Histoire du Premier Empire : De l'envol à la chute de l'Aigle

« L'HtRITAGE DE NAPOIÎON De nombreuses institutions datant du Consulat et de l'Empire subsistent en France, comme les préfets, créés en 1800, ou la Banque de France.

Le système des lycées et des académies, institué en 1802, ou la Cour des comptes (1807) existent encore.

Le Code civil, regroupant l'ensemble des lois civiles, né en 1804, est encore en grande partie en vigueur.

Il a été suivi par le Code du commerce (1807),1e Code pénal {1810) ou le Code rural (1814), toujours valables.

La Légion d'honneur, créée en 1802, est encore la plus haute distinction française, civile et militaire.

(cinquième coalition).

En avril.

la Bavière est envahie par les Autrichiens.

Mais Napoléon repousse l'attaque autrichienne et s'ouvre la route de Vienne pour la deuxième fois (13 mai).

Bloqué lors du passage du Danube à Essling et Aspern (22 ma�.

Napoléon doit attendre le 6 juille� pour parvenir à franchir le fleuve et à défaire les Autrichiens à Wagram avant de signer la paix.

Un peu partout, dans le Tyrol, en Westphalie, en Saxe, des révoltes avaient éclaté contre la présence française.

MARIE-LOUISE D'AUTRICHE Le traité de Vienne (14 octobre 1809) avec l'Autriche est tout aussi rigoureux qu'en 1805.

De nombreux territoires sont cédés à la France, à la Bavière et même à la Russie.

Surtou� en janvier 1810, François 1� accorde la main de sa fille Marie-Louise à Napoléon, qui entend divorcer de Joséphine.

Un virage dynastique est franchi pour le régime napoléonien au cours de ce mariage, célébré à Paris le 2 avril 1810.

La naissance d'un fils, le roi de Rome, le 20 mars 1811, renforce encore cette évolution.

LES 134 DtPAIITE MENTS La logique du blocus continental conduit non seulement Napoléon à mener une politique étrangère agressive, mais encore à repousser toujours plus loin les frontières de l'Empire en annexant des territoires pour mieux les contrôler.

En 1808, Gênes, Parme et Florence sont intégrés.

En 1810, c'est le tour de Rome et ses environs.

Les six départements des provinces Illyriennes ont pour vocation d'isoler l'Autriche de son débouché maritime sur l'Adriatique.

La Hollande, le Valais, Hambourg.

Brême suivent La Catalogne est partagée en quatre départements en 1812.

Le total des 134 départements est ainsi atteint au gré des remaniements.

t:Empire compte ainsi près de 45 millions d'habitants.

Autour des frontières, Napoléon est roi d'Italie, médiateur de la Confédération helvétique et protecteur de la Confédération du Rhin.

Joseph Bonaparte est sur le trône d'Espagne, Jérôme en Westphalie, Louis en LA CRISE REUGIEUSE Hollande, le maréchal Murat à Naples avec son épouse Caroline Bonaparte, Élisa Bonaparte est grande-duchesse de Toscane.

Le conflit entre l'Empereur et le pape Pie Vil à partir de 1809 a tout de même marqué un net recul du pouvoir impérial.

Il a donné de Napoléon l'image d'un tyran.

En 1809,1'Empereur, pour parfaire le système du Blocus, ordonne aux ports des États pontificaux de cesser de commercer avec l'Angleterre.

Devant le refus du pape, Rome est envahie le 21 janvier 1808.

Le pape est gardé sous surveillance.

il lutte à sa manière en cessant d'investir les évêques français nommés par l'Empereur.

Pour éviter le blocage, Napoléon réunit un concile national en juin 1811 présidé par son oncle, le cardinal Fesch.

Mais le concile refuse de rompre avec le pape.

Ce dernier, conduit à Fontainebleau, accepte sous la contrainte de signer un nouveau concordat plus favorable à l'Empereur (25 janvier 1813).

Il se rétracte aussitôt En mars 1814, le pape réussira à faire plier Napoléon et retournera à Rome.

UNE SOCibt BLOQUtE La société française se montre favorable à l'Empire.

Seule la durée de la guerre nuit au régime à partir de 1809.

Jusque-là, Napoléon reçoit le soutien des notables et des classes populaires.

Les bourgeois voient en lui celui qui garantit les acquis de la Révolution, notamment en ce qui concerne les biens nationaux.

Les propriétaires enrichis après 1789 profitent peu, en revanche, de l'établissement de la noblesse d'Empire, décidée par décret le 1" mars 1808.

Les titres nobiliaires sont reconnus et de nouveaux voient le jour.

