Géographie LES ETATS-UNIS

proteste contre Slobodan Milosevic en appelle à Washington; en Algérie, le président Ait Ahmed a demandé aux États-Unis de « faire cesser la spirale de la violence». Reste que les États-Unis ont parfois tendance à agir sur l’échiquier international en fonction de leurs propres critères et pour servir leurs seuls intérêts, sans trop se soucier de l’avis d’instances internationales comme l’Organi-sation des Nations unies (ONU).

 

L’originalité du régime américain

Le 4 juillet 1776, la colonie Américaine proclame son indépendance (Independence Day). L’Angleterre ne s’avoue pourtant pas vaincue et résiste à la vague indépendantiste jusqu’en 1781, en vain. Ce n’est qu’en 1783 que le traité signé à Versailles instaure la paix de Paris et reconnaît l’existence d’une République fédérée des États-Unis. Cette dernière va mettre en place des institutions spécifiques, différentes de celles que lui proposent les modèles européens. Dès 1777, une confédération de treize États se met en place. Chacun d’entre eux, doté de sa propre constitution, transfère une partie de ses pouvoirs au gouvernement fédéral (le Congrès des États-Unis) mais garde, pour l’essentiel, la gestion de ses ressources et le vote de ses lois.

 

Mais la création de nouveaux États soulève de nombreux problèmes, notamment l’esclavage des Noirs dans les États du Sud, et entraîne la nécessité de renforcer l’Union en la dotant d’un État fédéral. Cette disposition sera adoptée lors de la première constitution présidentielle votée en 1787, qui entrera en vigueur en 1789. Cependant, la guerre de Sécession, qui oppose, de 1861 à 1865, les États esclavagistes du Sud aux États abolitionnistes du Nord, va avoir des incidences sur le fédéralisme américain. Elle va renforcer le pouvoir de l’État fédéral au détriment de celui des États fédérés. Il en résulte aujourd’hui un pouvoir fédéral fort, centré sur un président (élu pour quatre ans, renouvelable une fois) qui détient l’ensemble du pouvoir exécutif.

 

Il est à la fois chef d’État et de gouvernement. Le Congrès, formé de deux chambres, la Chambre des représentants (représentants les États) et le Sénat, dispose du pouvoir législatif. Parallèlement, chaque État est doté de sa propre constitution. Un gouverneur élu pour quatre ans assure le pouvoir exécutif, tandis que le pouvoir législatif est entre les mains de députés qui siègent dans les parlements locaux. Les États ont des pouvoirs locaux et peuvent légiférer en matière de droit civil, pénal et fiscal. Ils sont également responsables du maintien de l’ordre public, des systèmes d’aides sociales, etc. Le pays est dominé par deux partis politiques: le parti démocrate et le parti républicain.

Saint-Domingue, puis l’occupation de Haïti en 1915 et l’achat, en 1917, des îles Vierges au Danemark, assurent au pays le contrôle du golfe du Mexique. L’implantation des Etats-Unis dans les Antilles traduit l’intérêt croissant que portent les Américains à cette région. Au nom d’une politique d’arbitrage, dite politique du «gros bâton», les forces armées américaines multiplient les interventions dans divers États, comme au Nicaragua (1912) ou en prenant part à la guerre du Mexique (1914). La puissance économique américaine sert également d’instrument à l’impérialisme américain. Les grandes compagnies multiplient les investissements dans les plantations de café et de caoutchouc, acquièrent une multitude de mines et exploitent les gisements de pétrole. Bientôt, l’économie de nombreux pays d’Amérique latine dépend des États-Unis.

 

Au XXe siècle, l’influence des États-Unis s’étend bien au-delà du Nouveau Monde. En 1917, le pays, qui avait toujours maintenu ses distances à l’égard de l’Europe, s’engage, aux côtés des Alliés, dans la Première Guerre mondiale. Avec la Seconde Guerre mondiale, les Américains entrent de plain-pied sur la scène internationale.

La guerre du Viét Nam constitue un tournant dans l'histoire des États-Unis: enlisé dans un conflit dont la légitimité paraît de plus en plus douteuse au fil des années, et confronté à sa première défaite, le pays est ébranlé en profondeur dans ses certitudes.

L’astronaute Edwin Eugene Aldrin sur la Lune le 21 juillet 1969: la réussite de la mission Apollo 11 consacre les États-Unis comme superpuissance.

Au lendemain du conflit s’instaure entre les États-Unis et l’Union soviétique - l’autre superpuissance du moment - une sorte de rivalité caractérisée par une méfiance et une haine réciproques qu’on appelle la «guerre froide». L’Union soviétique redoute en fait que les États-Unis ne rétablissent des régimes d’économie libérale en Europe orientale, tandis que Washington craint que les Soviétiques n’imposent le communisme en Europe occidentale. La confrontation entre les deux blocs, marquée symboliquement par la construction du mur de Berlin en 1961, s’achève par la dissolution de l’Union soviétique au début des années 1990.

