Histoire du Brésil
Publié le 21/11/2018
Extrait du document

TIRADANTES, HÉROS NATIONAL
En 1789, une conjuration se prépare au Minas Gérais. Son but : assassiner le gouverneur de la province. Son slogan : la liberté du Minas Gérais contre la tyrannie du roi de Portugal. Au dernier moment les conjurés renoncent à leur projet mais l'un d'entre eux dénonce l'inconfidencia (« infidélité») à la Couronne. Onze rebelles sont condamnés, mais seul Joaquim José da Silva Xavier, baptisé «Tiradantes», sera exécuté le 21 avril 1792 : il est pendu, puis ses membres dépecés sont exposés pour inciter ses compatriotes à la fidélité... À la fin du XIXe siècle, Tiradantes, symbole de la résistance patriotique, est transformé en héros national par les républicains. Le jour anniversaire de sa mort est férié depuis 1890.
LE SÉJOUR DE LA COUR DE PORTUGAL (1808-1822)
• Fuyant l'avancée des armées napoléoniennes à travers la péninsule Ibérique, la cour de Portugal trouve refuge au Brésil. Sous l'autorité du prince Jean, régent, des réformes sont mises en œuvre, comme la suppression des restrictions commerciales, l'instauration de mesures en faveur de l'agriculture et de l'industrie, la création d'établissements d'enseignement supérieur, d'une imprimerie... Des élites se forment des journaux sont créés, et une véritable vie culturelle se développe, en particulier à Rio, siège du gouvernement.
UN GÉANT DU FUTUR
Le Brésil est une nation jeune : en à peine cinq siècles, il est passé du statut de colonie de la couronne de Portugal à celui de 11e puissance mondiale. Doté d'un potentiel exceptionnel, ce pays à l'échelle d'un continent est un curieux mélange de modernité et d'archaïsmes. Il demeure ce qu’il n'a cessé d'être à travers son histoire, avec ses forces et ses faiblesses : une terre d'avenir.
UNE COLONIE PORTUGAISE
La découverte du Brésil
• Le navigateur espagnol Vicente Yànez Pinzôn aborde le premier les côtes du Brésil, en janvier 1500, dans la région de l'actuelle ville de Recife.
• Cette terre que personne ne connaît appartient au Portugal depuis plusieurs années déjà. À la recherche de la route des Indes, les deux grands empires maritimes que sont alors l'Espagne et le Portugal privilégient chacun une voie : la première, celle de l'ouest; le second, celle de l'est. D'accord pour reconnaître des zones d’influence réciproques, ils ont signé en 1494 le traité de Tordesillas qui attribue toutes les terres situées à l'est de 50° de longitude aux Portugais.
• Le 22 avril 1500, le Portugais Pedro Àlvares Cabral atteint cette terre. Il en prend possession au nom de son pays et la baptise Terra da Santa Cruz («Terre de la Sainte Croix»).
• En 1501, le navigateur italien Amerigo Vespucci est chargé par
le roi Manuel Ier d'y conduire une expédition. Il reconnaît et baptise de nombreux lieux, dont la baie de Rio de Janeiro. Il rapporte au Portugal du pau-brasil, un bois du Pernambouc qui fournit une teinture rouge : la Terra da Santa Cruz va désormais s'appeler le Brésil.
La rencontre de deux mondes
• Ce territoire dont les nouveaux maîtres n'imaginent pas encore l'immensité aurait connu une occupation humaine depuis près de 8000 ans. À l'aube du xvie siècle, la population autochtone est estimée à 3 ou 4 millions d'individus. Les Amérindiens du Brésil se rattachent à quatre grands groupes : les Tupis, qui occupent la zone côtière, les Cê, sur le plateau central, les Arawaks et les Caribes, dans le bassin amazonien.
• Originaires de la région du Paraguay, les populations de culture tupi-guarani sont les premières en contact avec les Occidentaux. Ces Indiens, qui pratiquent le semi-nomadisme, sont subdivisés en groupes antagonistes et ont une organisation sociale reposant sur une dynamique guerrière.
L'organisation de la colonie
• Les Français, qui n'ont pas reconnu le traité de Tordesillas, multiplient les incursions sur le littoral brésilien et participent au commerce du pau-brasil. C'est en partie pour les chasser que le Portugal décide d'organiser la colonisation.
• En 1531, le roi Jean III charge Martim Afonso Sousa d'une mission colonisatrice. Le territoire est divisé en 15 «capitaineries» confiées à titre héréditaire à des notables, les «donataires». Investis d'immenses pouvoirs, ces derniers doivent assurer la mise en valeur et la défense de leurs possessions.
