Grande-bretagne de 1980 à 1989 : Histoire

Les débuts difficiles de Margaret Thatcher

Parvenue au pouvoir à l’issue des élections législatives de mai 1979, Margaret Thatcher fait preuve d’une pugnacité et d’une intransigeance qui lui valent vite le surnom de «Dame de fer». C’est avec force qu’elle va appliquer une politique néo-libérale et monétariste. Pour Margaret Thatcher, la réduction de l’inflation, le redressement de la situation financière des entreprises et l'assainissement des finances publiques sont indispensables à une reprise de la croissance. Mais le contrôle des dépenses des collectivités locales et la privatisation de quelques entreprises publiques ne permettent pas d’assainir les finances publiques en raison du coût social des programmes de restructuration et du relèvement des traitements des fonctionnaires. De plus, le programme de privatisation engendre la mobilisation par l’Etat de fonds importants. Si le premier plan de restructuration engagé par Margaret Thatcher, au sein de la compagnie Leyland, qui implique la suppression de 25 000 emplois, peut être mené à bien sans difficultés majeures, celui de la compagnie British Steel Corporation (BSC) donne lieu en revanche à la première épreuve de force. Le 2 janvier 1980, les ouvriers de la BSC se mettent en grève pour protester contre l’insuffisance des augmentations des salaires et le programme de suppression d’emplois. Au terme d’un long conflit qui va paralyser la production d'acier britannique pendant trois mois, les responsables syndicaux finissent par accepter le 31 mars la proposition d’une commission d’enquête réunie à leur initiative. Le projet de réforme fiscale qui doit réduire les impôts sur le revenu et le projet de contrôle du pouvoir syndical aggravent les dissensions au sein du gouvernement et du parti conservateur. Les difficultés du gouvernement à faire accepter sa politique se soldent par la perte de deux fiefs conservateurs aux élections législatives partielles d’octobre et de novembre 1981 au profit des libéraux et d’une nouvelle formation, le parti social-démocrate, fondé le 26 mars 1981 par quatre anciens ministres travaillistes dans le dessein de proposer une solution centriste au bipartisme britannique. En proie à maintes difficultés, Margaret Thatcher saisit l’opportunité de l’attaque argentine contre les Malouines pour affirmer son autorité.

Les bénéfices politiques de la guerre des Malouines

L’attaque surprise des fusiliers-marins argentins, le 2 avril 1982, dans l’archipel des Malouines (Falklands pour les Britanniques) provoque la colère du gouvernement; forte du vote de la résolution 502 par le Conseil de sécurité des Nations unies ordonnant le retrait immédiat des troupes d’invasion, la Grande-Bretagne rompt les relations diplomatiques avec l’Argentine et organise une riposte immédiate avec le soutien des États-Unis (qui offrent leur appui logistique), mais aussi de la CEE et de certains membres du Commonwealth (tous deux, à cette occasion prononcent un embargo sur les produits en provenance de l’Argentine).

Sous le commandement de l’amiral Woodward, les forces aéronavales britanniques pénètrent dans la zone des Malouines le 25 avril 1982. La reconquête de l’archipel est longue et il faut attendre juin pour que l’assaut final soit donné. La reddition est signée dans la nuit du 14 au 15. La victoire des Falklands est un succès incontestable pour Margaret Thatcher. Le gouvernement a su parfaitement exploiter le côté spectaculaire de la mobilisation britannique pour rallier à lui l’ensemble de l’opinion publique et une large frange de l’opposition, dirigeants travaillistes inclus. Malgré le coût exorbitant de cette guerre, estimé à trois millions de livres par jour, Margaret Thatcher, qui met en avant le principe du droit à l’autodétermination, se refuse à toute remise en cause de la souveraineté britannique sur l’archipel. La victoire se traduit immédiatement par une remontée des résultats du parti conservateur aux élections locales du 6 mai 1982. Les élections législatives anticipées du 9 juin 1983 consacrent une nouvelle réussite de Margaret Thatcher; celle-ci, par son discours en faveur du retour aux valeurs traditionnelles et sa condamnation de l’État-providence, accusé de faire des citoyens britanniques des assistés, attire toute une frange des classes moyennes ainsi que de l’électorat jeune. Pour l’opposition, les résultats sont désastreux. Ainsi, le parti travailliste obtient 29,3 % des suffrages contre 36,9 % en 1979.

L’envers du thatchérisme

Fidèle à ses engagements concernant l’assainissement des finances publiques, Margaret Thatcher poursuit le programme de restructuration dans l’industrie lourde. À la direction des charbonnages NCB (National Coal Board), elle nomme, en juillet 1983, Ian MacGregor, qui s’était chargé avec succès de redresser les comptes de la