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Henri VII

Publié le 22/02/2012

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Après les années de guerre civile, tantôt sourde tantôt déchaînée, que l'on nomme la guerre des Deux Roses, le règne du premier Tudor passe souvent pour une période de calme, à peine entrecoupée de crises passagères, en somme une facile transition unissant la fin du Moyen Âge aux débuts de la Renaissance. Tout n'est pas faux dans cette appréciation, mais il s'en faut que le personnage principal n'ait filé que des jours heureux. Trop de sang avait été versé ; trop de souvenirs subsistaient à l'intérieur du royaume, tandis qu'au dehors s'élaborait une Staatenpolitik, lourde de conséquences, à laquelle l'Angleterre ni son souverain ne pouvaient demeurer indifférents. Et puis, il convient de ne pas l'oublier pour comprendre certaines attitudes de notre personnage, de tous les prétendants à la couronne ce n'était peut-être pas lui qui disposait des titres les meilleurs. Par son père il descendait d'un gentilhomme gallois, Owen Tudor et de Catherine de France, la veuve de Henri V ; par sa mère Marguerite il se rattachait à Jean de Beaufort, comte de Somerset, demi-frère de Henri IV ­ et un soupçon d'illégitimité planait sur la naissance de Somerset.

« de 1489, qui amorça les futurs mariages de l'infante Catherine avec les héritiers de la couronne, Arthur et Henri, etdécida pour plusieurs décennies des relations anglo-espagnoles. Henri ne désirait pas reprendre à son compte les prétentions traditionnelles de sa maison au trône de France, nimême revendiquer sérieusement Aquitaine et Normandie : la politique des Beaujeu en Bretagne et leurs interventionsmilitaires en Flandre le poussèrent cependant à envoyer des renforts dans ces deux contrées, sans rompre desconversations engagées.

De plus graves conséquences auraient pu résulter du grand projet d'encerclement inspirépar Ferdinand le Catholique à Medina del Campo, qui d'une part le rapprocha de Maximilien, héritier de la maison deBourgogne, d'autre part le mit en demeure d'appuyer les revendications de l'Aragonais sur la Cerdagne et leRoussillon.

Survint surtout en 1492, au lendemain du mariage d'Anne de Bretagne et de Charles VIII, ledébarquement du roi à Calais avec 1 600 chevaux et 2 500 fantassins : après un échec subi devant Boulogne, iltraita à Étaples où, moyennant le renouvellement du traité de Picquigny et un versement échelonné de 745 000écus d'or consentis par Charles VIII, une entente durable régna entre les deux royaumes. Sans éclat excessif, mais de portée certaine, nous apparaît le gouvernement intérieur de Henri VII.

Il releva sonpays du désordre de la guerre civile, affermit sur lui sa prérogative royale et le mit sur le chemin de la prospérité.

Ilne bouleversa rien, ne modifia nullement le système administratif ni ne désavoua le régime représentatif que sesprédécesseurs avaient laissé grandir ; il se contenta de les orienter vers sa personne.

Ce faisant, il abaissa lesforces menaçantes de l'aristocratie et prépara les voies qu'allaient suivre aux Communes la classe des propriétaireset la bourgeoisie mercantile. De 1485 à 1496, il réunit cinq fois le Grand Conseil, puis s'abstint de le convoquer.

Il préférait consulter des conseilsplus étroits, ébauche de ce qui allait devenir le Conseil privé (et que l'on a comparé à un Cabinet), où serencontraient d'anciens compagnons d'exil, de rares hommes d'église, des magnats ayant sa confiance, de simpleschevaliers, voire des hommes sans titre.

Ce personnel était le même que celui qui gérait les grands officestraditionnels (chancellerie, trésorerie, sceau privé, etc.), qui peuplait les services de l'Hôtel, qui commandait à laguerre ou à la marine, assumait la direction des finances, rendait la justice, conduisait les ambassades.

En un tempsoù la monarchie restait itinérante, l'habitude se prit, au sein de ce Conseil, de distinguer entre le conseil "suivant" etle conseil "siégeant" (à Westminster).

