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Histoire du Canada

Publié le 21/11/2018

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UNE NATION FRAGILE?

Le Canada est devenu un État fédéral en 1867. Mais les 30 millions d'habitants du deuxième plus vaste pays du monde constituent-ils pour autant aujourd'hui une nation? La géographie et l'histoire lui ont donné sa singularité en même temps qu'elles établissaient des lignes de fracture entre ses provinces et ses habitants, soit autant de facteurs d'éclatement. Les aspirations des francophones du Québec constituent une menace contre l'unité canadienne, mais elle n'est pas la seule : le régionalisme, entretenu par les disparités économiques entre les provinces, ne cesse de s'accroître, tandis que les peuples autochtones, oubliés de l'histoire, veulent aussi prendre leur destin en main.

LES ORIGINES

Les POPULATIONS AUTOCHTONES

L'immense territoire du Canada serait peuplé depuis plus de 10000 ans.

À la veille des premiers contacts avec les Européens (fin XVe s.), on estime la population à 300000 habitants environ, répartis en une centaine de nations, rattachées à l'une des douze grandes familles linguistiques. Reflets de leur environnement leur mode de vie, leur culture et leur organisation sociale diffèrent fortement. Parfois en lutte pour la défense de leur territoire, les indigènes pratiquent le troc.

■ Les groupes de l'Est. Les plus nombreux sont les Amérindiens appartenant à la famille linguistique iroquoise : Hurons, Iroquois, Pétuns, Eriés, concentrés autour du lac Ontario, à l’est des lacs Érié et Huron, dans la vallée du Saint-Laurent. Installés sur les terres les plus fertiles, ils connaissent l'agriculture, se regroupent en villages et ont une organisation sociale très structurée. Les membres de la famille algonquienne occupent un plus vaste territoire : Micmacs et Malécites (façade atlantique), Montagnais et Algonquiens (nord du Saint-Laurent), Ojibwés, Outaouais et Népissingues (nord des Grands Lacs). Ils vivent essentiellement de pêche et de cueillette, et migrent par petits groupes selon les saisons.

Les Inuits sont installés sur la côte du Labrador et dans tout le nord du pays. Ils vivent en groupes de quelques familles dans des conditions climatiques extrêmes.

• Les groupes de l'Ouest. Les Amérindiens des Plaines (Pieds-Noirs, Assiniboines) sont organisés en petites bandes sous la conduite d'un chef, chassent le bison et apprennent, au début du xviiie siècle, à maîtriser le cheval.

Séparés du reste du territoire par la chaîne des Rocheuses, les habitants de la côte Pacifique (Haïdas, Tlingits, Salishs) sont des pêcheurs et des commerçants plutôt sédentaires. Dans l'actuelle Colombie-Britannique, on rencontre des Kootenays, des pêcheurs-chasseurs nomades.

 

• Bien avant l'arrivée des Européens au Canada, les Amérindiens avaient appris à extraire la sève de l'érable et à la faire évaporer pour obtenir du sucre.

L'arrivée des Européens

• Le premier Européen à avoir atteint l'Amérique du Nord est sans doute l'islandais Leif Eriksson (v. 975-v. 1020) qui, parti du Groenland,

histoire

« colons français, devenus des citoyens de seconde zone? Gr�ce à la politique de tolérance menée par plusieurs gouverneurs, la population francophone obtient la garantie de la langue et de la religion catholique, ce qu'entérine l'Acte de Québec (1774).

• La guerre d'Indépendance américaine (1763-1783) permet d'une certaine manière de conclure l'Acte de Québec, signe de bonne volonté de la Couronne britannique mise à mal dans ce confli� mais elle contribue aussi à affaiblir les Francophones, puisqu'elle est suivie de l'arrivée au Canada de plus de 50000 loyalistes anglophones qui s'établissent dans la province du Nouveau­ Brunswick, créée entre le Québec et la Nouvelle-Écosse pour les accueillir.

