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Jan Hus

Publié le 22/02/2012

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Le royaume de Bohême, élevé par Charles IV au premier rang parmi les États de l'Europe centrale, ne se maintint pas longtemps à ce niveau. Les éléments de désagrégation, que l'empereur avait presque supprimés, reprirent de la vigueur au cours du faible règne de son fils Venceslas IV et, pendant la guerre civile qui avait fait rage durant dix années, amenèrent l'État au bord de la ruine. Seuls les anciens officiers de l'empereur et leurs fidèles, ainsi que les intellectuels issus pour la plupart de l'université fondée par Charles IV, réussirent à éviter la catastrophe. Les prédicateurs, surtout, exaltèrent puissamment le patriotisme tchèque. Maître Jean Hus, le premier parmi eux aussi bien par la grande oeuvre de sa vie que par l'exemple de sa mort, devint leur représentant. "Les Tchèques, dit Ernest Denis, si fiers de leurs grands rois et de leurs illustres généraux, n'ont cependant choisi ni Charles IV, ni Zizka, ni Georges de Podebrady pour les placer au sommet de leur Panthéon, mais ce simple prédicateur..."

« solution révolutionnaire pourrait mettre fin à cette honte.

On décida de renoncer à l'obédience des deux papes, celuide Rome ainsi que celui d'Avignon, de convoquer un concile œcuménique et de procéder immédiatement à l'électiond'un nouveau pontife qui serait reconnu par toute la chrétienté.

L'Université de Paris gagna à cette solution mêmeles cardinaux qui avaient élu les deux papes rivaux, de façon qu'ils abandonnèrent les deux vieillards opiniâtres etconvoquèrent le concile à Pise.

L'invitation de prendre part à cette révolte des cardinaux arriva également à la couret à l'Université de Prague, où elle provoqua un orage.

L'attitude adoptée par Venceslas IV était très simple : il avaitun intérêt tout particulier à accepter la proposition des cardinaux révoltés dès qu'ils lui garantiraient d'être reconnuroi des Romains par le concile et le nouveau pape.

Les maîtres tchèques, Jean Hus surtout, accueillirent avecsatisfaction la convocation du concile.

Par contre, les maîtres allemands restèrent fidèles au pape de Rome ; ilssuivaient en cela la politique des princes allemands dont ils dépendaient.

C'est pourquoi Venceslas IV commença àles suspecter de faire cause commune avec ses adversaires, et d'un trait de plume, il les priva de leurs privilèges.Les Allemands disposaient jusqu'alors à l'Université de Prague de trois voix contre une seule voix des maîtrestchèques.

Par le mémorable Décret de Kutna Hora, promulgué le 18 janvier 1409, le roi donna trois voix auxTchèques et s'assura ainsi la majorité à l'Université.

En vain les maîtres allemands protestèrent auprès du roi contrele décret et essayèrent de le faire annuler.

Le 16 mai de la même année, tous les maîtres et étudiants allemandsquittèrent en longues files Prague, et en automne, l'Université Charles, devenue institution nationale, élut Hus sonpremier recteur.

Au printemps de 1410, peu après que Hus eut déposé sa fonction, le pape Alexandre V envoya àPrague une bulle où il interdit toute prédication dans la chapelle de Bethléem et chargea l'archevêque de Prague defaire brûler les livres de Wiclef déclarés hérétiques.

Le pape qui intervenait de cette façon avait été dans sajeunesse un célèbre professeur de l'Université de Paris.

Hus l'avait connu probablement au Carolinum, à l'époque oùAlexandre V, jadis diplomate de la cour de Milan, avait séjourné assez longtemps à Prague.

Ils étaient maintenantopposés l'un à l'autre comme représentants de deux mondes qui avaient cessé de parler la même langue.

Lesprocédés du pape donnent à penser qu'il voulut donner à Hus le temps de la réflexion.

Cependant, Alexandre V, luiaussi, avait les mains liées par des lois inexorables que l'Église avait conquises sur les États européens au cours dedeux siècles de luttes et qui livraient tout révolté, fût-il professeur de l'Université, à l'Inquisition.

