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Grand oral du bac : La Grande Dépression et le New Deal

Publié le 27/11/2018

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L'AMÉRIQUE DE LA MISERE

 

Aux États-Unis, les années 1920 sont surnommées les « années folles » de la « Coolidge Prosperity », du nom du président républicain Calvin Coolidge. La croissance économique explose et bouleverse le mode de vie des Américains. Nouvelle figure montante, le « business man » fait fortune rapidement Symbole de la prospérité, la production automobile s'envole. En 1929, un Américain sur cinq possède une voiture, contre un Français sur quarante-quatre. Les Américains découvrent le confort - téléphone, radio, appareils ménagers - et consomment de plus en plus. Ce nouveau style de vie devient un modèle, c'est l'« American way of life ». Face au Vieux Continent qui se relève difficilement des destructions et des pertes de la Première Guerre mondiale, les États-Unis deviennent la première puissance économique du monde. Possédant la moitié du stock d'or mondial, ils deviennent les créanciers de l'Europe. La Bourse de New York devance celle de Londres comme première place financière mondiale.

UNE CATASTROPHE ANNONCÉE

Une expansion illusoire

À partir de 1925, le marché intérieur américain montre les premiers signes de saturation. Les exportations permettent encore aux États-Unis de justifier le maintien d'une production soutenue. Mais dès 1927 des signes de mévente apparaissent, auxquels personne ne prête intérêt, tandis qu’une part croissante des profits s'oriente vers la spéculation boursière.

Si elle est inattendue, la crise économique de 1929 est loin d'être inexplicable. La prospérité américaine apparaît précaire et vulnérable. Certes, l’économie connaît une expansion vertigineuse durant les années 1920, encouragée par la politique ultra-libérale des républicains. Toutefois, cette croissance ne reflète pas l’état du marché. La Bourse monte parce que les spéculateurs achètent et ils achètent parce qu'elle monte.

Une société conservatrice

Loin d'illustrer un progrès semblable dans le domaine de la société, cet essor masque un état d'esprit conservateur et puritain, violent et raciste, inégalitaire et égoïste.

• La défense des valeurs morales se traduit dès 1919 par la prohibition du jeu et de l'alcool. On se méfie des étrangers.

Nicola Sacco et Bartolomeo

Vanzetti, deux anarchistes italiens réfugiés aux États-Unis, sont condamnés à mort en 1921 et exécutés en 1927 pour un double assassinat qu'ils n’ont pas commis. Des quotas à l'immigration sont fixés en fonction de l'origine ethnique des migrants.

« Jeudi noir » à Wall Street Protectionnisme : adoption du Hawley-Smoot Tariff Act Création de la Reconstruction Finance Corporation par Herbert C. Hoover Élection de Franklin D. Roosevelt Création de la Tennessee Valley Authority Adoption du NIRA Adoption du Social Security Act Réélection de Franklin D. Roosevelt Entrée en guerre des États-Unis

« • Le protectionnisme des années 1930 dépasse tous les précédents historiques.

Il se diffuse rapidement à l'intérieur de chaque économie -toute « protection » accordée à un secteur en difficulté déclenchant les revendications d'autres secteurs -et de pays en pays, par le biais de l'engrenage des mesures de rétorsion .

Aucun État n 'y échappe: l'Angleterre elle-même, citadelle du libre-échange , y succombe.

Enfin , un type nouveau de protectionnisme apparaît, fondé sur des restrictions quantitatives .

Aux traditionnelles protections tarifaires s'ajoutent des quotas .

Ces politiques débouchent sur une chute inédite des échanges mondiaux , qui freine durablement les reprises économiques nationales .

I.A SPIRAU DEFLATIONNim • Une des innovations des« années folles » aux États -Unis est le crédit à la consommation.

En 1927, 15% de la consommation se font à crédit -dont 85 % des achats de meubles et 75 %des achats de machines à laver.

..

À partir de 1929, les banques en faillite n'acco rdent plus de prêt.

En 1930, la baisse de la consommation atteint 20 % pour les biens durables , dont l'achat est différé .

Cette tendance frappe les industries nées de l'essor de la consommation au cours de la décennie précédente , et qui étaient les plus dynamiques à la veille du krach.

• Cette diminution de la demande entraîne une augmentation des stocks.

Pour tenter de relancer la consommation et écouler ces stocks, les chefs d'entreprise diminue nt leur prix de vente.

Entre 1929 et 1932 , la baisse des prix de vente atteint 19% pour les prix de détail et 42 % pour les prix de gros.

La baisse de la consommation se poursuit toutefois .

Les dirigeants révisent à la baisse leur volume de production, puis leurs investissements.

