Allemagne de 1900 à 1909 : Histoire
Publié le 30/12/2018
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L’apogée du Reich wilhelmien
Après la chute du chancelier Bismarck, limogé en 1890 à la suite de graves dissensions avec l’empereur Guillaume II, ce dernier assume la charge principale du pouvoir, confiant la direction du gouvernement à des hommes beaucoup plus effacés que le vieux «chancelier de fer» (Caprivi, puis Hohenlohe). En 1900, il fait toutefois appel pour occuper cette fonction à une personnalité plus forte, le prince Bernhard von Bülow, diplomate habile mais sans expérience
de la politique intérieure. Celui-ci va rester en poste jusqu’en 1909 (date à laquelle il est remplacé par Thcobald von Bethmann-Hollweg) et va devoir affronter les graves problèmes que posent au pouvoir les revendications ouvrières et la montée de la social-démocratie.
Autoritarisme et conservatisme social
Le cadre institutionnel du IIe Reich repose sur un double compromis. Compromis tout d’abord entre la monarchie absolue, fille du despotisme
éclairé du xviiie siècle, et le libéralisme, par l’intermédiaire d’une Chambre basse (Reichstag), élue au suffrage universel non pour gouverner mais pour permettre à tous les groupes d’intérêts de se manifester. Elle vote en effet le budget mais n’a que l’initiative indirecte des lois et n’a aucun moyen d’action sur le chancelier, ce dernier n’étant responsable que devant l’empereur. Compromis d’autre part entre les traditions particularistes et les tendances unitaires et centralisatrices dans le pays. Chaque État (Land) conserve son gouvernement et son souverain (le prince régent Luitpold en Bavière, le roi Guillaume Ier au Wurtemberg, le grand-duc Frédéric de Bade, etc.), parfois même la direction de son armée et de ses services postaux. Il envoie des représentants à la Chambre haute (Reichsrat) qui vote les lois et autorise l’empereur à dissoudre le Reichstag. En fait, l’hégémonie prussienne reste très forte au sein du Reich. C'est un membre de la famille des Hohenzollern qui détient le titre impérial. Le chancelier cumule ses fonctions avec celles de Premier ministre de Prusse, ce qui lui pose des problèmes lorsqu’il doit défendre un projet de loi à la fois devant le Reichstag, élu au suffrage universel, et devant le Landtag de Prusse, élu suivant un système de classes et par conséquent dominé par les conservateurs. La Prusse enfin, de loin l’État le plus puissant et le plus peuplé, détient 17 des 58 sièges du Reichsrat. En 1900, l’empereur Guillaume II règne depuis douze ans. Agé de quarante et un ans, l'homme ne manque ni de prestance ni de qualités d’esprit. Il s’intéresse à son métier de monarque et l’exerce avec beaucoup de conscience. Il est bon orateur et affiche à la fois une grande simplicité et une certaine ouverture aux questions sociales. Mais il est impulsif et vaniteux, versatile et extrêmement maladroit. Imbu de son droit divin, il supporte mal les critiques et tend de plus en plus à gouverner avec l'appui d'une «camarilla» restreinte et docile. Bien qu'attaché à la paix, il inquiète l’Europe - parfois même les responsables de la politique étrangère du Reich — par ses harangues

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L'amorité
judiciaire et mililaire
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souverain (le prince régent Luitpold en
Bavière, le roi Guillaume l" au
Wurtemberg, le grand-duc Frédéric de
Bade, etc.), parfois même la direction
de son armée et de ses services
postaux.
Il envoie des représentants à
la Chambre haute (Reichsrat) qui vote
les lois et autorise l'empereur à
dissoudre le Reichstag.
En fait,
l'hégémonie prussienne reste très forte
au sein du Reich.
C'est un membre de
la famille des Hohenzollern qui détient
le titre impérial.
Le chancelier cumule
ses fonctions avec celles de Premier
ministre de Prusse, cc qui lui pose des
problèmes lorsqu'il doit défendre un
projet de loi à la fois devant le
Reichstag, élu au suffrage universel, et
devant le Landtag de Prusse, élu
suivant un système de classes et par
conséquent dominé par les
conservateurs.