• En 1548, la Couronne se rend à l'évidence : à deux exceptions près, ce système, qui a réussi dans les colonies portugaises, a échoué au Brésil, sous l'effet de l'incurie des donataires, de l'immensité de leurs terres, du manque de moyens, de l'éloignement de la métropole, des attaques constantes des Indiens et des Français.

«
Napoléon
s'est organisée sur leur
territoire, réclament le retour du roi et
le rétablissement de l'ancien statut du
Brésil.
Jean VI rentre au Portugal,
laissant la régence à son fils Pierre,
dont la politique libérale rencontre
une vive opposition à l'Assemblée
constituante portugaise, •
Le 9 janvier 1822, le prince Pierre,
soutenu par les Brésiliens, rompt avec
l'Assemblée législative qui lui a ordonné
de rentrer à Lisbonne.
Le 7 septembre,
il lance le "cri d'lpiranga » :
"L'indépendance ou la mort!» Ce sera
l'indépendance.
l'EMPIRE BRÉSILIEN
( 1822-1889 )
LE RlCNE DE PIERRE l" (1822-1831)
• L'indépendance du Brésil a été acquise
en douceur et sans remise en cause du
système latifundiaire et esclavagiste
existant Le régent Pierre, couronné
empe l'llllr en décembre 1822, doit faire
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J� - -.... .- face à la rébellion des Portugais dans
certaines provinces et au
mécontentement des républicains.
En 1824, il donne à son pays une
Constitution assez libérale, mais il
gouverne de façon autoritaire.
• La situation économique du nouvel
empire se détériore en raison de la
chute des cours de ses principaux
produits d'exportation (sucre, coton).
Le Brésil, désormais ouvert au libre
échange, traverse une crise financière
sans précédent
• En 1825, une guerre éclate avec
l'Argentine au sujet de l'Uruguay, dont
l'Indépendance est finalement reconnue
en 1828; le conflit est aussi coûteux
qu'impopulaire.
LE ÙCNE DE PlUIE Il
(1831-1889)
• Pierre l" choisit d'abdiquer en faveur
de son fils, alors 3gé de cinq ans.
ta régence, qui dure jusqu'en 1840,
est marquée par l'instauration du
fédéralisme réclamée par l'aristocratie
rurale : des parlements régionaux sont
créés en 1834.
• À partir de 1840, Piet'l'e Il s'attache
à rétablir une certaine
stabilité politique,
mettant en œuvre un
régime parlementaire
où un parti libéral et un
conservateur jouent
l'alternance.
Le pays bénéficie d'une
conjoncture économique favorable.
C'est désormais le premier producteur
mondial de café.
La seconde moitié du
siècle est
marquée par le
développement
de l'exploitation
du caoutchouc en
Amazonie et par l'arrivée de nombreux
immigrants (Italiens, Allemands,
Portugais, Espagnols, Japonais et
Libanais).
•
Vers 1850, le Brésil compte 2,5 millions
d'esclaves.
Les campagnes des libéraux
en faveur de leur émancipation
commencent à prendre forme.
Malgré
l'opposition des planteurs de sucre et de
café, l'empereur décide d'interdire la
traite.
En 1870, à l'issue de la guerre
menée depuis 1865 par le Brésil avec
l'Argentine et l'Uruguay contre le
Paraguay, les esclaves qui ont participé
aux combats sont affranchis.
À partir de
1871, tous les enfants nés de parents
esclaves sont déclarés libres.
En 1888,
l'abolition totale est proclamée.
• Ces mesures privent le régime du
soutien traditionnel des propriétaires
terriens, qui ont perdu leur main
d'œuvre sans aucune compensation
financière, et de l'Église.
Les sacrifices
endurés pendant la guerre ont lassé
l'opinion, de plus en plus sensible aux
idées républicaines.
LA PREMIÈRE RÉPUBLIQUE
(1889-1930)
• En novembre 1889, le général
Deodoro da Fonseca, soutenu par
l'armée, renverse
l'empereur, qui
s'enfuit en Europe.
Inspirée du modèle
américain, une
·• Constitution laïque et
fédéraliste est adoptée
en 1891 ; les provinces composant la
nouvelle République des États-Unis du
Brésil jouissent d'une grande
autonomie.
Fonseca est le premier
président élu au suffrage universel.
