Constantin Ier le Grand
Publié le 27/02/2008
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Constantin est, après Dioclétien , le fondateur de ce qu'on appelle le “ Bas Empire ” romain.
Plus même que son illustre prédécesseur, il a marqué le monde antique et orienté l'histoire.
Son règne un des plus longs de l'époque, puisqu'il a duré trente ans mériterait d'être retracé pas à pas.
Adéfaut de pouvoir en faire le récit détaillé, on en notera ici les principales étapes et les lignes directrices.
Flavius Valerius Constantinus né à Naïssus (Nis) en Illyricum le 27 février 282 (l'année étant approximative), était le fils d'un officier pannonien,Constance Ier , devenu, en 293, membre du collège impérial.
Dioclétien , n'ayant pas d'enfants, écarta, on le sait, toute tendance à l'hérédité. Lorsqu'il remania la Tétrarchie en abdiquant le titre d'Auguste avec son collègue Maximien en 305, il évita donc de désigner comme Césars le fils de celui-ci et celui de Constance.
C'est par une véritable usurpation que l'un et l'autre accédèrent au pouvoir l'année suivante : Constantin futacclamé par les soldats à la mort de son père au fond de la Bretagne à Eboracum (York), et le nouveau chef de la Tétrarchie, Galère , ratifia ce choix, en lui reconnaissant au moins le titre de César ; mais lorsque Maxence et son père Maximien sont proclamés par les Romains trois mois après, cette irrégularité n'est pas avalisée, et s'ouvre alors une grave crise où en six ans allait sombrer la Tétrarchie.
Constantin, d'abord maître desGaules, conquiert l'Italie en 312 sur Maxence : vainqueur au Pont Milvius , il entre dans Rome où le peuple acclame le “ restaurateur de la République ” et le Sénat le reconnaît comme Maximus Augustus, “ le plus grand des Augustes ”, supérieur par conséquent à ceux qui détenaient le reste de l'Empire.
Va-t-il alors reconstituer la Tétrarchie à son profit ? On lui en a prêté l'intention ; mais il ne semble pas que ce fut dans sesvues : resté seul avec Licinius , il liquide décidément le système de la Tétrarchie, remplacée par un régime tout différent.
Alors que Dioclétien avait voulu renforcer l'unité impériale en répartissant les tâches administratives et militaires entre des subordonnés contrôlés par le premier Auguste,Constantin procède à un véritable partage de l'Empire : il est souverain de l'Occident et Licinius de l'Orient, chacune des deux partes imperii ayant sa législation propre et sa monnaie distincte ; la fiction de l'unanimitas ne laissait subsister entre eux qu'un lien moral avec la mention des deux Augustes dans l'intitulé des lois et celle des deux consuls (choisis par le premier Auguste) pour dater les années dans tout l'Empire.
En outre, dans chacun des deux États, c'est une véritable dynastie qui est fondée.
A la cooptation pratiquée par Dioclétien P090 va se substituer une nouvelle légitimité de caractère héréditaire.
Dès 310 on trouve les premiers indices de cette conception dans le panégyrique de Constantinprononcé devant lui à Trèves : selon l'orateur officiel, le prince tenait le pouvoir de son père, qui, avant de mourir, l'aurait désigné aux acclamationsdes soldats ; Constance lui-même se rattachait (en ligne féminine) au “ divin ” Claude le Gothique P1386 .
En 317, un nouveau pas est franchi : deux Césars sont nommés en Occident, un en Orient, qui ne sont autres que les fils, encore jeunes, des Augustes : Crispus avait quatorze ans, maisConstantin le Jeune n'avait que quelques mois ; le système était donc fort éloigné de celui de Dioclétien P090 , où les Césars étaient des collaborateurs expérimentés.
Il ne s'agissait plus que d'héritiers présomptifs, destinés à se préparer aux tâches gouvernementales ou militaires,avant de succéder plus tard à leur père.
