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Chine de 1900 à 1909 : Histoire

Publié le 30/12/2018

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Des réformes institutionnelles profondes, mais tardives, et qui ne sauvent pas un empire affaibli par les rébellions populaires et l’ouverture imposée par les étrangers dans les années 1840-1860: voilà la dominante des années 1900. L’aggiomamento commence dès 1901, au lendemain de la rébellion des Boxers (1900). Son échec est sanctionné dix ans plus tard, en 1911, par le déclenchement de la révolution qui instaurera la république en 1912.

 

Un aggiornamento tardif sans assises politiques

 

L’effondrement de la plus ancienne structure politique vivante au début du siècle (y compris l’Église catholique) pourrait paraître chose normale. D’autant que la dernière dynastie, celle des Qing, contemporaine de Louis XIV, ne manquait pas d’ennemis. Sun Yat-sen (Sun Yixian) lui avait déclaré une guerre sans merci depuis 1895. Bon nombre de Chinois lui reprochaient sa faiblesse à l’égard de l’étranger, et d’être étrangère elle-même, puisque d’origine mandchoue. Pourtant, les réformes ont été à deux doigts de réussir, car elles ont su rallier dans un premier temps la fraction la plus évoluée des notables. Cette entente entre gouvernement et élite réformiste permet d'abolir en 1905 l’institution-clé de l’époque impériale : les examens qui sélectionnent les lettrés et donnent accès au mandarinat. Elle éclate cependant après 1905 lorsque ces alliés du régime, devenus maîtres des provinces, exigent de partager le

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« Cfcricawre de l'impératrice douairière T'seu-hi parue dans Je Rire du 14 juillet 1900.

© Edimedill Réfugi és devant les ruines d'une école briJannique à Pékin, délivrée en août 1900 par un corps expéditionnaire internariona/.

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En effet dans le même temps, les mesures de modernisation suscitent l'hostilité des conservateurs (qui n'auraient rien à redire à l'autoritarisme), bien que les deux aspects de la politique gouvernementale -réforme ct renforcement du centre -provoquent une mobilisation générale de tous les particularismes provinciaux.

C'est ainsi que l'entrée en politique de l'ancienne élite -lettrés, propriétaires et notables -se fait dans l'opposition, et qu'en quelques années une dynamique de modernisation accouche d'une révolution, faute d'avoir su choisir et surtout conserver ses alliés.

Qualifiée par les historiens marxistes chinois de révolution bourgeoise, la crise qui emporte les Qing entre 1906 et 1911 ne provient pas d'un conflit social entre l'ancienne élite et une bourgeoisie qui ne s'en détache qu'à peine.

Le conflit réel est un affrontement politique, opposant à Pékin des élites provinciales composites, en pleine évolution, mais dont les intérêts souvent divergents ont la particularité commune d'être lésés par les empiètements pékinois.

Ce qui, en somme, cause l'échec du processus modernisateur et indirectement la révolution, c'est l'absence à l'origine - vers 1901 -d'un bouleversement politique semblable à celui que le Japon a connu avant 1868 et qui a mis le gouvernement de l'empereur Meiji au diapason des élites provinciales réformistes.

En Chine, au contraire, les réformes ont été entreprises par le pouvoir en place, comme un pis-aller après l'échec d'une politique diamétralement opposée qui a conduit la cour à s'allier en 1900 au mouvement traditionaliste et xénophobe des Boxers.

Ce rejet des timides tentatives d'ouverture entreprises depuis les années 1860 (essentiellement par les pouvoirs provinciaux) couvait depuis la défaite infligée à l'empire par le Japon en 1895.

En 1898, la faction réactionnaire de l'impératrice douairière T'seu-hi (Cixi) avait étouffé dans l'œuf un programme de réformes approuvé par le jeune empereur Kouang-siu (Guangxu).

Après la défaite des Boxers, la pression des grandes puissances et des gouverneurs provinciaux réformateurs du Sud (restés à l'écart du conflit) impose à T'seu-hi un revirement spectaculaire qui lui permet de sauver son trône.

Opportunisme? Les tenants de la réaction ne sont nullement éliminés au sommet de l'État, en particulier dans le clan impérial qui donne le ton à la noblesse mandchoue.

Du moins T'seu-hi s'appuie-t-elle sur les hauts fonctionnaires réformistes: le gouverneur Tchang Tche-tong (Zhang Zhidong), apôtre de la réforme de l'enseignement, le général Yuan Che-K'ai (Yuan Shikai), artisan de la modernisation militaire et chef de l'armée du Nord, le Pei-yang (Bei yang), pépinière de futurs seigneurs de la guerre.

C'est elle encore qui impose la restructuration du gouvernement central et tranche, en 1906, en faveur d'un régime constitutionnel.

Eût-elle accepté le partage du pouvoir central revendiqué par les notables réformistes des provinces? Sa mort, en 1908, donne le signal de la réaction, œuvre de la régence des princes mandchous, qui exercent le pouvoir au nom de l'empereur-enfant P'ou-yi (Puyi).

Au lieu de re.nforcer la dynastie en lui apportant le soutien des éléments les plus dynamiques de la Chine profonde, les réformes qui voient le jour (élection au suffrage restreint d'assemblées provinciales en octobre 1909, assemblée de délégués des provinces à Pékin en 1910) sont des concessions extorquées par les notables, qui permettent à leur opposition de se structurer politiquement dans les provinces.

Politisation et opposition des notables Le problème de la Constitution a cristallisé ce mouvement d'opposition en faisant surgir sinon un parti, du moins une tendance constitutionnaliste caractérisée par un monarchisme libéral et décentralisateur.

En effet, ces inclinations pour ainsi dire girondines ne pouvaient guère s'accommoder d'une politique autoritaire et conservatrice.

Dans la Prusse de Bismarck ou le Japon de Meiji, le pouvoir a pu compter sur de nouvelles forces sociales -bourgeoisie marchande et industrielle -afin de moderniser l'économie et l.a société sans ouvrir de manière parallèle le système politique.

Contrairement à ces exemples classiques (où les nouvelles élites se satisfont de droits économiques �t d'une reconnaissance sociale), l'Etat chinois, nonobstant le manque de souplesse des princes mandchous, n'a pas trouvé de partenaires dans le champ social.

Cette absence de relais social n'est pas due à la faiblesse intrinsèque de la bourgeoisie.

L'évolution de l'élite des notables a été telle depuis le xvm' siècle, et le développement des communautés marchandes qui s'y sont peu à peu intégrées si important, que le champ social s'est largement renouvelé au sommet, bien avant l'émergence de la bourgeoisie industrielle qui s'en détachera dans les années 1910-1920.

De plus, cette évolution a été si profonde qu'elle s'est étendue au domaine des activités publiques.

C'est précisément ce développement antérieur de leurs responsabilités locales qui a empêché les notables de se prêter à un rééquilibrage des pouvoirs au profit du gouvernement central et de sa bureaucratie, fussent­ ils modernisés.

Exercice de fonctions déléguées localement pour la gestion. »

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