Les salaires baissent , le pouvo ir d'achat diminue .

la vague de faillites bancaires provoque une crise des liquidités qui accentue le mouvement.

Bientôt, la baisse de l'activité économique s'e ntretient elle-même.

• Le secteur agricole est aussi touché.

En 1929, la main-d 'œuvre paysanne représente 20 % de la population active.

Les conditions d'exp loitation de la terre, déjà difficiles au cours des années 1920 , s'aggravent encore.

De 1929 à 1933, le revenu des exploitants agricoles chute de 70 %.

La majorité des paysans est réduite à la survie .

LE DtvnoPPEMENT DU CH6MAGE ET DE LA MISÈRE • La baisse généralisée de l'activité entraîne la diminution puis l'arrêt des embauches.

Les travailleurs voient au mieux leur salaire diminuer, au pire leur emploi disparaître .

En 1933, les États-Unis comptent 13 millions de chômeurs sur une population de 126 millions d'habitants , ce qui représente 25 % de la population active.

• Fait nouveau dans le pays , le chômage, jusque-là considéré comme un phénomène passager , simple volant de régulation des flux de main-d 'œuvre, tend à devenir permanent.

La situation matérielle des millions de sans-travail, qui ne jouissent aux États-Unis d'aucune protection sociale, devient rapidement catastrophique.

• Des indicateurs comme la baisse de la consommation de viande ou la généralisation de l'usage de la farine dans les repas permettent de mesurer la montée de la misère.

La famine menace la frange la plus déshéritée de la population.

En 1933 , 29 personnes meurent de faim à New York .

Les cas de scorbut de pellagre ou de rachitisme, dus aux carences alimentaires, se multiplient.

Aux maux physiques s'ajoutent des souffrances psychologique s.

Ainsi , le taux de suicide s'accroît fortement.

• Privée s de ressources en raison du chômage, les personnes qui ont acheté leur logement à crédit se trouvent incapables de rembourser leur emprunt Leur maison et leurs biens sont saisis.

Les expulsions se multiplient.

Des milliers d'Américains se retrouvent sur les routes, en quête d'un toit et d'un travail.

Des logements de fortune apparaissent sur les terrains vagues.

Ces bidonvilles sont surnommés « Hoov ervilles », du nom du président républicain.

L'INTERVENTIONNISME tCONOMIQUE • En janvier 1932 , le président Hoover crée la Reconstruction Finance Corporation , dotée d'un capital de ·À l'élection présidentielle de novembre 1932 , le candidat démocrate Franklin D.

Roosevelt l'emporte largement.

Dès l 'inauguration de son mandat, en mars 1933 , il fait du redressement de l'écono mie nationa le sa priorité numéro un et entreprend de redonner confiance aux Américains .

• Roosevelt met sur pied un cr brain trust"· sorte de groupe de réflexion composé des élites intellectuelles du pays .

Banquiers, journalistes, profess e urs d 'université , économistes et penseurs, aux idées parfois divergentes , mettent leurs expériences et leurs réflexions en commun en vue de proposer des solutions aux problèmes que traverse le pays .

De ces réfle xions débouche l'élaboration d'un programme baptisé «New Deal » -la « Nouvelle Donne ».

Celui -ci est fondé sur la théorie de l'économiste britannique lohnM.

Keynes qui défend le principe de l'intervention de l'État dans l'éco nomie .

Celui -ci n'est pas un opposant au capitalisme.

Toutefois , il estime, à l'inverse des théoriciens classiques et néo-classiques, que la régulation spontanée du marché par les mécanismes de l'offre et la demande n'est pas garantie.

C'est donc, selon lui, à l'État d'intervenir pour rétablir les équilibres.

Son approche macro­ économique des circuits d'échange part de la demande effective, c'est-à- dire de la consommation.

Les prévisions de cette demande déterminent le volume de la production , qui, lui-même, détermine les niveaux d'emploi et d 'investissement.

Le niveau d'emploi définit le revenu des ménages, qui détermine en dernier ressort le niveau de la demande effective.

Keynes prône donc la relance de la consommation par une politique de plein emploi.

lES GRANDS TRAVAUX • Le New Deal est lancé dès mai 1933 .

Pour parer au plus urgent l'État décide de distribuer des fonds fédéraux aux États et aux communes pour leur permettre de financer des programmes d'assistance aux plus démunis ainsi que des travaux d'intérê t général -reboisement et bonification des sols, notamment -qui offrent rapidement des emplois aux chômeurs .

500 millions de dollars et destinée à • Mais surtout, l'État fédéral lance subventionner la production industrielle une politique de grands travaux.

La et agricole ainsi que le commerce.

