.

Sommé de se justifier, la réponse de Véronèse est célèbre : « Nous, les peintres, prenons la liberté que prennent les poètes etles fous.

»On obligea néanmoins l'artiste à changer le titre de l'œuvre et à l'inscrire dans la peinture même.

Il ne s'agissait plus de l'ultime repas du Christ, mais du Repas chezLevi, au milieu des pécheurs. [pic]Véronèse (1528-1588), Le Repas chez Levi (1573) Dans cette immense toile qui est a elle seul un manifeste de perspective, Véronèse installe le Christ et les apôtres sous trois arcades qui, tel un décor de théâtre,servent à la mise en scène de son sacré versus profane.

Dans ce décor, les apôtres ne sont pas les seuls à accompagner le Christ lors de son dernier repas.

Une foule depersonnages vêtus à la mode du XVIème siècle, la plupart indifférents au drame, s'animent et s'invectivent, ce qui, accentue le contraste avec le calme central. Censure par les autorités civiles En 1534, après avoir été proclamé chef de l'église d'Angleterre, le roi Henri VIII instaure l'obligation d'obtenir une approbation de son conseil privé avant qu'un livrene puisse être imprimé.Suite à l'affaire des placards (18 octobre1534), le roi François 1er qui était jusqu'alors favorable aux idées nouvelles, ordonne la chasse aux hérétiques et fait paraitreun édit contre les imprimeurs insoumis.Dans la France de l'Ancien régime, la censure royale s'exerce sur les journaux : par exemple, sous Louis XVI toute publication d'un article dans la presse est soumiseà l'autorisation du gouvernement : des lecteurs professionnels étaient chargés de relire les textes.

Les livres censurés étaient confisqués, les journaux pouvaient êtresuspendus.

Les auteurs pouvaient être internés à la Bastille, comme Voltaire en 1717.Pendant la Révolution Française, la déclaration des droits de l'homme et de citoyen du 26 août 1789 affirme solennellement : « Nul ne doit être inquiété pour sesopinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi.

» (Article 10) et « La libre communication des pensées etdes opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les casprévus par la loi.

» (Article 11).

En d'autres termes, on peut sanctionner une publication, mais en aucun cas empêcher celle-ci.En 1810, un décret de Napoléon rétablit officiellement la censure.

Suit une succession de suppressions et de rétablissements de la censure.

Les articles ou dessinscensurés étaient alors remplacés par des « blancs ».La censure disparaît officiellement lors de la promulgation de la Loi sur la liberté de presse du 29 Juillet 1881.

Cette loi confie au système judiciaire l'essentiel ducontrôle des informations publiées en France.La censure n'a jamais été officiellement rétablie en France, sauf en temps de guerre, notamment lors des deux guerres mondiales, avec le retour des « blancs » dansles pages. Ce rappel historique a pour but de nous éclairer sur les fondamentaux qui déterminent une manière de penser à un moment donné et donc l'accueil qui est fait à uneœuvre d'art.Dans les scandales de l'art que nous allons évoquer, l'élément essentiel est l'accueil du public fait à ces œuvres.

Il s'agit souvent d'une provocation de l'artiste qui vaau delà de ce que la « morale » peu accepter à une époque. B.

Grands scandales 1 La mort en faceLe Christ mort 1521 Le Christ mort d' Hans Holbein Le Jeune (1497-1543), est une huile sur panneau représentant Jésus Christ dans un état de décomposition, enfermé dans un cercueilsur lequel est inscrit « Jésus de Nazareth, roi des Juifs ».

Le réalisme est d'une rare violence : Jésus apparaît sous les traits d'un cadavre maigre, verdâtre, ses yeuxsont révulsés et sa bouche est ouverte, comme si personne n'avait pris la peine de les lui fermer.On ne reconnaît le Christ dans ce corps en état de putréfaction qu'aux fameux stigmates et aux séquelles laissées par les supplices.

C'est le cadavre en sa froidehorreur, et rien de plus, ce n'est qu'un homme, c'est-à-dire un corps, qui a succombé aux tortures et à la crucifixion.

La mort, dans toute sa simple horreur, a eu raisondu Christ. Le Christ d'Holbein est sans espoir.

Il est couché à même la pierre et le tombeau.

Il attend l'injure de la terre.

La prison suprême l'écrase.

Il ne pourrait pas se dresser.Il ne saurait même pas lever la main ni la tête : la paroi le rejetterait.

Il est dans la mort de tout son long.

Il se putréfie.

C'est un supplicié, et rien de plus.

Il n'est passeulement soumis à la loi de la nature, comme tous : Il n'est livré qu'à elle.

Et s'il y a eu une âme dans ce corps, la mort l'insulte.Holbein insiste moins sur la mort de Jésus que sur la mort tout court, articulant au pourrissement un questionnement métaphysique. [pic]Hans Holbein le jeune (1497-1543), Christ mort (1521) Dans Le christ mort deux thèmes s'entrecroisent : la mort, avec la description réaliste d'un cadavre et la religion avec la représentation du Christ.

Au niveau de lareprésentation de l'église, le Christ est la personnification de toutes les vertus.

Il est fils de Dieu, c'est une âme pure qui a donné sa vie pour sauver l'humanité.De plus il est ressuscité donc un être éthéré.

Holbein vient choquer et scandaliser toutes les croyances, à la fois celle de la vie éternelle et celle de l'illusion humainesur le devenir de notre propre corps.Chacun sait qu'il est mortel et putrescible mais notre société laisse dans l'ombre cet aspect des choses.

Nos valeurs vont vers la préservation de la vie et « oublient »souvent la réalité de la mort. A des siècles d'écart, La grenouille crucifiée de l'artiste allemand Martin Kippenberg lui fait écho, en créant un personnage provoquant.Grenouille crucifiée (exposition de Bolzano, 2008) Une grenouille crucifiée pour parodier le symbole du Christ crucifié.Durant l'été 2008, au musée d'art moderne de Bolzano en Italie, région très catholique, une sculpture de l'artiste allemand Martin Kippenberg représentant unegrenouille crucifiée tenant une chope de bière dans une patte et un œuf dans l'autre suscite la controverse et provoque la colère parmi les croyants catholiques.

Un élulocal en est allé jusqu'à une grève de la faim pour exiger le départ de l'œuvre considérée par ses détracteurs comme blasphématoire.

Même le pape Benoit XVI avaitprotesté, alors que des manifestations pour exiger le respect de la liberté d'expression ont eu lieu, les banderoles arborant «Salviamo la rana !» («Sauvons la. »

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