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Histoire des Scythes

Publié le 25/11/2018

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LE PEUPLE DES STEPPES

 

À la fin du xviiie siècle de notre ère, des archéologues qui fouillaient des tumulus (kourganes) de Sibérie mettent au jour un véritable trésor : armes et harnachements d'un luxe inouï, diadèmes et torques d'une somptuosité inégalée, tapis et tentures de feutre aux riches coloris. Ces pièces révèlent l'existence d'une culture nomade antique qui, dans bien des domaines, supporte la comparaison avec les grandes civilisations sédentaires plus récentes. Ce « Trésor des Scythes », qui est exposé au musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg, est à l'origine de la redécouverte de cette civilisation des steppes d’Asie centrale. Par la suite, d'autres découvertes archéologiques confirmeront et préciseront les connaissances des Scythes que l'on devait aux récits d'Hérodote, l'historien grec du ve siècle av. J.-C.

Elles dévoileront la richesseet l'originalité de cette civilisation regroupant des populations diverses qui occupèrent durant près de huit cents ans l'immense steppe qui s'étend entre l'Altaï et le nord de la mer Noire.

LES CONQUÊTES SCYTHES

Les Scythes sont l'un des premiers peuples à adopter et à perfectionner la cavalerie, ce qui leur confère une grande capacité de déplacement.

Lorsqu'ils sont chassés par les Massagètes, au viiie siècle av. J.-C, de la région de l'Altaï, aux confins de la Chine, les Scythes migrent de l'Extrême-Orient jusqu'au Caucase et aux plaines de la mer Noire.

Les tribus scythes affrontent alors les Cimmériens qu'ils poursuivent jusqu'aux riches royaumes de l'Orient où ils font régner la terreur pendant trois décennies.

Par des jeux d’alliance subtils, ils écrasent les Cimmériens en Asie Mineure en 611 av.-J.-C, devenant les maîtres du territoire qui s'étend de la Perse occidentale jusqu'à la Syrie, à la Judée et aux frontières de l'Égypte. Le tribut consenti par le pharaon Psammétique Ier les dissuade de poursuivre leurs conquêtes.

Les Scythes multiplient exactions et pillages en Asie Mineure jusqu'à ce que la révolte des Mèdes, conduite par Cyaxare, les repousse vers le nord.

Certains s'installent au sud-est de la mer Caspienne, se mêlant aux Daces ; d'autres, une minorité, rejoignent les Indes ; la plupart s'établissent dans la région située au nord de la mer Noire, entre les Carpathes et le Don - aujourd'hui partagée entre la Moldavie, l'Ukraine et la Russie occidentale.

Ce nouvel empire scythe est constitué au sud de steppes herbeuses désertiques et au centre de steppes boisées occupées par diverses populations sédentaires et agricoles.

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« vêtements, tissus et couvertures à partir de laine ou de feutre.

• Les hommes travaillent le cuir, ....

- = ----. les peaux et les fourrures, l'os, la corne, le bois et les métaux.

• Les Scythes excellent dans le traitement L-------.1 des peaux qu'ils imperméabilisent grâce à un badigeon à base de lait.

• Ils sont également parmi les premiers nomades d'Eurasie à maîtriser l'usage du fer et du bronze grâce auxquels ils façonnent les objets les plus divers : armes, éléments d'harnachemen~ ustensiles domestiques.

• Pour les parures et la vaisselle d'nppnrnt, ils préfèrent travailler l'or, l'argent et leurs alliages.

Les Scythes n'ont recourt qu'occasionnellement à la poterie, matière fragile inadaptée à leur vie itinérante.

HABILLEMENT ET PARURE • Les vases gréco-scythes de Kou loba et Voronej et les vêtements parfaitement conservés par le froid découverts dans certains kourganes de l'Altaï nous renseignent sur le costume scythe qui, comme celui des Perses et des Mèdes, permet de chevaucher commodément, de sauter en selle et de descendre facilement de cheval.

• Hommes et femmes portent sur une tunique ample , sans col, qui ressemble à la blouse russe, une houppelande de fourrure ou de feutre ainsi qu'un pantalon bouffant et des demi-bottes fixées au mollet par des lanières.

• Pour se protéger du terrible vent ~ ' .

de la steppe, les Scythes sont coiffés d'un bonnet pointu en feutre rigide, parfois remplacé par un bonnet à oreilles doublé de fourrure .

• Les hommes comme les femmes aiment se parer de lourds bijoux qui trahisssent leur goût pour l'or : colliers, ceintures, bracelets, boucles d'oreille, bagues, torques, pendentifs, amulettes, perles, boucles ...

Massifs ou finement ouvragés, les colliers vont des simples torques aux parures de formes plus travaillées rehaussées de perles de verre , de pierres semi-précieuses ou de coquillages .