Public Works Administration ordonne Ses effets restent modestes et la la construction de grands ouvrages : situation ne s'améliore pas.

routes, voies ferrées , ponts , barrages, logements , écoles, etc.

Le principal d'entre eux dem eure la remise en valeur de la vallée du Tennessee sous l'égide de la Tennessee Valley Authority.

Des milliers d'emplois sont créés.

• Parallèlement , Roosevelt adopte deux séries de mesures en faveur de l'agriculture et de l'Industrie.

~Agricultural Adju stment Ad (mai 1933) est destiné à enrayer l'effondrement des prix agricoles en organisant la réduction concertée des surfaces cultivées.

Les agriculteurs concernés perçoivent des indemnités de l'État afin de compenser les pertes induites par cette baisse de production.

Le Nationallndustrial Recovery Ad (NI RA, juin 1933) favorise l'emploi en interdisant le trava il des enfants et en réduisant la durée de travail à 35 heures.

Il garantit le relèvement des salaires en imposant l'ouverture de négociations collectives entre salariés et patrons .

Enfin, il établit un code d e concurrence loyale .

• Pour soutenir l'industrie en favorisant les exportations, le dollar est dévalué de 41 %e n janvier 1934.

lES MESURES SOCIALES • À partir de 1935 , le New Deal entre dans une nouvelle phase et prend un tour plus social.

En juillet, la loi Wagner légalise les syndicats qui deviennent les nouveaux interlocuteurs des chefs d'entreprise pour la signature de conventions collectives.

En août le Social Security Act instaure un système d'assurance­ chômage et d'assurance-vieillesse, définit le montant du salaire minimum et renforce les programmes de secours aux nécessiteux .

·Toutefois , la politique interventionniste de Roosevelt se heurte très vite à l 'hos tilité des milieux d'affaires et à la résistance farouche de la Cour suprême.

En mai 1935, cette dernière déclare contraires à la Constitution américaine certaines des mesures adoptées dans le cadre du New Deal.

Elle réitérera ses refus en 1936 , avant de se rallier au programme en 1937 .

UNE MISÈRE TOUJOURS PRtSENTE • S'il est vrai que les mesures engagées par Roosevelt ont contribué à diminuer les effets de la crise économ ique, le bilan de celles-ci demeure nuanc é.

• De rebonds en rechutes, l'économie américaine ne parvient pas, dans les années 1930, à renouer avec la croissance .

La production industrielle s'essouffle de nouveau e n 1937 -1938 .

En 1939, le taux d'investis sement dem eure en deçà de son niveau de 1929 et le nombre de chômeur s reste encore très important.

La misère est toujours présente.

• Le président Roosevelt est toutefois réélu en 1936, 1940 et 1944 .

L'AVANT-GUERRE • Il faut attendre la fin des années 1930 et les menaces de guerre pour voir repartir l'activité .

Les États-Unis arment la Grande-Bretagne et accroissent dans le m ême temps leur propre capacité militaire.

À son tour, le sedeur de l'armement stimule d'autres domaines d'activité .

La Grande Dépressi on n 'est finalement vaincue que grâce à l'effort de guerre.

LA GRANDE DBtRESSION, LA LmÉRATURE ET LE CINÉMA • La Grande Dépression favorise l'apparition d'une littérature bon marché, uniquement destinée à distraire le lecteur des difficultés de sa vie quotidienne .

La vogue des « Pulps », qui contiennent plusieurs nouvelles policières sous une jaquette illustrée accrocheuse, prennent leur essor dans les années 1930.

Le cinéma connaît également un grand succés.

C'est un passe-temps peu onéreux pour les milliers de chômeurs désœuvrés -la place coûte un « nickel >> ou 10 cents- et, en hiver, la salle est chauffée .

Ici encore, le divertissement est de mise et les années de crise sont la grande époque des séries B .

Les fastueuses comédies mus icales sont également prisées pour la part de rêve dont elles sont porteuses.

• De grandes œuvres littéraires naissent aussi à cette époque.

La trilogie de James Farrell- Young Lonigon (1932), The Young Monhood ofStuds Lonigan (1934) etludgment Doy (1935) -, qui dépeint la vie d'un miséreux de Chicago pendant la crise , constitue un précieux témoignage sur la période.

~auteur emblématique de l'Amérique des années 1930 demeure toutefois John Steinbeck.

Ses romans , Des souris et des hommes (1937), la Grande Vallée (1938) et surtout les Raisins de lo colère (1939), font revivre le destin des journaliers agricoles déracinés par la crise.

Les Ralsirls de la co/ft sont adaptés au cinéma par John Ford dés 1940.. »

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