De ces deux dynasties parallèles ainsi organisées, l'une va disparaître au bout de quelques années.
Constantin avait été en guerre avecLicinius P1992 en 316 ; vainqueur en deux rencontres, il n'a pu ou voulu éliminer alors son rival, se contentant de lui enlever l'Illyricum oriental jusqu'aux frontières de la Thrace.
Mais après plusieurs années de tension, le conflit se rouvre en 324 ; cette fois la défaite de Licinius P1992 est totale.
Constantin reste seul maître de l'Empire entier jusqu'à sa mort en 337.
A cette date de 324, qui marque le sommet de sa carrière, Constantin a quarante-deux ans.
Son aspect physiqueest bien connu, grâce aux descriptions littéraires et aux représentations figurées, surtout celles des monnaies.
Nezaquilin, les yeux ardents sous les sourcils épais, menton proéminent, forte encolure : tout dans sa figure et sastature dénonce une mâle vigueur, un tempérament impulsif, une autorité souveraine.
C'est assurément une naturede chef, qui s'est fait respecter et admirer par les soldats : on l'a vu lutter seul contre des bêtes fauves, contre desBarbares prisonniers, partir avec deux officiers pour espionner le camp ennemi.
Son audace égale son courage, et ila donné la preuve de ses talents militaires dans les campagnes menées sur le Rhin contre les Germains et dans lestrois guerres qui l'ont opposé à ses rivaux, si bien qu'il a été, a-t-on pu dire, un des rares généraux qui n'ont jamaisété vaincus.
Cependant ce soldat valeureux, digne héritier des Illyriens qui depuis un demi-siècle ont assuré le relèvement del'Empire, n'a pas fait la guerre souvent ni volontiers : elle n'est pour lui qu'un instrument au service de son ambitionpolitique.
Il aspire à gouverner plutôt qu'à combattre.
Dans le gouvernement tout lui plaît : l'activité réformatrice, on le verra, et aussi l'apparat, la magnificence, l'éclat des cérémonies.
Profondémentvaniteux, c'était un homme qui se regardait plusieurs fois par jour dans son miroir.
Sa coquetterie aura une portée historique, qu'il faut souligner :alors que tous les empereurs depuis Hadrien P129 portaient la barbe, il s'est fait raser et, la mode s'en mêlant, l'usage se maintiendra autour de lui et après lui ; tous les princes du Bas Empire ont désormais le visage imberbe.
Autant qu'au bel homme, il pose au bel esprit.
Peu instruit comme tous les militaires illyriens il se donne un vernis deculture.
Dans son séjour en Gaule, il est entouré de rhéteurs, qui prononcent volontiers son panégyrique à la Courde Trèves.
Plus tard il est fier d'être élu stratège de l'antique cité d'Athènes et se montre généreux envers lesphilosophes, comme il le sera aussi envers les évêques.
A l'occasion il s'improvise lui-même orateur, déclamant desdiscours amphigouriques où s'étalent des connaissances mal digérées, des idées confuses ou incohérentes.
Sa vanité, comme son désir d'action se complaisent dans des décisions spectaculaires qui marqueront sa grandeuraux yeux de la postérité.
S'il n'a fait que deux brefs séjours à Rome au lendemain de sa victoire de 312 et pour sesvicennalia de 326 il a embelli les grandes villes où il a séjourné en Gaule (Trèves et Arles) et attaché son nom à des créations durables.
En Afrique, Cirta a conservé le nom de Constantine qu'il lui a donné, et surtout la petite citéde Byzance est devenue Constantinople parce qu'il en a fait sa capitale.
Sur ce site prestigieux, au contact del'Europe et de l'Asie, au passage de deux mers, il a fondé une réplique de la Ville Éternelle, avec un Forum, unecurie, un palais et des institutions rappelant la ville des Césars, un Sénat et un populus romanus.
C'est bien une “ nouvelle Rome ” que Constantin a inaugurée solennellement en 330, où sont désormais fixés la Cour et les organes.
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