Au second appartenait la célèbre Chambre étoilée, juridiction exceptionnelle(quoique déjà ancienne) qui se tenait quatre fois par semaine et décidait en équité, hors les causes entraînant lamort, la mutilation ou la perte de la liberté. Dans les comtés, la durée d'exercice des sheriffs fut réduite à un an, en raison des suspicions que leursprédécesseurs avaient suscitées pendant la guerre des Roses.

A leur juridiction se substitua celle des chevaliers-juges de paix dont les pouvoirs, plusieurs fois renforcés, mais ne dépassant pas les limites de leur circonscription,demeuraient sous contrôle du roi ou du chancelier.

Par cette institution s'affirma sous Henri VII l'un des traitsoriginaux de la vie administrative anglaise. Face au Parlement, le premier Tudor ne connut guère d'affrontement ; signalons toutefois des débats lors d'unelevée d'impôts en 1489.

Toujours, et sans pression électorale excessive, cette assemblée vota les statuts etl'argent qui fournirent au gouvernement les armes contre les abus et les moyens de sa politique.

Les abus étaientceux inhérents au système de la retenue qui, sur des régions entières, maintenait sous la dépendance des grands etdans leur livrée une fraction notable de la population, engendrant ainsi violences et corruption.

Un acte fameux,celui de 1487, remanié et complété ultérieurement, apporta à la monarchie une législation qui lui permit de réagir.

LaChambre étoilée et les juges de paix veillèrent à son application.

Si l'on en croit Francis Bacon, Henri lui-même auraitchâtié avec vigueur l'un de ses amis, l'imprudent comte d'Oxford, coupable de l'avoir trop bien reçu...

De l'argentaussi ce roi, cupide aux dires de ses contemporains et mettant tout en œuvre pour en faire provision (amendes,confiscations, etc.), s'en procurait grâce aux quinzièmes perçus sur les comtés et aux dixièmes demandés aux villes,tout en s'appliquant à restaurer le Domaine, à pourchasser le gaspillage et à économiser.

Quelques chiffres sontrévélateurs : au début de son règne, il ne se suffisait pas avec un revenu de 52 000 livres ; durant ses dernièresannées, ses recettes annuelles montaient à 142 000 livres ; mieux, un ambassadeur vénitien assure qu'il aurait laissépour 1 300 000 livres de joyaux et Fr.

Bacon pour 1 800 000. Comme tant de ses contemporains, il s'intéressa à l'avenir économique de son royaume.

Se pencha-t-il vraiment surles problèmes posés par les "enclosures" et l'invasion des labours par les moutons, lui qui n'hésita pas à affranchirses villeins dès son élévation au trône ? Des enquêtes l'ont constaté, les changements de régime ont commencéavec lui.

Citons néanmoins un acte de 1489 tentant de porter remède aux malheurs résultant de l'accroissementovin.

Il favorisa la réglementation des métiers urbains en vue d'améliorer la qualité de la production.

Il se préoccupabeaucoup de l'essor commercial du pays dans un sens mercantiliste, n'hésitant pas à se lancer résolument dans desconflits extérieurs ou, au contraire, à agir avec prudence.

Nous l'avons vu, aux prises avec la maison de Bourgogne,se résoudre, dix années durant, à s'accommoder d'une convention qui ne lui était pas favorable et finalement enobtenir la révision.

Il lutta sans arrêt contre les privilèges que s'était octroyés la Hanse au traité d'Utrecht de 1474,proposa des conférences et en tint.

Il arracha ses premiers avantages en 1491 ; profitant d'une émeute populairecontre les hanséates à Londres, il soumit ceux-ci au contrôle de ses officiers et les exclut du commerce anglaisavec les Pays-Bas.

Pour terminer, en 1504, un traité régularisa leurs relations sur la base d'une certaine réciprocité.Venise aussi dut composer, non sans mauvaise grâce, après que le roi se fût accordé avec Florence et eût établi, àPise, l'"étaple" de ses laines. Partout, il voulait s'assurer en effet le libre accès des marchés, conquérir par exemple pour l'entreprenante. »

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