Arménie de 1990 à 1994 : Histoire
Publié le 15/01/2019
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La République d’Arménie, qui a proclamé son indépendance par référendum le 21 septembre 1991, ne représente qu’une petite partie de l’Arménie historique et géographique. L'enclavement de cet îlot montagneux, au climat continental, aux ressources naturelles limitées, doté de voies de communication contrôlées par des États voisins (Géorgie, Azerbaïdjan, Turquie, Iran) plus ou moins hostiles, constitue une contrainte géopolitique importante dans une situation de forte

«
Le
différend à propos du
Haur-Karabakh est/a principale
source de conflit enrrt l'Arménie
et l'Azerbaïdjan.
©Max Sivas/ion · Sygma Levant,
disparaît au xrv ' siècle, à la fin
de l'ère des croisades.
Un christianisme ancien (début du
tv< siècle), autour d'une Église
nationale autocéphale, une langue
ioda-européenne dotée de son
alphabet propre depuis le v' siècle, la
mémoire d'un passé parfois
prestigieux, souvent tourmenté : tels
sont les éléments constitutifs d'une
forte identité.
Celle-ci s'est forgée dans
l'obstination à survivre en tant que
nation dans un espace conflictuel.
Guerres et invasions ont provoqué une
dispersion précoce.
Sur les six à sept
millions d'Arméniens, la moitié vit
hors de la République d'Arménie,
principalement en Russie et au
Caucase (environ 1,5 million), au
�oyen-Orient (de 4 à 500 000), aux
Etats-Unis et au Canada (environ
900 000), en Europe occidentale (de 2
à 300 000 en France), en Amérique
latine et en Australie (100 000).
Ce
sont les rescapés (et leurs descendants)
du génocide de 1915, perpétré par le
gouvernement jeune-turc et qui met fin
à la présence arménienne en Anatolie
orientale.
C'est dans la partie caucasienne du
pays, conquise par la Russie en 1828
sur la Perse et !:Empire ottoman, que
va renaître un Etat.
La première
République indépendante est
proclamée le 28 mai 1918.
dans le
chaos de la Première Guerre mondiale
et de l'éclatement de l'Empire tsariste.
Prise en tenailles entre les kémalistes
et les bolcheviks, elle est ramenée dans
l'orbite russe par la soviétisation
(décembre 1920), avec un territoire
amputé qui n'inclut ni les districts de PAYS
DU MONDE 1990-1994
Kars et Ardahan, récupérés par la
Turquie, ni les provinces anatoliennes
de Van, Bitlis, Erzeroum, Trébizonde
que lui avait attribuées le traité de
Sèvres (10 aoOt 1920), ni le
Nakhitchevan et le Karabakh,
rattachés à l'Azerbaïdjan par Staline.
Du communisme de guerre aux années
Gorbatchev, en passant par l'ère
stalinienne, la République socialiste
soviétique d'Arménie traverse toutes
les étapes de l'histoire de l'URSS et
connaît toutes les vicissitudes du
régime et du totalitarisme.
La perestroïka fait resurgir des
revendications linguistiques,
culturelles, écologiques, territoriales et
autonomistes.
L'Arménie indépendante
En février 1988, la remise en cause de
la tutelle de Bakou sur la région
autonome du Haut-Karabakh, peuplée
à 80 % d'Arméniens, est l'un des
détonateurs de la flambée du
nationalisme en URSS et déclenche
des heurts avec les Azéris.
La politique
de Moscou , qui mise sur le
pourrissement de la situation et sur la
neutralisation d'un nationalisme par
l'autre, favorise l'escalade de la
violence (pogroms antiarméniens à
Soumgaït, Kirovabad et Bakou).
Au mois de décembre 1988, un violent
séisme à Spitak et Leninakan détruit
un tiers du pays (25 000 morts, 500 000
sans-abri), suscitant une immense
vague de solidarité internationale,
tandis que l'arrestation du Comité
Karabakh renforce le sentiment
nationaliste de la population.
Issu de ce
dernier, le Mouvement pan-national
arménien remporte les premières
élections législatives libres de l'été
1990 avec un programme prévoyant
l'accès à l'indépendance par la voie
constitutionnelle, sans rupture brutale
avec Moscou.
L'Arménie est la première République
à déboulonner les statues de Lénine et
à privatiser les terres (février-mars
1991).
Le multipartisme se concrétise
par la création d'une dizaine de
formations et le retour d'exil des partis
historiques, dont le Dachnaktsowioun
(socialiste), qui incarnait la première
République et l'opposition au
bolchevisme.
Lors du référendum du
21 septembre 1991,l'indépendance est
plébiscitée.
Diverses réformes structurelles
de l'économie et des
institutions, la préparation d'une
nouvelle Constitution, la création
d'une monnaie nationale, le drom
(novembre 1993), et d'une armée
contribuent à lui donner une réaüté.
La disparition de l'URSS accélère le
processus de reconnaissance
internationale.
L'Arménie devient
membre de l'ONU, de la CSCE, du
FMI, de la Banque mondiale, etc.
Si
elle pratique une politique d'ouverture
avec la Turquie et l'Iran et privilégie
les relations avec les pays oil existent
de fortes communautés arméniennes
comme la France, elle adhère à la CEl
dès décembre 1991 et signe un accord
avec la Russie pour la défense
conjointe des frontières Guin 1992) et
pour le maintien de bases militaires
russes pendant vingt-cinq ans.
S'ajoutant aux difficultés du
postcommunisme, aux conséquences
du séisme et au problème des réfugiés
d'Azerbaidjan, le conflit du Karabakh,
où les combats se sont intensifiés
depuis 1992, entrave les efforts pour
sortir du marasme économique,
reconstruire un État de droit et en
garantir la sécurité.
Le blocus imposé
par l'Azerbaïdjan depuis 1989 asphyxie
ce pays enclavé, accentuant la pénurie
énergétique consécutive à la fermeture
de la centrale nucléaire de Metzamor.
Néanmoins, malgré l'opposition
croissante au président Levon
Ter-Petrossian, élu au suffrage
universel en octobre 1991, une relative
stabilité politique a pu être préservée,
au moins jusqu'à la suspension du parti
Dachnak et de divers organes de presse
(décembre 1994), décision qui a suscité
des interrogations sur l'état de la
démocratie à l'approche des élections
législatives de l'été 1995.
Erevan a fait
appel à une médiation internationale
(ONU, CSCE) pour résoudre un
conflit oil se confrontent deux
principes contradictoires,
l'autodétermination des peuples et le
maintien des frontières.
Après une
période de flottement, la Russie semble
décidée à maintenir son influence et ses
troupes en Transcaucasie et à y jouer le
rôle de gendarme régional face aux
ambitions de la Turquie et de l'Iran.
Claire Mou RADIAN.
»
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