 

À l’échelle internationale, les États-Unis se retrouvent donc placés dans une situation de suprématie qu’aucune puissance n’a connue depuis plus d’un siècle. Ils sont à la fois considérés comme la puissance dominante de l’Amérique du Nord, mais aussi du monde. Ces toutes dernières années, les États-Unis sont intervenus plusieurs fois auprès d’États en difficulté: ils ont rétabli la légitimité démocratique en Haïti, riposté aux intimidations de la Corée du Nord, démontré leur puissance militaire dans le détroit de Formose

 

quand la Chine a semblé menacer Taiwan, imposé, par la signature des accords de Dayton en novembre 1995, un règlement au conflit de Bosnie et garanti la paix sur le terrain grâce à la présence de leurs troupes, tenté d’assurer, enfin, la poursuite des négociations pour un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien. Les nations dont les populations sont victimes d’exactions, de dictatures et de règlements de compte déloyaux réclament désormais la médiation américaine pour sortir d’une situation politique bloquée. Ainsi en Serbie, l’opposition qui

 

■^DATES CLESWi

 

xvie siècle

 

Arrivée des colons européens (Français, Anglais, Hollandais et Espagnols). 1775-1783

 

Guerre de l’indépendance.

 

1789

 

George Washington devient le premier président des États-Unis.

 

1803

 

La France vend la Louisiane aux États-Unis. 1819

 

Les États-Unis acquièrent la Floride.

 

1855

 

Le parti républicain apparaît sur la scène politique des États-Unis.

 

1860

 

Abraham Lincoln est élu président des États-Unis.

 

1861-1865

 

Guerre de Sécession.

 

1917

 

Les États-Unis entrent en guerre en Europe.

 

1929

 

Krach de Wall Street.

 

1933

 

Franklin Delano Roosevelt est élu président. 1941

 

Les États-Unis entrent en guerre en Europe. 1945

 

Bombardement atomique de Hiroshima. 1950-1953

 

Guerre de Corée.

 

1960

 

Le démocrate John F Kennedy est élu président.

 

1962

 

Crise de Cuba.

 

1963

 

Le président Kennedy est assassiné à Dallas.

 

1968

 

Le pasteur Martin Luther King est assassiné.

 

1969

 

Trois astronautes américains se posent sur la Lune.

 

1973

 

Les troupes américaines évacuent le Viêt Nam.

 

1974

 

Le scandale du Watergate contraint le président Richard Nixon à démissionner.

 

1979- 1981

 

Des otages américains sont retenus à Téhéran.

 

1980- 1988

 

Présidence de Ronald Reagan.

 

1988

 

George Bush est élu président.

 

1991

 

Guerre du Golfe.

 

1992

 

Bill Clinton est élu président.

 

1996

 

Réélection de Clinton.

En dépit de la richesse incontestable du pays (la production annuelle est supérieure à celle d’il y a trente ans), les acquis sont minés par la montée de nombreux périls: aux périls sociaux il faut ajouter l’affaiblissement des États, la chute de l’aide publique au développement. En revanche, un gros effort a été fait pour réduire le déficit budgétaire, qui est passé de plus de 200 millions de dollars au début des années 1990 à 75 millions en 1996.

 

La concurrence des pays asiatiques dans le secteur industriel et de la France dans le domaine agricole a d’ailleurs incité les États-Unis à s’allier avec le Canada et le Mexique par un traité signé en 1992, l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain), qui doit conduire à la création du plus vaste marché du monde.

J.-M. Simoes Giraudon

L’impérialisme des États-Unis

 

À la fin du xixe siècle, au lendemain de la guerre de Sécession (1861-1865), les États-Unis connaissent un développement économique sans précédent. Alors que leur économie était jusqu’à cette date essentiellement agraire, elle se dote rapidement d’une infrastructure industrielle, et affirme sa présence sur le marché mondial. Cet essor s’explique par la construction d’un vaste réseau de voies ferrées. Avec la naissance de grandes compagnies ferroviaires, les États-Unis inventent aussi le gigantisme industriel. En quelques années, les trusts dominent l’activité économique

LesNavajo représentent la tribu indienne la plus importante aujourd'hui aux États-Unis. Ils vivent en Arizona dans une grande réserve dont ils exploitent les richesses minières, énergétiques et touristiques.

 

La capitulation de w l’armée britannique ’ à Yorktown, en 1781, clôt le conflit qui opposait la Grande-Bretagne à sa colonie et entraîne la naissance de l’État-nation américain.

 

du pays, et quelques entreprises contrôlent le marché. Les États-Unis dépassent les pays européens pour l’extraction du charbon et du minerai de fer, pour la production d’acier, pour l’exploitation des gisements pétroliers. Dans le même temps, les villes se multiplient et leur taille croît de façon spectaculaire: en l’espace de quelques années, la population américaine s’urbanise.

 

Puissance économique et financière de premier plan, les États-Unis sont prêts, à la fin du xixe siècle, à faire leur apparition sur la scène internationale. Grâce à une diplomatie particulièrement active et à la vitalité de son économie, le pays va rapidement s’imposer comme une