DE ( Arn CONSTITUTIONNEL À L'Am D'UNION • En 1791, l'Acte constitutionnel institue la division du Canada en deux parties, chacune dirigée par un lieutenant­ gouverneur : le Bas-Canada (futur Québec), à majorité francophone, le Haut-Canada (futur Ontario), à majorité anglophone.

• Les anglophones sont largement majoritaires dans le pays, et les motifs de tension ne manquent pas, d'autant que la fin de la guerre angle­ américaine (1815) s'accompagne de difficultés économiques en Grande­ Bretagne et d'une nouvelle vague d'immigration vers le Canada.

• t:année 1837 est marquée par des révoltes dans les «deux Canada».

Wllli11m Lyon Le premier critique le gouvernement provincial et la politique coloniale britanniques, le second défend l'autonomie et les particularismes québécois.

Les rébellions sont écrasées p ar la Grande-Bretagne, qui refuse de céder.

• En 1840, le Parlement britannique vote l'Acte d'union des deux colonies au sein de la province du Canada-Uni; chacune dispose d'une représentation égale dans le cadre d'une législature centralisée.

l'ACTE DE 1.'/UdRIQUE DU NORD BRITANNIQUE • Les députés anglophones libéraux et francophones modérés ne tardent pas à nouer une alliance à l'Assemblée législative du Canada-Uni contre l'arbitraire du gouverneur britannique.

La coexistence pacifique apparaît nécessaire pour assurer la prospérité de la vallée du Saint-Laurent.

La mise en valeur de l'Ouest canadien milite aussi pour la constitution d'un État, qui doit être suffisamment fort pour s'affirmer face aux États-Unis tout en garantissant aux provinces, séparées tant par les distances que par leur diversité, une certaine autonomie.

• En 1867, le Canada-Uni, la Nouvelle­ Écosse et le Nouveau-Brunswick s'entendent sur une Constitution instaurant un État fédéral.

Le Parlement britannique adopte l'Acte de l'Amérique du Nord britannique qui est proclamé au Canada le 1" juillet de la même année.

Les Canadiens francophones ont obtenu la création de la province de Qftb«, la possibilité d'utiliser la langue française au Parlement fédéral comme dans les institutions politiques et judiciaires du Québec.

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J C'est la première fois qu'une colonie arrive à l'autogouvernement sans quitter l'Empire britannique.

UN PAYS À CONSTRUIRE • John Alexander Macdonald, conservateur élu Premier ministre en 1867, s'attache à développer le dominion du Canada, d'abord sur le plan territorial, avec l'achat de la terre de Rupert et des Territoires du Nord­ Ouest (1869), 1e rattachement du Manitoba (1870), de la Colombie­ Britannique (1871) et de 171e du Prince­ Édouard (1873).

• Cette expansion est vécue comme une menace chez les Amérindiens et les métis, qui se révoltent en 1869 puis en 1884, sous la direction de Louis David Riel.

Leur mouvement est écrasé sans pitié par l'armée fédérale.

• La nécessité de relier les différentes provinces d'un si vaste État amène le gouvernement à se lancer dans la construction d'une ligne de chemin de fer transcontinentale : c'est chose faite avec le c-di11n Pacifie Railw11y (1881-18 85), qui va de Montréal à Vancouver.

• En 1896,le libéral Wilfried Laurier, francophone, remporte les élections fédérales.

Il poursuit la politique de développement nationale menée par son prédécesseur, aidé par une conjoncture économique favorable et une immigration toujours plus grande, désormais majoritairement issue d'Europe non anglophone (Ukraine, Russie, Italie ...

).

UNE SOCiht TOUIOURS DIVIStE • Le Premier ministre doit aussi faire face aux clivages qui apparaissent en toute occasion entre francophones et anglophones, notamment en ce qui concerne les relations avec la Grande­ Bretagne.