Pourtan� une large partie de la
population est exclue de la vie politique,
dominée par l'armée et l'oligarchie du
café; les analphabètes et les femmes
n'ont pas le droit de vote.
Les premières
années du régime sont marquées par
de nombreux troubles insurrectionnels.
• En 1898, l'arrivée au pouvoir d'un
homme issu de la société civile,
Manuel h"az de Campos Stllles,
ancien gouverneur de
S3o Paulo, donne un
nouvel élan au pays
dont l'économie,
fondée surtout sur un
seul produit (le café),
demeure trop
dépendante des marchés extérieurs.
Campos Salles parvient à renflouer les
caisses de l'État grace à un important
emprunt souscrit à l'étranger.
• Au tournant du� siècle, la situation
économique se dégrade : la chute
spectaculaire des cours du café, la forte
concurrence des plantations
britanniques du Sud-Est asiatique sur le
caoutchouc amènent certains
propriétaires terriens à se reconvertir,
notamment dans l'agroalimentaire.
• L'augmentation de la demande en
café, en caoutchouc et en sucre sur les
marchés
la Première Guerre
mondiale {1914-
1918) renfloue un
l'économie
Le pays
en guerre
contre l'Allemagne au côté des Alliés en
1917, après de trop nombreuses
attaques allemandes sur ses navires.
• La fin du conflit ne signifie pas la fin
des problèmes.
La population urbaine a
fortement augmenté depuis le début du siècle.
De nouvelles revendications
sociales apparaissent Le parti
communiste brésilien est fondé en 1922
e� jusqu'en 1926, le pays est en proie à
des mouvements révolutionnaires,
principalement dans la région de sao
Paulo, à tel point que la loi martiale est
décrétée.
La crise de 1929, lourdement
ressentie au Brésil en raison de
l'effondrement du cours des matières
premières, survient dans ce contexte.
L'hE VARGAS (1910 ·1954 )
• Candidat malchanceux à la
présidentielle de 1930, Getulio
Vargas, gouverneur de la province
Rio Grande
Sul, est
au
pouvoir par
un coup d'État
militaire.
Il est
président par
intérim et gouverne par décrets
jusqu'en 1934, date de la promulgation
d'une nouvelle Constitution qui institue
notamment le droit de vote des
femmes, la sécurité sociale et l'élection
du président par le Congrès.
• Le nouveau président doit faire face à
une forte opposition de gauche.
En
1937, à la veille des nouvelles élections,
il instaure l'état d'urgence, dissout
toutes les organisations politiques,
renvoie le Congrès et proclame I'Estado
Novo («État nouveau»), qu'il dirige en
dictateur, inspiré par l'Allemagne nazie
et l'Italie fasciste.
Le régime, qui se veut
«social», favorise le développement de
l'industrie, des infrastructures et des
activités commerciales publiques afin de
concurrencer le secteur privé, instaure
un nouveau Code du travail, nationalise
les ressources minières.
• Neutre au début de la Seconde Guerre
mondiale (1939-1945), le Brésil rejoint
le camp des Alliés en 1942 et fournit
surtout une aide économique.
• En 1945, Vargas annonce la tenue
prochaine d'élections présidentielle et
législatives.
Une série de décrets-lois
impopulaires promulgués pendant la
campagne amène l'armée à fomenter
un coup d'État Vargas démissionne,
et Eurico Gaspar Outra, son ancien
ministre de la Guerre, est élu à une
large majorité.
Alors que la guerre
froide commence, le régime est de plus
en plus autoritaire.
• Demeuré très populaire, Vargas est
réélu en 1951 sur la base d'un
programme travailliste.
Favorable à la
nationalisation de l'économie, il met en
place un réseau de compagnies
publiques, notamment dans les secteurs
de l'acier et du pétrole (monopole d'État
en 1953), augmente le salaire minimum
de 100 %.
Ces mesures, qui soulèvent
de nombreuses oppositions, lui valent
d'être à nouveau déposé par l'armée le
24 août 1954.
Il se suicide le même jour.
ENTRE TIERS-MONDISME ET
MODERNISME (1954 -1964 )
·Après une période d'intérim, Juscelino
Kubitschek.
gouverneur du Minas
Gerais, est élu président (1956-1961 ).
Représentant d'une coalition travaillistes
centristes, il lance un grand programme
de travaux publics qui engendre une
forte croissance économique, mais aussi
une inflation importante et un large endettement
public.
Il décide de la
construction d'une nouvelle capitale sur
le plateau désertique du Goias, qui doit
symboliser le développement des
régions centrales : Brasilia, construite
par Oscar Niemeyer, est inaugurée le
21 avril 1960.