La féodalité reste interdite mais pensions et préséances sont attachées aux chevaliers, barons, comtes, ducs et princes institués.

En revanche, ces titres ne sont pas héréditaires.

Une grande proportion de ces nobles est d'origine militaire.

Les fonctionnaires sont également souvent récompensés.

Les paysans et les ouvriers soutiennent également le régime.

En général, la guerre rend les travailleurs plus rares à cause de la conscription et l'industrie se développe.

Les salaires augmentent donc et les conditions de vie s'améliorent jusqu'à la crise de 1811.

Quelques exemples d'ascension sociale très rapides n'empêchent pas que les emplois et la richesse soient réservés généralement à une minorité fortunée que favorise le système.

UNE tCONOMIE EN CRISE Si l'agriculture reste la base de l'économie nationale, c'est l'Industrie qui bénéficie le plus du régime impérial dans les premières années.

Le textile (coton, soie, laine), la chimie et les armes sont des domaines en plein essor.

La solidité de la monnaie et le capitalisme bancaire favorisent également les investissements.

Mais bien vite, le système du blocus continental bouleverse les débouchés commerciaux.

Les ports sont ruinés et la France peine à conquérir les marchés européens fermés aux produits anglais.

!:économie sombre dans la crise.

La contrebande renchérit le prix des produits coloniaux, mine le Blocus et nuit à l'industrie française.

!:inflation et le chômage se développent.

!:Empereur, par le système des licences, est obligé d'accorder des dérogations pour commercer avec les nes Britanniques.

Une mauvaise récolte en 1811 fait monter le prix du pain et des céréales.

provoquant quelques émeutes.

Le régime devient alors impopulaire.

L'ART AUX ORDRES Napoléon entend mettre à son service les arts et la culture.

En 1808, il crée l'université impériale qui organise le monopole de l'État sur l'enseignement Le territoire est découpé en académies et les professeurs deviennent des salariés de l'État.

_....,...

.....

=-- La censure empêche la création littéraire et seuls Chateaubriand et Mme de Staël, deux opposants à Napoléon, s'illustrent à cette époque.

Les œuvres littéraires populaires, sans danger pour le régime, connaissent pourtant un vif succès.

Le nombre de thé3tres est limité à huit dans la capitale.

La peinture est plus en vogue.

Napoléon ramène d'Italie des œuvres fameuses exposées au musée Napoléon (le Louvre).

David, le grand peintre du momen� est un fidèle serviteur du régime, notamment avec son tableau du Sacre.

Le style néo­ classique, inspiré de l'Antiquité, domine la sculpture, la mode et l'architecture.

LES REVERS (1812 ·1814 ) LA CAMPAGNE DE RUSSIE Le tsar Alexandre et Napoléon sont en conflit.

La Russie se plaint du blocus continental et l'Empereur ne fait plus confiance à l'allié russe.

La rupture devient inévitable.

Napoléon prépare une offensive dès la fin de 1811.

Le 22 juin 1812, la Grande Armée traverse le Niémen, forte de 600 000 hommes.

Après une victoire difficile à la Moskova (7 septembre 1812),1'armée française entre à Moscou le 14 septembre.

Un mois plus tard, la retraite est ordonnée.

Les conditions climatiques et le harcèlement des Russes provoquent une véritable débacle.

Le 16 décembre, ils ne sont que 16 ooo environ à repasser le Niémen.

L'AFFAIRE MALIT Le 23 octobre 1812,1e général Claude­ François de Male� un républicain, fait croire à la mort de l'Empereur.

Avec quelques complices, il capture Savary, le ministre de la police, et Pasquier, le préfet de Police et devient quasiment maitre de Paris.

Seul l'état-major de la garnison de Paris refuse de reconnaître Malet.

Le coup d'État échoue.

Napoléon, averti le 6 novembre, décide de rentrer à Paris.

Pas un seul soldat, pas un seul fonctionnaire, n'a songé à proclamer empereur le fils de Napoléon.

La dynastie des Bonaparte parait bien fragile en France même alors que l'armée est vaincue.

LA CAMPAGNE DE 1813 Tandis que l'armée atteint la Pologne, Napoléon prépare la prochaine campagne.

La Prusse, en décembre 1812, avait signé une alliance avec la Russie, tout comme la Suède, dont Bernadotte, un maréchal de France, est devenu le roi.

Une sixième coalition se forme.

!:Empereur, en faisant appel à de nombreux conscrits, parvient à repousser les Prussiens et les Russes à Lützen et Bautzen (2 et 20 mai 1813) et à obtenir un armistice.

Du 5 juillet au 10 aoû� un congrès se tient à Prague, mais Napoléon refuse les conditions qu'on lui propose.

