Italie de 1920 à 1929 : Histoire
Publié le 08/01/2019
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Puissance victorieuse mais insatisfaite des traités, l’Italie connaît au lendemain de la Grande Guerre une crise multiforme qui aboutit en octobre 1922 à l’avènement d'un gouvernement dominé par les fascistes. Dans la seconde moitié des années vingt, celui-ci met en place un régime dictatorial qui revêt peu à peu les traits du totalitarisme.
Révolution ou contre-révolution
Beaucoup d’Italiens avaient espéré qu’une guerre victorieuse donnerait à leur pays un certain poids international. Or les Alliés ne tiennent pas toutes les promesses faites à l'Italie en guerre, le président
américain Woodrow Wilson lui refusant, au nom du libre arbitre des peuples, l'Istrie et la Dalmatie peuplées en majorité de Slovènes. Exploité par les nationalistes, le thème de la «victoire mutilée» va ainsi nourrir de vifs ressentiments dans l'opinion, celle-ci soutenant l’initiative de Gabriele D’Annunzio lorsque le 12 septembre 1919 le poète-ancien combattant occupe et se rend maître de Fiume à la tête d’une légion de volontaires : les arditi. A cette frustration du sentiment national s’ajoute, chez nombre de combattants, une rancœur tenace envers un régime qu'ils jugent responsable du déclenchement de la guerre et
incapable d’assurer le reclassement des démobilisés.
Cette crise morale se développe sur un fond de difficultés économiques et de durs conflits sociaux. La guerre n’a pas seulement provoqué, par le biais de l’inflation, l’appauvrissement d’une partie des classes moyennes et la réduction du pouvoir d’achat des couches populaires, elle a également accentué des déséquilibres sociaux et régionaux qui se trouvent encore aggravés par la récession consécutive à la démobilisation économique. Tandis que les faillites se multiplient, le chômage et la baisse des salaires aiguisent les tensions sociales et débouchent au printemps 1919 sur un

«
Cong
rès du pani socialiste
à Livourne en janvier 1921
qui marque la rupture encre
les communistes et les
socialistes.
© Harlingue • Viol/et
La marche sur Rome, décidée
par le parti fasciste en octobre
1922, accélère l'accès au pouvoi r
de Benito Mussol in i.
© Mondadoripress véritable
processus révolutionnaire.
Dans les campagnes, le mouvement
mobilise la paysannerie pauvre, qui a
payé le plus lourd tribut à la guerre
(elle formait la masse des fantassins) et
à qui l'on a promis après la défaite de
Caporetto une «solution du problème
des terreS>>.
Il se traduit par une
puissante vague d'occupation des
terres non cultivées et des grands
domaines, principalement dans le
Latium et dans la vallée du Pô, et par
l'organisation de coopératives qui
imposent aux grand propriétaires des
taux de salaires et des contrats plus
avantageux pour les paysans.
Dans les régions industrielles, les
ouvriers encadrés par la CGL
( C on fédé rati on générale du tr a v ail) et
stimulés par l'exemple de la révolution
russe engagent une série d'actions qui
culminent, pendant l'été 1920, avec le
vaste mouvement de grèves et
d'occupations d'usines qui s'étend
b ien tôt à tou te l'Italie du Nord.
Organisés en menées par les Chemises
noires -avec le soutien, souvent, de l'armée,
de la police et de nombreux
magistrats -sèment bientôt la terreur
dans toute l'Italie.
Dès lors, le
mouvement enregistre de rapides
progrès.
Ses eff ec tifs passent de
200 000 adhé re nt s au début de 1921 à
plus de 700 000 au printemps 1922,
Mussolini ayant d'ailleurs parfois
q ue lques difficultés à contenir les
ambitions de ses lieutenants.
Face à la
terreur «squadriste», dont les
principales victimes sont les militants
syndicalistes et les membres des
organisations d'extrême gauche, mais
qui peut également frapper des
libéraux et des catholiques, les forces
hostiles au fascisme -socialistes
divisés en plusieurs tendances rivales,
communistes constitués en parti après
le con grè s de Livoume en janvier 1921,
démocrates-chrétiens rassemblés dans
le PPI (parti populaire italie n) de don
L ui gi Sturzo, modérés et libéraux -ne
parviennent pas à s'unir.
Leurs
rivalités empêchent la constitution d'un
gouvernement stable -quatre équipes
ministérielles se succèdent entre juin
1919 et févr ier 1922 -et ouvrent la
voie à un e «Solution fasciste» de la
crise.
Mussolini va jouer habilement de
ces divisions auprès d'une classe
dirigeante qui ne souhaite
vraisemblablement pas l'établissement
d'une dictature prolongée mais qui
confie en quelque sorte tacitement aux
fascistes le soin de rétablir l'ordre.
En
fait le dirigeant du PNF (parti national
fasciste), qui n'a réussi à faire élire
qu'une trentaine de députés aux
élections de mai 1921, songe moins à
restaurer l'ordre traditionnel qu'à
imposer sa dictature personnelle, et
pour cela il n'hésite pas à recourir à
l'a ctio n directe (par exemple en aoOt
1922 pour briser la grève générale de
p rotes tat io n organisée par les
socialistes).
Cela avec la complicité
d 'un e partie de la classe dirigeante qui
pense pouvoir utiliser temporairement
le fascisme pour «assainir» l'État
libéral et ré tabl ir ses privilèges.
Tel est.
»
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