Globalement, les francophones sont «nationalistes», c'est-à-dire qu'ils veulent défendre avant tout les intérêts du Canada; les anglophones sont" impérialistes "• profondément attachés aux intérêts de l'Empire britannique qu'ils sont prêts à défendre, comme en voulant participer à la guerre des Boers (1899-1902) ou à la Première Guerre mondiale.

• Au-delà, apparaissent deux conceptions du Canada : pour les francophones, c'est un État biculturel qui doit garantir, sur l'ensemble du territoire, l'égalité des droits des deux grands peuples qui le composent; pour les anglophones, c'est un pays anglais qui tolère le bilinguisme au Parlement et au Québec.

Le débat rejaillit notamment sur la question de l'enseignement.

UNE NOUVELLE AUTONOMIE • Le libéral William Lyon Mackenzie King, Premier ministre dans les années 1920, cherche à renforcer l'union de la nation en réclamant le droit pour le Canada de déterminer sa propre politique à l'égal du Royaume-Uni.

La conférence impériale de 1926 reconnaît la Grande-Bretagne et ses dominions comme des «collectivités autonomes de statut égal>>, ce que confirme le statut de Westminster (1931) qui établit une association d'États indépendants: le Commonwealth.

DE LA CRISE À LA PROSPhiTt • Frappé de plein fouet par la crise des années 1930, le Canada, grand exportateur de matières premières, subit le marasme du commerce international.

Les mesures protectionnistes prises par le gouvernement conservateur (1930- 1935) se révèlent inefficaces, tout comme la plupart des solutions envisagées pour faire face au chômage.

De plus, leur coût pose bientôt un problème constitutionnel, car ces dépenses, théoriquement à la charge des provinces, doivent de fait être assumées par l'État fédéral.

• La commission Roweii-Sirois, qui enquête sur l'orientation du fédéralisme canadien, prône un régime centralisé dans lequel le gouvernement fédéral deviendrait le maître d'œuvre d'un nouvel État-providence.

La Const�ution est partiellement amendée dans ce sens.

· Toutes les ressources humaines et matérielles du pays sont mobilisées dans l'effort de participation à la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés.

Cette période exceptionnelle renforce la tendance à la centralisation apparue précédemment : le gouvernement fédéral obtient notamment des provinces la gestion des grands impôts directs en échange d'une subvention annuelle.

• t:après-guerre est marqué par une très forte croissance économique et démographique.

Les Canadiens ont alors l'un des niveaux de vie les plus élevés au monde.

La société est de plus en plus influencée par le mode de vie américain.

UNE UNITÉ NATIONALE TOUJOURS PROBLÉMATIQUE lA CENTRALISATION • Le gouvernement amorce alors la « canadianisation » des institutions pour d'une part rompre les derniers liens symboliques avec la Grande-Bretagne, d'autre part marquer une distance vis­ à-vis des États-Unis.

En 1949, la citoyenneté canadienne est créée.

·À la différence des autres provinces, le Québec, alors gouverné par l'Union nationale de Maurice Duplessis, accepte mal la centralisation toujours plus grande des institutions.

L'intrusion du gouvernement fédéral dans des champs que la Constitution ne prévoit pas est vigoureusement dénoncée, et la province du pays.

Le Québec, qui voudrait francophone négocie des compromis, former une société distincte à l'intérieur notamment en matière fiscale.

du Canada, s'y oppose, car la l'hE TRUDEAU (1968-1984) • Leader du Parti libéral, le francophone Pie rrr Elliott Trudttlu devient Premier ministre en 1968.

Très attaché au maintien de l'unité nationale, au système du fédéralisme et au bilinguisme, il fait adopter la loi sur les langues officielles (1969) qui met à égalité le français et l'anglais.

• Il doit cependant faire face à une détérioration de la situation au Québec où les mouvements séparatistes se radicalisent.

En 1974, la province adopte une loi qui fait du français la langue officielle.

En 1976, le Parti québécois (PQ), séparatiste, remporte les élections provinciales.

• Dans le contexte de la crise pétrolière des années 1970, le Parti libéral perd un temps les commandes du pays au profit du conservateur Joseph Clark (1979- 1980).