Les pendants d'oreilles sont réservés aux femmes, les hommes portant une boucle unique à l'oreille .

• De même , le cheval est paré de tout un attirail qui illustre la fortune et le rang de son propriétaire.

Des destriers aux harnais de tête en passant par les barrettes de mors, il arrive qu'il soit couvert d'or, métamorphosé ainsi en somptueux animal de parade.

• Cela s'explique par le fait que le cheval constitue chez les Scythes le bien par excellence, à la lois véhicule et arme de chasse et de guerre.

Le trait est assuré par des attelages de bœufs.

• Les Scythes passent à juste titre, aux yeux de leurs contemporains , pour de redoutables guerriers.

Leur principale force de frappe, la cnvnlerie, est constituée par les Scythes nomades.

• l'infanterie, qui joue un rôle secondaire, est formée de Scythes agriculteurs et d'habitants des steppes insuffisamment fortunés pour posséder un cheval.

• Chaque unité de combat s'organise autour d'un escadron de guerriers lourdement armés, issus de l'aristocratie ou de la caste des guerriers professionnels.

• La tactique scythe consiste le plus souvent à esquiver délibérément l'affrontement, préférant les attaques inopinées, courtes et répétées, qui déconcertent l'adversaire.

Ainsi, les archers à cheval fondent sur l'ennemi, déversant sur lui une pluie de flèches lancées en plein galop.

• Leur réputation d'excellents archers et de cavaliers hors pair vaut aux Scythes d'être employés comme mercenaires à Athènes et par les Spartiates de Cléomène combattant les Perses.

Selon Hérodote, un roi mède aurait recruté des Scythes pour apprendre à la jeunesse de son royaume à tirer à l'arc.

•l'ore des Scythes est de petite taille mais de très forte puissance .

De fabrication composite, il comporte des éléments en bois , en corne et en os, sa corde est faite de tendons ou de crins de cheval, ses flèches en bois sont empennées de plumes rigides.

La portée de celles-ci est d'environ 150 m.

• Le guerrier scythe manie aussi • ._.,_..,,..._..

le lasso , la hache, la Innee, l'épée et le javelot.

Au contact en outre le port du casque , de la cotte de mailles et d 'un petit bouclier rond mieux, adapté à l'usage des cavaliers.

• La guerre comprend , comme chez les Celtes, des pratiques rituelles visant à cultiver la bravoure des combattants et leur mépris du danger.

Ainsi, selon les dires d 'Hérodote, « tout Scythe qui tue pour la première fois boit du sang de ses victimes ».

Après le combat , le guerrier attache à l'encolure de sa monture le scalp ou la tête de ses victimes : leur nombre détermine sa part du butin.

• Les combattants valeureux sont honorés tous les ans par des festins bien arrosés durant lesquels les combattants plus médiocres sont maintenus à l 'écart , en signe d'opprobre .

Enfin , l'honneur suprême pour un guerrier scythe est de mourir au combat.

CULTES n CROYANCES • La mythologie et les croyances des Scythes confirment leur appartenance à la famille des peuples indo-européens.

Elles partagent notamment plusieurs traits avec celles du peuple du Mitanni et des Aryens du plateau iranien.

LE PANTHEON SCYTHE • Selon Hérodote , le panthéon scythe compterait sept divinités honorées par l'ensemble des Scythes et une huitième adorée par les seuls Scythes royaux.

• Tabiti, déesse du feu du foyer et « reine des Scythes », est la divinité principale, tout particulièrement honorée par le clan royal.

Papaios est lié au ciel et assimilé à Zeus.

Api est la divinité de la terre , homologue de Gaïa .

Goitosyros , tour à tour bienfaisant ou malfaisant , est associé à la prospérité et à la fécondité des hommes et du bétail.

Le culte d'Argimpasa (Aphrodite Ourania) est fortement inspiré par ceux des déesses orientales Cybèle et Astarté.

Héraclès n 'est cité par Hérodote que par son nom grec.

Arès , divinité guerrière, est honorée sous forme d'un vieux glaive en fer dressé sur un énorme autel constitué d'une pyramide de branchages.

Thagimasadas, divinité liée au monde du cheval, est assimilée à Poséidon par Hérodote.

• Les Scythes ne construisent pas de temples, si l'on excepte les autels consacrés au seul dieu Arès.

Le culte consiste principalement en sacrifices d'animaux- du bétail à corne et des chevaux -et, une fois par an, dans le cas du culte rendu au dieu de la guerre, en sacrifices humains -des prisonniers immolés au pied d'un immense bûcher .

• Hérodote signale aussi l'existence de pratiques chamanistiques comme l'usage rituel de vapeurs hallucinogènes et l'utilisation de grelots ...

