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De la fin de l'URSS à la CEI: Le démantèlement de la superpuissance soviétique

Publié le 10/11/2018

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UNE NOUVELLE ÈRE

L'arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev en 1985 ouvre la dernière période de l’histoire de l'URSS, une phase de six ans au cours de laquelle son projet débouche malgré lui sur l'implosion de l'Union et la création d’une nouvelle entité, la Communauté d'États indépendants (CEI). Avec l’URSS s'effondre le système géopolitique fondé sur un rapport de force bilatéral défini à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

LA FIN DE L’URSS (1985-1989)

L'Union soviétique des années 1980

Née en 1922, l'URSS est jusque dans les années 1980, en mesure d'imposer à une partie du monde son idéologie, de rivaliser avec l'Occident sur le plan économique et technologique. Au tournant de cette décennie, elle laisse transparaître de nombreux signes d’essoufflement dans les domaines économique, politique et international.

Une économie au bord du chaos

L'URSS est un État multinational qui rassemble en une structure fédérale 15 États membres (Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Estonie, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizistan, Lettonie, Lituanie, Moldavie, Ouzbékistan, Russie, Tadjikistan, Turkménistan, Ukraine) et qui s'étend sur plus de 22 millions de km2 de la mer Baltique à la mer Noire du nord au sud et jusqu'à l'océan Pacifique à Test.

Son sous-sol est riche en ressources énergétiques (houille, pétrole, gaz naturel) et minières (fer, or, tungstène et platine), et, grâce à ses puissants fleuves, le pays dispose de ressources hydrauliques considérables.

Dans les années 1980, l'économie soviétique stagne. Les transports demeurent un goulet d'étranglement dans la circulation des hommes et des marchandises, la répartition des activités industrielles est toujours aussi déséquilibrée - la république de Russie concentrant à elle seule en 1980 encore 63,3 % de la production industrielle. La structure des échanges, fondée sur l'exportation de matières premières et l'importation de biens d'équipement, est archaïque face au dynamisme des économies capitalistes.

Le bilan démographique et social n'est guère plus encourageant, marqué par de fortes disparités. La population totale est estimée à 272 millions en 1985. Elle se répartit très inégalement sur le territoire : plus des deux tiers de la population totale se concentrent sur la partie européenne du pays. En moyenne, en 1989,40 % des familles vivent avec moins de 100 roubles par mois (9,68 euros - valeur 2002) ; elles consacrent 59 % de leurs revenus à l'achat de denrées alimentaires. Leur quotidien est marqué par la pénurie de fruits et de légumes, mais aussi de chauffage, d’électricité et d'eau courante.

Perestroïka et glasnost

(1985-1989)

En 1985, à la mort de Konstantine Tchernenko, Mikhaïl Gorbatchev accède au poste de secrétaire général du PCUS, après un parcours exemplaire au sein du parti. En prenant ses fonctions, il est très conscient de la précarité de la situation de l'Union soviétique.

Il est aussi convaincu que des réformes politiques et économiques s'imposent, et prône, comme nombre de ses prédécesseurs, un retour au léninisme afin de s'assurer une légitimité. Les premiers choix de Gorbatchev ne semblent en effet pas constituer une rupture radicale avec le passé. Néanmoins, dès le début de 1986, il introduit dans ses discours deux mots d’ordre : glasnost et perestroïka. La glasnost signifie « transparence », le fait de rendre public ce qui était jusque-là dissimulé ; quant à la perestroïka, elle implique la restructuration du système politique.

La perestroïka

Gorbatchev commence par renouveler le personnel politique gouvernemental du Kremlin. À son image, son équipe est considérablement rajeunie et adhère à des références idéologiques et historiques en rupture avec la précédente. Entre 1987 et 1989, de nombreuses réformes politiques et institutionnelles introduisent une petite dose de démocratie au sein

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La chute du mur de Berlin

 

Ce mouvement de détente affecte également les relations entre l’URSS et les démocraties populaires de l'Europe centrale et orientale. Jusqu'à l'automne 1989, les comportements ont été contradictoires voire paradoxaux : la Bulgarie, la Tchécoslovaquie et la RDA, les plus inféodés, se démarquent nettement de la nouvelle donne, alors que la Hongrie et la Pologne y adhèrent avec empressement, la Roumanie demeurant à part. Mais le mouvement de libération devient irrésistible. À l'automne 1989, une à une, les démocraties populaires s'émancipent de la tutelle soviétique avec l'accord tacite de Moscou. Le mur de Berlin s’ouvre sous la poussée populaire (9 nov.) tandis qu'en Roumanie, Nicolae Ceausescu est déposé et exécuté (25 déc.).