La Prusse enfin, de loin
l'État le plus puissant et le plus peuplé,
détient 17 des 58 sièges du Reichsrat.
En 1900, l'empereur Guillaume II
règne depuis douze ans.
Âgé de
quarante ct un ans.
l'homme ne
manque ni de prestance ni de qualités
d'esprit.
Il s'intéresse à son métier de
monarque et l'exerce avec beaucoup
de conscience.
Il est bon orateur et
affiche à la fois une grande simplicité et
une certaine ouverture aux questions
sociales.
Mais il est impulsif et
vaniteux, versatile et extrêmement
maladroit.
Imbu de son droit divin, il
supporte malles critiques et tend de
plus en plus à gouverner avec l'appui
d'une «camarilla» restreinte et docile.
Bien qu'attaché à la paix, il inquiète
l'Europe -parfois même les
responsables de la politique étrangère
du Reich -par ses harangues belliqueuses.
Sous des dehors
d'autocrate énergique et sûr de soi,
Guillaume Il est donc un faible qui
subit l'influence de son entourage et, à
travers celle-ci, celle de la caste
aristocratique prussienne, ce qui ne
peut qu'incliner le régime dans le sens
d'un autoritarisme et d'un
conservatisme croissants.
Tensions sociales
et contestation politique
Hobereaux et aristocrates de haut rang
ne sont d'ailleurs pas les seuls à freiner
les quelques velléités sociales de
l'empereur.
En effet, la classe
dirigeante allemande tend à
s'homogénéiser à l'aube du xx' siècle,
la distinction entre noblesse et grande
bourgeoisie (banquiers, armateurs,
grands patrons de la sidérurgie comme
les Krupp et les Thyssen) s'estompant
avec le jeu des anoblissements et des
stratégies matrimoniales.
Surmontant
certaines de leurs oppositions d'ordre
économique (notamment à propos de
la politique douanière), ces deux
groupes sociaux s'unissent dans un
même combat pour préserver l'ordre
établi et pour s'opposer aux réformes
politiques et sociales réclamées par les
masses populaires et par une partie des
classes moyennes.
La grande préoccupation des
représentants de la classe dirigeante,
au cours des premières années du
siècle, est la lutte contre la social
démocratie.
Réorganisé par Bebel, le
SPD (Sozialdemokratiscbe Partei
Deutsch lands) remporte en effet des
'
t succès
électoraux de plus en plus
éclatants: plus de 2 millions de
suffrages et 56 députés au Reichstag en
1898; plus de 3 millions de voix (soit
31,7% des électeurs) en 1903;
4 250 000 voix et 110 sièges en 1912.
À cette date, le parti socialiste est de
loin la formation la plus largement
représentée au Reichstag.
Cette
spectaculaire poussée s'explique
d'abord par la forte croissance des
effectifs salariés, même si nombre
d'ouvriers catholiques donnent encore
leur voix au Zentrum.
Elle est
également favorisée par la
remarquable organisation du parti, fort
de ses 1 700 000 membres, de ses
5 000 sections, de ses
40 000 fonctionnaires, responsables
permanents et cadres formés dans les
«écoles» du parti, de ses mouvements
de jeunesse, associations culturelles,
sportives, etc., ainsi que de ses liens
étroits avec le syndicalisme.
En effet,
les syndicats sociaux-démocrates, dits
«Syndicats libres», rassemblent deux
millions d'adhérents à la fin de la
décennie 1900-1909, alors qu'ils n'en
comptaient pas plus de 300 000 vingt
ans plus tôt, contre 750 000 pour les
syndicats chrétiens, 300 000 pour les
syndicats «indépendants» et 100 000
pour les« libéraux».
Véritable modèle
pour le socialisme européen, le SPD
n'en est pas moins une formation
divisée et qui tend de ce fait à perdre
beaucoup de sa force corrosive.
Au
cours des dernières années du
xrx' siècle et de la décennie suivante,
l'élévation du niveau de vie des
ouvriers, le nombre et l'importance des.
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