De retour au pouvoir, Trudeau triomphe : 60% des électeurs du Québec rejettent la «souveraineté­ association>> (souveraineté politique de la province, association économique avec le Canada) proposée par René Lévesque, chef du PQ.

• En mars 1982, la Constition du Canada est rapatriée de Londres, consécration de l'indépendance totale Constitution n'est pas accompagnée d'une nouvelle répartition des pouvoirs.

LE GOUVERNEMENT CONSERVATEUR DE BRIAN MULRONEY (1984-1993) • Chef du Parti conservateur, Brian Mulroney devient Premier ministre en 1984.

Comme ses prédécesseurs, il doit traiter du problème de la définition des rapports entre le gouvernement fédéral et les provinces.

Il négocie avec Robert Bourassa, représentant du Québec, l'accord du lac Meech (1987) qui reconnaît la province comme une société distincte et restaure son droit de veto pour les modifications constitutionnelles importantes.

t:accord est rejeté par le Manitoba et Terre­ Neuve, qui veulent obtenir une meilleure reconnaissance des droits des autochtones.

En 1992,1'accord de Charlottetown est également rejeté par six provinces sur dix.

• Sur le plan économique, le Canada signe avec les États-Unis un accord de libre-échange (1988).

t:union économ ique est rejointe par le Mexique dans le cadre de I'ALENA (Accord de libre échange nord-américain) en 1992.

LE CANADA DE lEAN (HRhiEN • /tan Chrttitn, le leader du Parti libéral est Premier ministre depuis 1993.

Partisan d'une fédération canadienne unie et forte, c'est un f-------------_, adversaire du mouvement séparatiste du Québec, sa province natale.

Sur le LE RÉVEIL DES PREMiiRES NATIONS En 1990, 1es manffestations des Mohawks, refusant qu'une terre sacrée devienne un terrain de golf, ont rappelé brutalement au reste des Canadiens que les premiers occupants du terr�oire n'ont toujours pas leur juste place dans la société canadienne.

Placés sous la tutelle du gouvernement d'Ottawa, Indiens et lnuits n'ont retrouvé qu'en 19661e niveau de population d'avant l'occupation européenne.

Dans les années 1970 et 1980, plusieurs peuples ont obtenu des titres de propriété, des droits exclusffs de chasse ou de péche et l'autonomie administrative dans les villages autochtones, mais le plus souvent en échange d'un renoncement à des droits terr�oriaux sur de bien plus vastes terr�oires.

Souvent marginalisés sur le plan social, ils réclament aujourd'hui la reconnaissance de leur iden�é.

le dro� à se gouverner de manière autonome, de profrter des richesses de leurs termoires ancestraux.

Un pas important a été franchi avec la création, en 1999, duNMfirJI («Notre terre»), te�oire inu� doté d'une assemblée législative, d'un cabinet et d'un tribunal territorial.

plan international, il cherche à donner au pays un rôle à sa contrebalancer le poids des États­ Unis et de I'ALENA.

Sur le plan intérieur , il doit faire face à la montée du sentiment indépendantiste au Québec, cristallisée par les succès électoraux du PQ aux législatives provinciales de 1994.

• En 1995, le référendum sur la souveraineté de la province, promis par Jacques Parizeau, le nouveau Premier ministre du Québec, échoue de justesse : les Québécois adressent un message au gouvernement fédéral.

Lucien Bouchard (PQ) prend la tête du gouvernement de la province.

Il échoue à relancer une fois de plus le débat sur la question nationale et cède la place à Bernard Landry, cofondateur du PQ.

• En avril 2003, les législatives au Québec portent le Parti libéral de Jean Charest au pouvoir.

Les «fédéralistes>> ' \ e • r remplacent les « souverainistes >> du PQ, en dépit de leur bilan économique et social positif.

Les habitants de la «Belle­ Province • semblent avoir privilégié l'option de rester dans la fédération.. »

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