« économiques dans lequel l'a engagée M.

Gorbatchev a précipité la décomposition de l'un des États les plus puissants du xx< siècle.

En décembre 1991, une nouvelle structure fondée sur des principes radicalement différents émerge du chaos : la CEl ou Communauté d'États indépendants .

indépendance .

En janvier 1991 , la Lituanie et la Lettonie subissent L'tCHEC DE GoRBATCHEV successivement l'intervention des forces l'assainissement du climat international armées .

durant l'année 1989 contraste avec l'accumulation de problèmes intérieurs non résolus : la question du pluralisme politique, celle de la crise économique e~ paradoxe de la perestroika, la montée des revendications nationalistes et la remise en cause du pacte fédéral.

La rentrée parlementaire qui suit les élections de mars voit en effet l'émergence de la contestation politique.

Une crise économique persistante La crise économique s 'aggrave et les tickets de rationnement pour les produits de consommation courante font leur réapparition .

Le mécontentement gagne toutes les couches de la population .

Les conflits sociaux se multiplien~ souvent soutenus par les membres locaux du parti, peu désireux de renoncer à leurs privilèges et positions .

Des revendications nationalistes de plus en plus insistantes Le tableau s'obscurcit encore un peu plus le 9 avril 1989, lorsqu 'une manifestation démocratique à Tbilissi , en Géorgie , est violemment réprimée par l'arm é e.

Le démenti d'Édouard Chevardnadze d'une quelconque implication gouvernementale dans cet acte montre que la nature du conflit entre les partisans de Gorbatchev et les conservateurs hostiles a profondément changé et qu'elle est à même de menacer l'État.

Les tensions éclatent partout où des communautés sont implantées sur des frontières arbitrairement dessinées .

C'est le cas en juin 1989 en Ouzbékistan , puis en Moldavie .

l'Azerbaïdjan réclame quant à lui plus d 'indépendance dès le mois de janvier 1990 , puis c'est au tour du Tadjikistan .

Enfin , c'est des pays Baltes que vient la revendication au droit à l'autodétermination la plus ferme .

En mars 1990 , la Lituanie proclame son LE PUTSCH DES CONSERVATEURS La solitude du pouvoir Malgré son élection au poste de président de l'URSS , le 15 mars 1990 , Gorbatchev se trouve de plus en plus isolé.

Un de ses adversaires , Boris Eltsine , après avoir été un partisan fervent de la perestroika , porte un coup fatal au fragile équilibre qu'il a constitué .

Le 29 mai 1990, Eltsine est élu à la présidence de la république fédérative de Russie et revendique immédiatement le droit à la souveraineté politique de celle-ci.

Puis , lors du XXVIII ' Congrès du PCUS en juille~ Eltsine et plusieurs autres membres importants claquent la porte du parti.

La crise est profonde pour Gorbatchev, d 'autant que l'Ukraine proclame son indépendance le 24 juillet , et que Chevardnadze démissionne de son poste .

Gorbatchev est totalement isolé , malgré un soutien international important symbolisé par le prix Nobel de la paix qu'il reçoit cette même année.

Le putsch du 19 août 1991 Le 19 août 1991, un groupe de hauts dignitaires conservateurs de l'Armée rouge et du complexe militaro- industriel tente un coup d'État.

Lorsque les blindés envahissent Moscou , Eltsine appelle la population à la résistance .

Les Moscovites lui répondent favorablement et se mettent en travers du chemin des chars .

Dès le 21 aoû~ le putsch a échoué .

Gorbatchev , alors en Crimée , ne peut intervenir et perd sa dernière bataille politique.

À son retour à Moscou, il saborde , le 24 aoû~ le PCUS en démissionnant du poste de secrétaire général.

Mais il ne préside plus de facto qu'une coquille vide et l'URSS cesse d'exister dès la fin du mois .

