Charles VI rencontre Richard II d'Angleterre à Ardres

« pour leurs escarcelles.

Seul ou presque, Richard II d'Angleterre souhaite la paix .

La paix contre un mariage Les plénipotentiaires ne se sont pourtant pas résignés et ont multiplié les rencontres .

A Paris, en mars 13 95, la solution d 'une alliance des deux familles régnantes a pris corps.

Quatre mois plus tard, on a annoncé les fiançailles du roi Richard Il avec la fille de Charles VI, Isabelle de France, âgée de six ans seulement .

Enfin , le 9 mars 13 96, un contrat de mariage a été conclu moyen­ nant une dot considérable de huit cent mille francs et la pro­ messe réciproque d'une trêve de vingt- huit ans entre les deux royaumes .

Les deux souverains décident alors de se rencontrer pour sceller solennellement leur nouvelle parenté.

Rendez­ vous est pris pour le vendredi 27 octobre 13 96, à Ardres, près de Saint-Omer, sur la « frontiè­ re » franco-anglaise .

A la mi-octobre, les deux délé­ gations installent leurs camps dans les prés qui jouxtent la «ligne de démarcation ».

Richard II impose un luxe de précaution car il redoute les réactions de quelques-uns de ses sujets qui pourraient vou­ loir en découdre avec les Fran ­ çais.

Afin d'éviter toute provo­ cation, les jeux, les concours de tirs à l'arc et même la musique sont interdits.

Par ailleurs, à l 'exception de son escorte, les hommes sont désarmés.

Charles VI se méfie tout autant des réactions imprévisibles des siens , n' oubliant pas que les deux royaumes sont en guerre depuis près de soixante ans.

Le 27 octobre, le roi de France, accompagné des princes et d'une escorte de quatre cents chevaliers, se dirige vers le camp de Richard Il.

A trois cents mètres du but, les chevaliers mettent pied à terre pendant que Charles VI et les princes continuent leur chevauchée jus­ qu 'à la tente de Richard Il.

Les deux rois se saluent puis s'em­ brassent publiquement.

Les conversations secrètes de Charles VI et Richard Il Après l'échange de cadeaux et la coupe de l'amitié, la confé­ rence commence .

Charles VI, entouré de ses oncles Berry et Bourgogne, s'enferme plus de quatre heures avec Richard Il.

Rien ne filtre de l'entrevue.

Tout au plus apprend-on que les deux souverains ont juré sur les Évangiles d'être « bons et loyaux amis ensemble et que comme père et fils s'entr 'aime­ ront ».

li est probable que les débats ont porté sur les aspects financiers du mariage de Richard et d'Isabelle ainsi que sur les droits que le souve­ rain anglais peut avoir sur la Couronne de France et qu'il entend conserver.

Le soir, les deux délégations sont conviées à un fastueux banquet où le vin coule à flot.

EDITI ONS ATLAS LE DESTIN TRAGIQUE DE RICHARD Il A peine âgé de douze ans, Richard hérite du trône d'Angleterre , à la mort de son grand-père Edouard Ill, en 1377.

Aussitôt, les factions se déchirent autour du jeune souverain.

La plus virulente est celle du duc de Lancastre, oncle de Richard, écarté d'une régence qu'il croyait acquise.

Le conflit s ' envenime à tel point que le roi confisque finalement le duché de Lancastre à la mort de son titulaire.

Mais c' est là pousser le fils de Lancastre à la révolte.

Le pays s'embrase à l'appel du nouveau duc et Richard, abandonné de tous, est contraint d'abdiquer, le 29 septembre 1399.

Lancastre est couronné sous le nom d'Henri IV et abandonne la politique de paix de son prédécesseur.

Mais soudain le vent se lève, la tempête est là.

Avant même que les convives n' aient pu trouver un abri, la bise arrache les tentes et souffle les torches.

Dans le plus grand désordre, chacun tente de regagner ses quartiers en maugréant sur ce mauvais signe du destin.

Le lendemain, le ciel est clair alors qu'Isabelle s'avance seule vers son nouvel époux .

Charles VI est ému d' abandonner une enfant de six ans en gage de sa nouvelle amitié.

Isabelle, en larmes, embrasse son père et ses oncles.

La troupe s'ébranle bientôt vers Calais où le maria­ ge est célébré le 4 novembre .

Les deux familles sont à pré­ sent liées et la trêve jurée jus­ qu 'en 1426.

La paix entre les royaumes de France et d'Angle­ terre est enfin une réalité après soixante ans de conflit.

Malheu­ reusement, le sort s' acharne.

En 1399, Richard Il est déposé puis mis à mort .

Avec lui meurent les espoirs d'une paix que l'on croyait perpétuelle.. »