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Albert Ier

Publié le 22/02/2012

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Troisième souverain du jeune royaume établi en 1830 lors de la scission de la Belgique d'avec la Hollande, Albert Ier naquit à Bruxelles le 8 avril 1875. Alors que son rôle héroïque durant la guerre de 1914-1918 lui valut, aux yeux de l'Histoire, le titre de Roi-Chevalier, son action politique dans la paix demeure moins connue. L'équilibre et la lucidité de son esprit, sa conception nouvelle des devoirs et des droits humanitaires et sa prévision remarquable du développement des événements qu'on pourrait qualifier de "politique à long terme" le situent parmi les grands hommes d'État du XXe siècle. Neveu du roi Léopold II, il n'était pas destiné à régner. Ce ne fut qu'après la mort du fils unique du roi et, en 1892, de son propre frère, qu'Albert, âgé de dix-sept ans, réalisa qu'il devenait l'héritier du trône de Belgique. Son père, le comte de Flandre, frère cadet du roi Léopold, appartenait à la lignée des princes de Saxe-Cobourg-Gotha-Saalfeld, connus pour leur sens politique, et dont Léopold Ier, le fondateur de la dynastie belge, était issu. Le jeune Albert avait d'autre part une ascendance française par sa grand-mère paternelle, Louise d'Orléans, fille du roi Louis-Philippe. On peut supposer qu'il hérita de la Maison de France le goût de l'Histoire. Mais c'est à sa mère, Marie de Hohenzollern-Sigmaringen (de la branche catholique), qu'il dut son sens du devoir et de ses responsabilités ; tout son règne en sera profondément marqué.

« deux camps hostiles les puissances garantes de la neutralité belge.

La situation critique de la Belgique ne pouvaitéchapper au pessimisme raisonné du roi Albert, et cela à l'encontre de beaucoup de politiciens.

Son souci permanentdevient la défense nationale.

En opposition aux socialistes, le souverain obtient des Chambres, en 1913, le vote dela loi sur le service militaire obligatoire et le renforcement à trente-trois mille hommes de l'armée qui, depuis 1835, secomposait du chiffre dérisoire de treize mille trois cents soldats. La prescience, fruit d'une constante réflexion, qui caractérisait le souverain belge le poussa à décréter lamobilisation générale le 31 juillet 1914, un jour avant la France et l'Allemagne.

Le 3 août, les armées sont prêtes àrecevoir le choc.

Le roi, selon la Constitution, assume le commandement militaire dont il sera l'âme et le chef tout aulong de la guerre.

Une résistance opiniâtre commence.

La force écrasante de l'ennemi oblige l'armée belge, après larésistance héroïque de Liège, à se replier sur Anvers, puis Albert Ier, pour éviter l'encerclement, ordonne la retraitede l'armée jusqu'à l'Yser.

Le chef d'état major propose au roi un nouveau repli sur le canal de Lo, à dix kilomètres dela frontière.

Mais Albert, craignant un éventuel recul en France et soucieux de ne pas devoir combattre en dehorsdu territoire national, décide à tout prix de tenir sur l'Yser.

Une terrible bataille s'engage.

Elle est gagnée le 26octobre 1914 car, outre l'héroïque résistance des soldats, les écluses sont ouvertes, l'inondation envahit la plaine deFlandre stoppant l'avance ennemie.

Mais c'est le début d'une longue guerre d'usure.

Pendant quatre ans, le roi,retranché entre la mer et l'Yser, vit au milieu de ses troupes ; la reine à ses côtés se dévoue aux blessés, tandisque le gouvernement belge est établi au Havre. Quelle est alors la position d'Albert Ier, à la fois chef d'État et commandant suprême des forces armées ? Deuxresponsabilités qui peuvent s'opposer, et qu'il arrive à concilier de main de maître, avec une loyauté si respectueusede la Constitution qu'aucune divergence n'éclatera entre les deux pouvoirs.

Il y a cependant de fortes pressions : àl'intérieur, le gouvernement met en question le commandement royal.

Le souverain, dans une note sans équivoque,répond : "J'ai prêté un serment qui n'est imposé qu'à moi : celui de garantir l'intégrité du territoire.

