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Comte Sforza, Dictateurs et dictatures d’après-guerre, Gallimard, Paris 1931: Quelles sont les causes politiques qui poussent à la dictature ?

Publié le 07/10/2016

Extrait du document

sforza

Document sur les dictatures.

 

Le comte Sforza, libéral italien, écrit en 1931 :

 

«Ce ne fut qu’après la guerre que les dictatures envahirent l’Europe : des dictatures qui différaient par les origines et par les buts, réels ou vantés ; mais ayant toutes en commun la nécessité d’imposer le despotisme le plus absolu sur toutes les formes de la vie nationale... Quatre ans de guerre apprirent aux survivants, ou du moins à beaucoup d’entre eux, que la violence était un devoir même dans le champ moral ; que l’obéissance la plus aveugle était une vertu nationale, même dans les matières de l’esprit... On pourrait presque dire que cette excitation des passions nationalistes chez les masses constitue la caractéristique commune et essentielle des dictatures d’après-guerre...

 

A la vérité, il n’est pas difficile de découvrir des passions et des égoïsmes qui, certes, ont existé pendant des siècles, mais qui jamais ne s’allièrent aussi cyniquement qu’à présent ; on commence presque à avouer leur alliance en Allemagne comme en Italie, en France comme dans certains cercles britanniques qui n’ont pas trouvé leur Mussolini ou leur Hitler, mais sont en train d’en chercher un... Ces passions sont :

 

la revanche offensive des autocraties contre les démocraties, sous une forme violente qui est l’effet des habitudes de la guerre ;

 

la lutte engagée par les industriels et les propriétaires terriens, soi-disant contre le danger bolchévique, en réalité contre toute forme de mouvement socialiste et travailliste; ... Les meneurs de cette lutte sont presque heureux d’avoir l’épouvantail du bolchévisme comme cri de ralliement; ...

 

et finalement, quoique beaucoup moins important, tout au moins hors d'Allemagne, le mouvement antisémite, dont on a entrevu l’apparition, à la suite de la dictature, même dans des pays qui en avaient été exempts, comme l’Italie...

 

Il a été plus ou moins à la mode, ces dernières années, un peu partout en Europe et aux États-Unis, de médire de la démocratie

comme d’une forme de gouvernement des plus basses et des plus médiocres, tandis que la dictature serait, elle, le régime où les meilleurs auraient eu leur chance à l’abri de l’aveugle sort des urnes...
Les dictatures ne peuvent durer et prospérer que dans une atmosphère de guerre ; et si leur politique étrangère reste, ou semble, pacifique, c’est seulement parce qu’elles se sentent liées par une atmosphère internationale qu’elles ne sont pas assez fortes ou assez audacieuses pour défier. Mais qu’une fissure se forme, et toute dictature se mettra à espérer que le jeu sanglant approche à nouveau. »
Comte Sforza, Dictateurs et dictatures d’après-guerre,
Gallimard, Paris 1931.

A partir du document ci-dessus, vous pouvez, au choix :

 

faire un commentaire composé à votre initiative,

 

faire un commentaire organisé, en répondant aux questions suivantes :

 

1. Quand s’est établie la dictature en Italie? en Allemagne?

 

2. Quels rapports l’auteur voit-il entre la guerre de 1914-1918 et le développement du fascisme?

 

3. Quelles sont les causes politiques qui poussent à la dictature ?

 

4. Quelles sont les causes sociales qui poussent à la dictature?

 

5. Quel rôle a joué l’antisémitisme dans l’établissement et le maintien des régimes totalitaires?

Le totalitarisme du nouveau despotisme fasciste se traduit par sa volonté de contrôler tous les aspects de la vie de la Nation. Comme l’affirme Mussolini : «L’Etat est tout, l'individu n’est rien.» La dictature politique se traduit par l’autorité incontestée du Chef, Duce, Führer, Caudillo, etc., par l’existence d’un parti unique et par le pouvoir des polices politiques laissées pratiquement libres d’agir en dehors de la loi. L’Etat intensifie démesurément son rôle économique : il contrôle les entreprises, leur enjoint de se plier aux décisions du Plan, se substitue au secteur privé dans les domaines où il s’avère défaillant. Il détermine les rapports professionnels (charte du travail, syndicats contrôlés par le parti, corporations italiennes, «Front du Travail» allemand. Il surveille la vie intellectuelle et artistique, organise les loisirs (Dopolavoro, Kraft durch Freude) encadre la jeunesse (Balilla, Avanguardisti, Hitler Jugend). Même la vie privée des citoyens n’échappe pas au droit de regard de l’État fasciste.

 

Le nationalisme sert à justifier la dictature. Le fascisme est né des nationalismes blessés (« Victoire mutilée » italienne, « Diktat » de Versailles pour les Allemands) et des prétendues menaces de la subversion intérieure «internationaliste». Il fonde théoriquement sa dictature sur la conception de la « lutte pour la vie» qui caractérise l’Histoire. Celle-ci est présentée comme la lutte entre les Nations ou les races. De ce combat seuls les plus forts sortent vainqueurs, et « malheur aux vaincus ! ».

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