LA CEl Le 8 décembre 1991 , s'achève à Minsk la lente agonie de l'URSS, lorsque les présidents de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie indépendantes annoncent la création de la CEl.

Dès le 21 décembre, toutes les anciennes républiques les rejoignent, à l'exception des pays Baltes et de la Géorgie .

Gorbatchev démissionne de son poste de président de l 'URSS le 25 décembre suivant.

LA RBIABIUTAnON DE SOUENITSYNE Néen1918,~~ autoritaire dans ses œuvres, publiées passe sa jeunesse à Rostov-sur-le- à l'étranger : Le Premier Cercle Don, dans le sud de la Russie.

En (1968), Le Pavillon des cancéreux (1968) et L'Archipel du goulag (1973).

Alexandre Soljenitsyne, qui a toujours plaidé pour l'abolition de la censure, obtient le prix Nobel de littérature en 1970.

En 1974, il est déchu de sa nationalité et exilé.

En 1990, il publie depuis les États-Unis un essai (Comment réaménager notre Russie) dans lequel il appelle janvier 1945, il est arrêté pour avoir au démantèlement de l'URSS , émis dans sa correspondance des estimant que le peuple russe en doutes sur les qualités militaires de pleine crise identitaire doit trouver le Staline .

Il est condamné sans appel à chemin de la renaissance morale et huit ans de déportation dans un spirituelle.

Ce discours est accueilli camp, expérience qu'il relate dans avec réserve par les Russes, même Une journée d'Ivan Denissovitch, s'il a le mérite à l'époque d 'évoquer paru en 1962.

Exposé à l'hostilité de des thèmes soigneusement écartés l'Union des écrivains (dont il sera des réformes : les réfugiés, le statut exclu en 1969), il continue de des minorités russes et le tracé des dénoncer le régime soviétique frontières.

Statuts et organisation de la CEl sécurité de l'ONU, il n'en demeure Le 21 décembre 1991 est officiellement pas moins qu'elle ne peut plus imposer créée la Communauté d'États sa vision à ses voisins sans risquer indépendants .

La déclaration dite d 'entrer en conflit avec eux.

Avec une d'Aima-Ata dessine les contours certaine impuissance , elle voit des États institutionnels de cette nouvelle entité .

voisins s'émanciper de sa tutelle La CEl est dirigée par un Conseil des comme les États d'Asie centrale qui, en chefs d'État qui se réunit deux fois par 1992 au Turkménistan , réfléchissent à la an (avec une présidence tournante ), création d'un marché commun régional par un Conseil des chefs de avec l'lran ,le Pakistan et la Turquie.

gouvernement (réuni deux fois par an) et des conseils interministériels LES CONStQUENCES 'tOPOLITIQUES (Affaires étrangères, Défense, Économie DE LA FIN DE L'URSS et Finances , Transports et La disparition de l'URSS est l'un des Communications , Protection sociale, événements majeurs de la fin du Affaires intérieures) .

Le 31 décembre , xx< siècle.

Elle marque la fin de relations les 11 membres de la CEl signent une internationales dominées par le rapport convention sur les forces stratégiques de force entre les deux et nucléaires s'accordant sur un superpuissances , les États -Unis et commandement unique .

Ils s'engagent l'URSS .

Son effondrement laisse place enfin à maintenir un «espace à de nombreux conflits régionaux que économique commun», avec une la dictature soviétique avait autant monnaie commune , le rouble.

étouffés qu'exacerbés.

Face à la crise économique La fin du pade de Varsovie En février 1992, à Minsk, les chefs d 'État Durant toute la guerre froide , de la CEl s'engagent à maintenir les la politique extérieure de l'URSS liens commerciaux existants et à utiliser a systématiquement cherché à coexister le rouble comme monnaie de pacifiquement avec les pays règlement.

À Bichkek (capitale du occidentaux et à établir une zone Kirghizistan), en octobre 1992 , 8 États d'influence appelée à jouer le rôle d 'un décident d'officialiser la zone rouble .

«glacis » stratégique : les républiques Pourtant la réalité des échanges socialistes de l'Europe de l'Est.