La guerre reprend aussitôt avec cette fois l'Autriche du côté des Coalisés.

Encore victorieux à Dresde (août), l'Empereur est vaincu à Leipzig (octobre 1813).

!:Allemagne, l'Italie et la Hollande sont perdues.

!:Espagne égalemen� depuis que le duc de Wellington a triomphé des troupes françaises à Vitoria (21 juin 1813).

En octobre, les Anglais pénètrent en France par le sud.

!:invasion du pays a commencé.

LA CAMPAGNE DE fRANCE Face à une armée de 250 000 hommes, Napoléon réussit des miracles.

Il parvient à remporter quelques batailles au début de l'année 1814 (Brienne.

Champaubert, Montmirail.

Chateau-Thierry, Montereau ...

).

Le tsar, par le pacte de Chaumont (1" mars 1814), insiste pour qu'aucun des Alliés ne signe de paix séparée avec la France.

La marche des Coalisés sur Paris est alors irrésistible et le 31 mars, la capitale française capitule.

L'ABDICAnON Tandis qu'à Paris, Talleyrand obtient du conseil général de la Seine et du Sénat des appels en faveur de Louis XVIII, Napoléon, réfugié à Fontainebleau, est forcé d'abdiquer par ses propres maréchaux le 6 avril 1814.

Le régime impérial s'effondre.

Après une tentative de suicide, Napoléon accepte lors du traité de Fontainebleau (11 avril) de quitter le pays et de s'installer à 111e d'Elbe dont il est le nouveau souverain.

LES CENT -JOURS (IBIS) L'EXIL ET LE VOL DE t.' AIGLE Si le retour à la paix correspond au vœu des Français, celui des Bourbons (Louis XVIII) sur le trône est mal accepté.

La � --- � .

' ..

" A··-...

, - ·J' -----�-- situation économique n'est pas favorable, l'armée est mécontente et les bonapartistes s'agitent.

Après dix mois d'exil seulement, Napoléon s'enfuit de 111e d'Elbe et débarque en France avec une maigre troupe le l" mars 1815.

De Golfe-Juan, il marche sur Grenoble à travers les Alpes.

A Laffrey, le 7 mars, il rallie un détachement venu l'arrêter.

Il entre à Lyon, trois jours plus tard, accueilli avec ferveur par la population.

Le 20 mars, l'empereur dort aux Tuileries.

L'EMPIRE UBtRAL Le retour de Napoléon s'appuie essentiellement sur les couches populaires du pays (paysans, ouvriers, soldats), alors que les notables ne montrent aucun enthousiasme.

Pour tenter de se concilier une large majorité, l'Empereur fait rédiger une nouvelle Constitution, plus libérale, proclamée le 22 avril et ratifiée par plébiscite.

Ce texte est baptisé Acte additionnel aux Constitutions de l'Empire.

Le cens est abaissé, les ministres sont responsables devant les chambres (chambre des représentants et chambre des pairs).

la censure disparai� les juridictions d'exception également.

..

Cette évolution ne brise pas les oppositions.

En Vendée, le rétablissement de la conscription relance les mouvements royalistes des Chouans éteints depuis 1799.

Napoléon est contraint d'y envoyer 8 000 hommes pour rétablir l'ordre.

Les républicains s'organisent également avec une opposition parlementaire et l'émergence d'un mouvement fédératif ouvrier d'esprit révolutionnaire dans les villes.

WATIRLOO ET LA SECONDE ABDICAnON Réunies en congrès à Vienne, les puissances coalisées marquent aussitôt leur hostilité au retour de l'Empereur.

Le 13 mars, elles mettent ainsi Napoléon hors la loi en lui déclarant la guerre.

t:armée française compte 120 000 hommes tandis que les Coalisés peuvent aligner huit fois plus de soldats.

Le 18 juin 1815, à Waterloo, Napoléon est définitivement vaincu par les troupes anglaises et prussiennes de Wellington et Blücher.

De retour à Paris, il abdique une seconde fois le 22 juin en faveur de son fils.

Fouché, ministre de la Police, éloigne l'Empereur de la capitale et constitue une commission de gouvernement afin de rendre le pouvoir à Louis XVIII.

A l'ile d'Aix, Napoléon envisage de se réfugier aux États-Unis mais choisit finalement de se rendre à la flotte anglaise qui croise au large.

Le gouvernement anglais décide de l'éloigner et désigne 111e de Sainte· ,.....------.

Héléne, dans l'Atlantique Sud, pour ultime exil.

Napoléon y meurt --10-.--- le 5 mai 1821.. »