Ce n'est que parun commandement effectif, et non pas nominal, à titre honorifique, que je puis assumer cette responsabilité devantma conscience." De l'extérieur, on cherche à subordonner les forces belges à un commandement étranger.

Le roiinvoque, une fois encore, la Constitution.

Sa conception de mener la guerre différait parfois de celle de ses Alliés.S'il préconise la prudence, ce n'est pas par manque d'audace car, si, par souci humanitaire, il s'oppose à d'inutilessacrifices, c'est aussi en fonction d'une vision politique qu'il ménage l'armée, dernier atout d'une indépendancenationale contre l'ennemi et, le cas échéant, contre "l'ami".

Cette double motivation, à la fois humanitaire etpolitique, lui faisait dire qu'il faudrait ménager l'Allemagne, non seulement pour ne pas la pousser au désespoir, maisaussi parce qu'elle constituait un élément indispensable de l'équilibre européen dont la Belgique était la clé de voûte.Parfois, certaines décisions (mobilisation du 31 juillet 1914), il les prendra seul, exigeant même de ses divisionnairesune obéissance totale.

Mais, dès son retour à Bruxelles, le 22 novembre 1918, il rendra compte de sa mission devantles Chambres réunies : "Nous arrivons de l'Yser, mes soldats et moi, à travers nos villes et nos campagnes libérées.Et me voici devant les représentants du pays.

Vous m'avez confié, il y a quatre ans, l'armée de la nation pourdéfendre la patrie en danger.

Je viens vous rendre compte de mes actes..." En 1919, Albert Ier ne pouvait accepter une paix qui n'apporterait pas à la Belgique "la justice à laquelle luidonnaient droit les faits d'armes de ses soldats et l'indomptable résistance de sa population".

Alors que lesdiscussions du traité de Versailles sont dans l'impasse, les délégués belges, à peine écoutés, ont recours àl'intervention du roi pour rappeler aux autres chefs d'État la position neutre de leur pays, victime de l'agressionennemie, pour avoir tenu ses engagements vis-à-vis des puissances garantes.

Le prestige du souverain, sonautorité morale, son total désintéressement en imposent particulièrement à Lloyd George et à Clemenceau.

Denouvelles négociations accordent à la Belgique un régime de faveur quant à l'annulation de la dette de cinq milliardscontractée par les Belges envers les Alliés et un droit de priorité dans le cadre des réparations exigées del'Allemagne.

Ce droit de priorité du premier versement de deux milliards et demi de francs or fut un réel succèsdiplomatique.

La seule vraiment efficace des revendications essentielles de la Belgique.

Et cela d'autant plus que leroi avait la conviction profonde que l'Allemagne, par trop humiliée et amputée d'industries importantes, ne pourraitjamais payer sa lourde dette de guerre. Au traité de Versailles, puis à la S.D.N., le roi voulut s'assurer de nouvelles garanties de sécurité.

La France exerçaitune forte pression sur la Belgique pour l'entraîner dans une alliance que le souverain jugeait trop unilatérale, doncdangereuse.

Il entérina toutefois l'accord militaire franco-belge (1920) avec l'espoir, malheureusement déçu, de lecompléter par une entente semblable avec la Grande-Bretagne.

Enfin, en 1925, le pacte de Locarno, restituant à laBelgique un statut d'impartialité entre ses grands voisins, donnait au pays des garanties que le roi put estimermomentanément suffisantes. Mais le souverain n'était guère optimiste.

Il pressentait que l'esprit nationaliste outrancier animant les puissancesamènerait fatalement un nouveau conflit.

"La lutte pour l'hégémonie de l'Europe, écrivait-il, n'est pas près de finir.Elle entraînera entre l'Angleterre et l'Allemagne d'autres guerres qui feront planer sur la Hollande et la Belgique denouveaux dangers d'invasions et de dévastations." Devant la mauvaise volonté des grandes nations à réduire leurs armements (1930), le roi exprime ses appréhensionsaux anciens combattants de l'Yser : "Nous souhaitons ardemment la paix universelle, mais les petits États nepourront désarmer sans péril que le jour où toutes les grandes puissances auront donné l'exemple." Il insiste encore: “...

Jusqu'à ce que les grands États aient trouvé un moyen pratique de réaliser le désarmement général, le soucide notre sécurité extérieure nous impose la plus extrême vigilance.". »

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