Georgi Dimitrov (Histoire)

« à Berlin pour diriger les activités, notamment d'espionnage, du Bureau pour l'Europe occidentale. Il apparaît sous un jour beaucoup plus favorable dans le croquis qu'en a laissé Margarete Buber-Neumann qui, àcette époque, le logea à Potsdam.

Avec son visage encadré de mèches artistement frisées, son allure "de chanteurd'Opéra plutôt corpulent", sans rien de fatigué ou de traqué qui rappelât le hors-la-loi, "Helmut Hediger" (c'était sonnom d'emprunt) donnait l'impression d'un bon gros paysan balkanique dont la vigueur et la jovialité contrastaientavec la perpétuelle nervosité de "Klara" (de son vrai nom Ljuba), sa femme, poétesse serbe, aussi prolétarienne quepuritaine, que de longues années d'émigration avaient prématurément usée.

Elle devait d'ailleurs se suicider en 1933à Moscou, en apprenant l'arrestation de Dimitrov par les nazis.

Nissan Oren, historien américain du Parti Communistebulgare, en donne une autre image.

Selon lui, "dirigé d'une main experte et avec une inépuisable énergie" parDimitrov, le Bureau pour l'Europe occidentale devint la plus importante des agences du Komintern et un centre decommunications essentiel à l'extérieur de Moscou. Mais le grand tournant de sa vie fut indubitablement le procès de Leipzig, qui, du jour au lendemain, fit de lui lehéros de la lutte antifasciste dans le monde.

Arrêté en mars 1933 en tant qu'agent du Komintern avec deux autresBulgares, Blagoi Popov et Vasil Tanev, l'Allemand Ernest Togler et le Néerlandais Van der Lubbe, il fut accusé d'avoirmis le feu au Reichstag et fut jugé en septembre.

Assurant lui-même sa défense en allemand, il retourna habilementcontre ses accusateurs leurs propres arguments en faisant ressortir l'inanité d'accusations fabriquées de toutespièces.

Il sut utiliser les audiences du tribunal pour y dénoncer vigoureusement la politique fasciste et y faire unevibrante profession de foi communiste.

A Moscou, où on le croyait incapable d'un tel exploit, on ne tarda pas à tirerparti du duel oratoire Dimitrov-Goering en lançant une très fructueuse campagne antifasciste où les accusés étaientprésentés sous les traits de martyrs.

En décembre, Dimitrov était acquitté, et trois mois plus tard, il était expulséavec les deux autres Bulgares, tous trois ayant reçu la citoyenneté soviétique. En 1935, lorsqu'il présenta son célèbre rapport sur l'offensive du Fascisme et les tâches du Communismeinternational devant le septième congrès du Komintern, Dimitrov avait accédé aux plus hautes fonctions dans cetorganisme à la tête duquel il resta jusqu'à sa dissolution en 1943.

L'Histoire voulut, dans son ironie, que l'homme quiavait une énorme part de responsabilité, avec ses compagnons de la "vieille garde", dans les querelles doctrinairesdu Parti Communiste bulgare, et dans son incapacité à tirer parti des tensions socio-politiques au sein du pays,devînt le prophète d'un large front uni de toutes les forces "progressistes".... »