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ÉCONOMIE Mondialisation de 1990 à 1994 : Histoire

Publié le 15/01/2019

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mondialisation

ÉCONOMIE

Mondialisation

 

Le 15 avril 1994, à Marrakech, les représentants de cent vingt-deux pays ont paraphé l’acte final de l’Uruguay Round portant sur la renégociation de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Les discussions, entamées en 1986 et achevées en décembre 1993, ont eu pour objet principal l'organisation du commerce mondial, avec obligation pour les parties contractantes de négocier. L’expansion des échanges internationaux constitue l’une des tendances séculaires du développement du capitalisme, mais, semble-t-il, elle s’est accélérée dans les années quatre-vingt-dix. Afin de souligner le degré élevé d’interdépendance des économies (23 % des biens et services produits en France ont été exportés en 1993), on parle désormais de « mondialisation ».

 

Les tractations du GATT ont toutefois ignoré les mouvements d’échange de monnaies et de capitaux. Les conditions nouvelles qui sous-tendent ces derniers, et que l’on désigne généralement par « globalisation financière », jouent pourtant un rôle central dans révolution de l’économie mondiale.

 

La MONDIALISATION

 

L’évolution de l’activité économique et l’intensification des flux économiques internationaux sont couramment illustrées par le taux d’accroissement du commerce international (+ 5,2 % en 1993) supérieur à celui du PIB mondial (+ 2,2 % en 1993), la part grandissante des importations et des exportations par rapport au PIB (de

 

19 % en 1960 à 26,5 % en 1993 pour la CEE), et le développement des firmes transnationales.

 

Cependant, ces indicateurs ne suffisent pas à rendre compte du mouvement sous-jacent à ces tendances, qui traduisent une émancipation de l’activité économique des contraintes territoriales. Aujourd’hui, les grandes entreprises, mais aussi de nombreuses PME, définissent leur stratégie - commerciale, financière, productive - en y intégrant immédiatement la dimension internationale, voire mondiale. Elles gardent une base nationale, mais leurs filiales, leurs marchés, leurs associés, sont disséminés dans le monde entier; elles créent des sociétés, en cèdent, s’associent, rachètent d’autres entreprises, ou sont absorbées par des concurrents... C’est ainsi qu’une grande part du commerce « international » se développe au sein même de groupes multinationaux. Ce mouvement transfrontalier se renforce et marque les limites des capacités d’intervention des États : les économies étant devenues très largement interdépendantes, les décisions y afférentes peuvent difficilement être prises de manière autonome, ce qui explique, par exemple, les tentatives de coordination, comme la tenue annuelle du sommet du « G7 » qui, depuis 1975, vise à rendre cohérentes les politiques économiques des sept pays les plus industrialisés. Par ailleurs, l’absence d’une puissance politique dominante rend malaisée l’adoption de stratégies économiques communes. Le caractère de plus en plus fluide des marchés, qui s’explique à la fois par les progrès techniques en matière de transports et de communications et par la libéralisation croissante des échanges internationaux, contribue à modifier les conditions d’exercice de l’activité. Cette tendance se traduit en particulier par la concurrence que subissent les travailleurs peu qualifiés des grands pays industrialisés, qui voient nombre de leurs emplois transférés vers des zones où les rémunérations sont plus basses et les protections sociales, faibles, voire inexistantes. Cette compétition internationale est une des questions les plus délicates que les grands pays industrialisés doivent résoudre. Or aucune solution n’est véritablement satisfaisante : diminuer les salaires minima dans les pays développés renforcerait les inégalités sociales, qui apparaissent inacceptables, notamment en Europe de l’Ouest ; mais se retirer des grands courants d’échange internationaux n’est pas non plus envisageable, pour de multiples raisons, dont les imbrications étroites entre économies. En définitive, les travailleurs peu ou non qualifiés employés dans les secteurs des grands pays développés ouverts à la concurrence internationale doivent pouvoir s’orienter vers des activités où la rivalité des pays à

mondialisation

« �CONOMIE.

MONDIALISATION.

Les sommets des sept pays les plus industrialisés (G7) se som multipliés.

Mais certains doutent de la capacité de ces pays d coordonner leurs politiques économiques.

© Luigi Baldelli/Cnntrasto • REA ÉCONOMIE.

MONDIALISATION.

Les délocalisations constituent une sérieuse menace pour les emplois peu qu alifiis des pays développés.

Ci-contre: une tlSine de chaussures Nike en Corée du Sud.

© Clapet · REA faible coat de main-d'œuvre ne joue pas.

Les gouvernements ne peuvent lutter contre le chômage sans tenir compte de cette donnée essentielle.

LA GLOBALISATION FINANCIÈRE Chaque jour, l'ensemble des transactions financières inter­ nationales représente un volume moyen de plus de 1 100 milliards de dollars, soit environ quarante fois plus que la valeur quotidienne moyenne des échanges de marchandises.

Les flux financier� interna· tionaux excèdent donc largement les flux de marchandises.

A titre de comparaison, le PIB français s'est élevé à un peu plus de 7 000 mil­ liards de francs en 1993 : les mouvements de capitaux quotidiens moyens sont presque égaux en valeur aux richesses produites en France en une année.

De ce point de vue, le premier janvier 1990 peut être retenu comme une date-symbole, puisqu'il consacrait offi­ ciellement la libre circulation des capitaux à l'intérieur de la Commu­ nauté européenne.

Cette officialisation ne faisait qu'entériner un mouvement déjà en cours depuis le début des années quatre-vingt en Europe, mais aussi, plus généralement, dans l'ensemble des pays industrialisés.

Cette libéralisation est beaucoup moins perceptible par les non-spécialistes que, par exemple, l'importation de produits.