• Hormis les devins qui pratiquent la divination à partir de faisceaux de baguettes , il n'existe pas, au sein de la société scythe, de caste sacerdotale organisée .

LES RITES FUNERAIRES • Les Scythes croient en une vie dans l'au-delà .

lis la conçoivent comme une prolongation éternelle de l'existence terrestre.

Ils pratiquent donc le culte des ancêtres , en particulier celui des chefs et des guerriers« héroïsés » , et honorent leurs morts selon des coutumes comparables aux plus sophistiqués des rituels égyptiens.

• Ainsi, lorsqu'un roi ou un grand personnage décède , son corps est embaumé puis enduit de cire.

Il est ensuite transporté sur un chariot suivi par tous les membres de la tribu , tête rasée et manifestant des signes de deuil et de mortification : entailles sur les bras , le nez, les oreilles et le front, mains gauches transpercées par des flèches.

Cette procession voyage durant quarante jours, visitant les parents de la victime et traversant ses campements et ses territoires.

• Déposé sur un lit de paille, le corps est ensuite inhumé dans une tombe garnie d 'un riche mobilier et en compagnie d'une de ses compagnes , de ses principaux serviteurs -un échanson , un cuisinier, un palefrenier et un messager - et de nombreux chevaux.

• Selon Hérodote, la mise au tombeau est suivie d'une veillée mortuaire , puis de la construction du kourgane dont les dimensions dépendent de l'importance sociale du défunt, pouvant atteindre 20 rn de hauteur et 350 rn de diamètre.

Le tumulus est généralement coiffé d'une statue de pierre à l'effigie du défunt ou d'un ancêtre divinisé.

L'HÉRITAGE DES SCYTHES • Plusieurs siècles après la disparition des Scythes, leur nom continue d'être donné, en Occident , aux diverses tribus qui leur ont succédé en Eurasie .

• Cette pratique est révélatrice du riche legs que les Scythes ont laissé aux peuples de la région.

Comme l'attestent les dernières données archéologiques, la période scythe apparaît comme une étape fondatrice de la civilisation des steppes , au cours de laquelle naissent et se diffusent les premières tradition s nomades qui, pour certaines, se sont p erpétuées jusqu'à récemment.

• Loin d 'ê tre incultes parce qu'illettrés, les nomades scythes ont ainsi élaboré , face aux civilisations agricoles et urbaines d u monde méditerranéen, de l'Orie nt, et de la Chine, un mode de vie et de pensée différent qui conçoit d e façon originale la répartition des tâche s au sein de la société , la notion de biens et de propr iété, le pouvo ir -sans État -et la religion -sans dogmes ni clergé.

• Les Scythes ont en outre légué aux peup les de la région, notamment Mongols et Ossètes, leur tradition orale (langue et légendes ..

.

), leur artisanat (hache scythe, fabrication des chaussur es .

..

) et surtout leur style artistique animalier, qui constitue leur héritage le plus symbolique .

On retrouve ainsi des motifs animaliers '------- ..

d'inspiration scythe (oiseaux , cerfs, lions, griffons ...

) dans certains monuments de Byzance , de Trans caucasie et de Russie médiéval e.

l'art des Sarmates, qui découle d e l' art scythe, influencera , à la faveur des grandes invasions, les artiste s occidentaux , notamment les orfèvr e s du bas Moyen Âge.

• Enfin , au carrefour de l'Orient et de l'Occi dent, les Scythes ont établi des liens entre des empires étatisés qui ne communiquaient jusqu 'alors grec, romain, puis turc et arabe, royaumes parthe puis afghan ...

Les scène s relatives aux Saces sur les m urs de Persépolis ou aux Sarmate s sur la colonne Trnjnne en sont le s preuves.

L'ARCHÉOLOGIE SCYTHE • Le terri toire autrefois occupé par les Scythes a subi, ces dernières années, de profondes évolutions géopolitiques dont souffre l'archéologie des steppes.

• Tout d'abord, le passage à l'économie de marché des pays de la région a encouragé la reprise des fouilles « privées » de kourganes.

• Le développement des archéologies nationales, qui publient souvent leurs rapports dans leur propre langue, entrave la diffusion des découvertes.

• Plus grave encore, certains pays tenten~ à travers leurs recherches, de trouver une filiation de leur peuple avec les Scythes -filiation incompatible avec l'essence même du nomadisme.

• Enfin, l'apparrtion de frontières de plus en plus étanches a entraîné l'éclatement des collections, des srtes de fouilles et des domaines d 'étude.

• Ainsi, l'empire scythe est aujourd'hui considéré comme « russe >> d'un côté du détroit de Kertch, et « ukrainien » de l'autre.. »

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