Le pacte commerciaux est bien plus souvent de Varsovie {14 mai 1955) est devenu bilatérale que multilatérale , accentuant l'instrument privilégié de cette politique .

la fin de la solidarité budgétaire entre À partir de 1989-1990,Ies pays les pays .

Le problème de la monnaie d 'Europe centrale et orientale est plus complexe .

À la veille s'engagent dans un processus de de l'éclatement de l'Union soviétique, désatellisation militaire e~ peu à peu, la monnaie nationale , le rouble , est le pacte de Varsovie se vide de toute en passe de devenir convertible avec un substance.

Une à une, les anciennes système de taux de change multiples .

démocraties populaires négocient La Russie introdui~ en juillet 1992, avec Moscou leur désengagement : un taux de change unique, avec une la Tchécoslovaquie en février 1990 puis , convertibilité interne limitée.

Pourtant , en mai 1990 ,Ia Hongrie.

Enfin, le 7 juin, la plupart des membres de la CEl ne les dirigeants des pays membres du tardent pas à annoncer leur intention pacte de Varsovie, réunis à Moscou, d'adopter une monna ie nationale .

signent «un accord fondé sur une base Comme pour les échanges , la réalité démocratique , entre États souverains prend le pas sur les intentions .

et de droits égaux».

Le 25 février 1991 , les ministres des Affaires étrangères et Une Russie prépondérante au sein de la Défense de l'URSS , de la Bulgarie, de la CEl? de la Hongrie , de la Pologne, de la Avec la fin de l'URSS , la Russie perd Roumanie et de la Tchécoslovaquie se le rôle dominant qu'elle occupait réunissent à Budapest pour dissoudre jusqu'alors.

Même si elle demeure la structure militaire de l'ancien bloc la plus grande entité régionale, même socialiste .

l'organisation politique si elle a réussi à occuper le siège laissé de l'alliance est également démantelée vacant par l'URSS au Conseil de le 1 " juillet.

Les zones de conflit en puissance Durant près de soixante-dix ans, au nom d u communisme , les revendications identitaires des cent ethnies qui constituaient le peuplement du territoire de l'URSS ont été soumises à la doctrine centralisatrice de Moscou .

La fin de l'URSS le s fait ressurgir au grand jour.

Les conflits entre les États de la CEl La prem ière cause de conflits entre les États membres est le partage des armements stratégiques répartis sur l'ensemble du territoire de l'ex-URSS .

En 1991 , la Crimée provoque un conflit majeur entre Russes et Ukrainiens qui s 'affront ent sur la question des forces navales de la mer Noire.

La seconde cause est la ligne des frontières et les revendic ations indépendantiste s de peuples minoritaires au sein des États .

En 1991, 1'Azerbaïdjan et l'Arménie entrent en conflit au sujet des territoires du Haut-Karabakb .

En 1992, commen c e le comba~ en Géorgie, des Ossè tes du Sud qui revendiquent leur ratta chement à I'Ossétie du Nord, territoire russe .

Les régions en crise Au début des années 1990, le Caucase , véritable mosaïque de peuples dont les territoires sont imbriqués inextricablemen~ entre dans une instabilit é chronique.

Les conflits se multiplien~ souvent attisés par la Russie qui, histo riquemen~ considère que le Cauca se doit demeurer sous son influence , alors que les convoitises autour d e s hydrocarbures de la mer ÎJ Caspienn e se doublent de projets d'oléoducs à travers la Turquie, vers la Médite rranée .

La Russie menacée d'implosion à son tour '1 Avant même la fin de l'URSS , un certain ~~ nombre d e républiques ou de régions autonom es intégrées au territoire de la république de Russie manifestent leur désir d 'accéder aux mêmes droits de 1·· sécession que les autres républiques il fédérées d e l' URSS .

La Tchétchénie proclame son indépendance dès 1991.

'-! En mars 1992,1e Tartarstan, l'une des li 20 républ iques autonomes de la Russie , organise un référendum donnant la majorité aux partisans d'un État w ....

souverain .

La Russie propose alors à ~~ ces divers territoires , républiques , ~~ régions, districts autonomes, un pacte ~; .fili ~~ !_ fédéral, signé par 18 républiques sur 20, proclamant le 31 mars 1992 la création d e la Hdération de Russie .. »

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