Ses conséquences sont, pourtant, par bien des aspects, plus sensibles que celles de la levée des barrières douanières, ces mouvements de capi· taux ayant un effet direct et très contraignant sur les politiques économiques.

Les autorités monétaires doivent désormais tenir compte des contraintes suivantes : la liberté des mouvements de capi· taux, le soutien des parités et la conduite de la politique monétaire, dont fait partie, notamment, la fixation des taux d'intérêt.

Depuis le début des années soixante-dix, la valeur des mon· naies n'est plus fondée sur la référence à un métal précieux : elles ne sont plus convertibles en or.

Sur le plan international, les valeurs relatives des monnaies, c'est-à-dire leurs taux de change, ne s'expri· ment donc que dans un système de comparaisons bilatérales.

Ainsi, la parité du franc français est établie par rapport au deutschemark, au dollar, au florin, au yen ...

Cette valeur relative est fixée par les mar­ chés des changes, où interviennent une multitude d'opérateurs de toutes nationalités.

Pour les autorités monétaires, maintenir la valeur de leur monnaie par rapport aux autres devises exige que soient réunies les conditions permettant d'attirer les capitaux qui circulent librement d'une place financière à une autre.

Ces conditions sont de deux ordres : en premier lieu, les opérateurs internationaux doivent avoir confiance dans la stabilité de la monnaie, et non pas craindre une dévaluation de la devise dans laquelle ils réalisent leurs placements; d'autre part, ces derniers doivent bénéficier d'une rémunération attractive par rapport à celle offerte dans d'autres monnaies.

En d'autres termes, il faut que les intérêts perçus pour un placement, même à très court terme, soient satisfaisants et, donc, que les taux d'intérêt soient suffisamment élevés.

Ce point est très important: la fixation des taux d'intérêt est censée être une prérogative essentielle des autorités monétaires, puisque de leur niveau dépendent les choix en matière d'investissement, de crédit à la consommation, d'orienta· tion de l'épargne, toutes décisions qui conditionnent considérable· ment le développement de l'activité économique.

Or ces taux d'inté· rêt ne sont pas arrêtés librement, car la libre circulation généralisée des capitaux permet des arbitrages permanents entre des placements dans des monnaies différentes.

Les opérateurs financiers optent pour les conditions qui leur semblent les plus attrayantes.

Les autorités monétaires ne disposent donc que d'une marge de manœuvre très limitée : elles doivent aligner leurs décisions sur les conditions posées par ces derniers.

Le début des années quatre-vingt-dix a ainsi été caractérisé par des taux d'intérêt très élevés, notamment dans les pays membres du système monétaire européen (SME).

Dans ce dernier, les parités sont décidées par les autorités politiques.

Ensuite, les instances monétaires interviennent de manière à maintenir la valeur des mon· naies dont elles ont la charge.

Le deutschemark bénéficie, de fait, d'une position privilégiée : la confiance des opérateurs internationaux en sa stabilité est telle que la Bundesbank n'a pas à se préoccuper de soutenir sa parité.

La Banque centrale allemande peut conduire la politique monétaire qu'elle désire sans craindre les réactions des opé· rateurs qui, sauf exception, seront favorables au mark.

Après la réu· nification de l'Allemagne, le problème du financement de la moder· nisation de la partie orientale s'est posé.

Les pouvoirs publics allemands ont décidé de faire appel à l'emprunt et, pour attirer des capitaux, ont proposé des taux d'intérêt élevés.

Les conditions offertes étant très favorables, les capitaux risquaient d'affluer vers l'Allemagne, et les parités des autres monnaies du SME étaient menacées.

Pour éviter ce danger, les autorités monétaires des autres pays ont dû, elles aussi, relever leurs taux d'intérêt, ce qui a eu deux conséquences néfastes sur l'expansion de l'activité économique: les taux d'intérêt très élevés des crédits constituent un frein à la fois à la consommation et à l'investissement, deux des sources essentielles de la dynamique économique; la charge des emprunts devient plus lourde, et le financement des déficits publics, de plus en plus coûteux.

Le paiement des intérêts de la dette publiqye figure parmi les postes de charge les plus élevés des budgets des Etats.

C'est seulement en 1994 qu'une baisse des taux allemands, de l'ordre de trois points par rapport à 1991, permet une certaine détente dans les autres pays du SME.

Toutefois, le niveau élevé des taux d'intérêt demeure un des problèmes majeurs de cette fin de siècle.

Les entrepreneurs peuvent plus difficilement prendre les risq ue s inhérents à toute action nova­ trice : lancer un produit nouveau ou offrir des services originaux peut avoir des implications financières plus lourdes.

C'est donc au cœur de la dynamique capitaliste que les taux d'intérêt élevés freinent l'ex· pansion.

1991, 1992 et 1993 : la France a ainsi connu trois années successives de baisse des investissements productifs (respectivement - 2,9 % ;- 6,1 %; -9,5 % ), avant une stabilisation en 1994.

P ERSPECTIVES L'économie mondiale est confrontée à plusieurs séries de problèmes, que l'on peut classer en deux grandes catégories.

La pre· mière regroupe les difficultés relevant principalement du fonctionne· ment propre de l'économie : le chômage, l'endettement public et privé, l'instabilité monétaire.

La seconde inclut des questions plus globales, qui ont des répercussions importantes : la démographie, l'environnement, les incertitudes politiques.

Mais c'est la répartition mondiale des richesses, parce qu'elle conditionne très largement l'in· tégration ou la marginalisation de pans entiers de l'humanité, qui constitue l'un des principaux enjeux de cette fin de siècle.

Tl semble que les conditions soient réunies pour que la croissance s'accélère.

Cependant, l'ampleur des difficultés est telle. »

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