• En 1961, le conservateur J3nio
Quadros devient président La politique
d'austérité qu'il entame pour juguler
la crise le rend si impopulaire qu'il doit
démissionner au bout de sept mois.
• Son vice-président Joào Goulart lui
succède, avec les mêmes objectifs.
Les couches populaires exigent des
réformes radicales; la bourgeoisie craint
de perdre ses acquis; les États-Unis
soupçonnent le nouveau régime de
sympathie envers Cuba ...
En 1964,
alors qu'il soulève la délicate question
de la réforme agraire, Goulart est
renversé par un coup d'État militaire
et contraint de s'exiler.
LES MILITAIRES AU POUVOIR
( 1964 ·1985 )
• Les États-Unis, favorables au régime
des militaires, lui apportent un grand
soutien financier.
Toutes les anciennes
organisations politiques sont dissoutes
et remplacées par deux partis officiels :
I'ARENA (Alliance rénovatrice nationale),
représentant le gouvernemen� et le
MDB (Mouvement démocratique
brésilien), l'opposition.
Le nouveau
régime reprend en partie les réformes
économiques de Goulart et entreprend
de combattre l'inflation, notamment
par le contrôle des salaires et le
renforcement de la fiscalité.
En 1965,
les libertés civiles sont réduites, et
le Congrès reçoit le soin de désigner
le président et le vice-président
• Incarnant la tendance dure, l'ancien
ministre de la Guerre, le maréchal Artur
da Costa e Silva, est président de 1966 à
1969.
La Constitution de 1967 accorde
des pouvoirs illimités à l'exécutif, et
l'agitation politique augmente.
Après
les révoltes estudiantines de 1968,
le Parlement est dissous, le président
s'arroge les pleins pouvoirs.
Nombre
d'intellectuels et d'artistes prennent
le chemin de l'exil.
Économiquement la
situation s'améliore.
Le gouvernement
soutient l'industrialisation et les grands
travaux (route Transamazonienne).
L'inflation est jugulée, la croissance
tourne autour de 10 % par an.
Le Brésil
devient la 12' puissance mondiale.
• S'il a créé des nots de prospérité,
le «miracle
économique» montre pourtant
ses limites :
augmentation des inégalités,
paupérisation des
masses, essor des
fave/liS, faillite de
l'éducation et de la santé, deux secteurs
privatisés ...
• Sous les présidences d'Ernesto Geisel
(1974-1979) et surtout de Joào Baptista
de Oliveira Figueiredo (1979-1985), le
pouvoir s'assouplit Les exilés politiques sont
amnistiés, la liberté de la presse est
rétablie, et le bipartisme supprimé.
Les
premiers syndicats libres apparaissent
L'agitation sociale est bientôt
proportionnelle à la crise économique
qui frappe le pays depuis la fin des
années 1970.
• Le retour de la démocratie semble
inévitable : en janvier 1985, Tancredo
Neves, choisi par un collège électoral,
est le premier président civil depuis
vingt et un ans.
LE RETOUR DE LA DÉMOCRATIE
• Tancredo Neves décède juste avant
son investiture.
José Sarney, le vice
présiden� le remplace.
Confronté à une
inflation galopante et à une dette
extérieure considérable, il mène une
politique d'austérité et lance une
nouvelle monnaie.
Pour renforcer le
processus de démocratisation, une
nouvelle Constitution (1988) instaure
l'élection du président de la République
au suffrage universel.
• C'est ainsi que Fernando Collor de
Mello, candidat conservateur, arrive au
pouvoir en 1989.
Alors que l'inflation
atteint 2 000 % par an, il lance à son
tour un plan de redressement
économique qui, loin de juguler la crise,
plonge le pays dans une terrible
récession dont sont victimes les plus
défavorisés.
Au centre d'une série
de scandales politico-financiers, le
présiden� accusé de corruption, est
destitué en 1992.
• Le vice-président ltamar Franco le
remplace jusqu'à l'élection de Fernando
Henrique Cardoso, fin 1994.
Poursuivant
les efforts de redressement
économique, celui-ci parvient à
stabiliser l'inflation grace à la création
d'une nouvelle monnaie, alignée sur le
dollar américain.
Mais le coût de cette
politique est très élevé.
Réélu en 1998,
Cardoso poursuit les privatisations
entamées par Mello.
• En 2002, Luiz lnacio Lula da Silva, dit
simplement Luta, le candidat du parti
dPI•'rinrali.
»
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