Hus refusa des'incliner, de livrer la chapelle de Bethléem et de consentir à ce qu'on brûlât les livres de Wiclef, bien que l'Universitéd'Oxford même eût cédé aux menaces et renié solennellement Wiclef et ses doctrines.

L'intervention du pape futressentie en Bohême comme une insulte faite à l'ensemble de la nation et la révolte éclata à Prague.

Hus adressa aupape un appel solennel qu'il lut dans la chapelle de Bethléem, quoique le pape eût annulé d'avance tous les appelscontre la bulle.

En revanche, il fut frappé de toutes les peines ecclésiastiques et l'archevêque lança, en 1411,l'interdit sur Prague.

Mais le roi intervint et brisa la résistance du clergé.

Il défendit aux prêtres d'obéir àl'archevêque et fit confisquer les revenus des établissements ecclésiastiques.

Le calme fut rétabli dans desconditions très humiliantes pour l'archevêque de Prague, exécuteur des ordres de Rome.

Cependant, la victoire deHus ne devait pas être de longue durée et, de plus, elle était achetée bien cher.

De tous les actes de violenceauxquels l'État se vit obligé de recourir pour protéger son autorité et pour mettre Hus à l'abri du danger personnel,on déclara Hus responsable.

On le détesta comme traître à l'Église, comme hérétique, et dès ce moment son salutne dépendit que de la faveur chancelante d'un roi capricieux.

En effet, une année ne s'était pas encore écoulée queHus fut abandonné par le roi.

Lorsqu'on eut appris à Rome que le roi n'était plus favorable à Hus, un nonce pontificalfut envoyé à Prague et l'interdit, un moment suspendu, fut aussitôt repris en octobre 1412.

L'agitation augmentantdans la ville, le roi exila Hus de Prague.

Hus répondit par un appel solennel du pape à Jésus-Christ et brûla ainsi sesvaisseaux.

Il se vit contraint à s'éloigner de Prague, se retirant en Bohême du Sud, au château reculé de KoziHradek, où il continua à prêcher, cette fois pour les petites gens des campagnes.

C'est là, du reste, qu'il devaitrédiger, en toute tranquillité, ses principaux ouvrages écrits en tchèque, notamment un recueil de sermons intitulé"Postilla", destiné à ses auditeurs de la chapelle de Bethléem dont il avait été arraché.

Déjà auparavant il y avaitadapté le traité sur la simonie, ouvrage populaire et révolutionnaire de Wiclef, en y développant son programmed'Église nationale.

S'il fut déçu par plus d'un ami, si le roi l'abandonna, il connut en exil le peuple, et notamment lapetite noblesse de campagne, à laquelle il avait recommandé, dans son traité sur la simonie, d'organiser, elle-même,une Église tout à fait indépendante de Rome.

Ces propositions étranges choquaient la cour pontificale et les effortsdéployés par le pape pour réduire au silence le rebelle dangereux se multipliaient.

Le temps travaillait en faveur desennemis de Hus.

Du concile de Pise, il n'était resté qu'une amère déception ; on avait rêvé de l'unité de l'Église ; onavait un pape de plus.

Cet échec força les cardinaux du troisième pape à s'adresser à Sigismond, roi d'Allemagne, età lui demander secours.

Ils parvinrent à obtenir son accord pour la convocation, en octobre 1414, d'un concile àConstance, sur le territoire de l'Empire.

Les ennemis de Hus en tirèrent un grand avantage.

Tant que Hus refusait decomparaître devant le tribunal du pape, il n'avait rien à craindre.

Le concile une fois convoqué représenta uneautorité plus haute, capable de forcer Hus, par menaces et ruses, à quitter le territoire de l'État qui le protégeait.Le roi Sigismond était l'héritier du trône de Bohême après son frère Venceslas qui n'avait pas d'enfants.

Il pouvaits'appuyer dans le royaume sur un assez grand parti de ses fidèles qu'il avait gagnés à l'époque où il avait tenté des'emparer de la couronne de Bohême.

A la tête de ce parti était l'évêque Jean, aspirant en vain à la dignité demétropolitain et surnommé plus tard Jean de Fer en raison de sa lutte acharnée contre le mouvement des hussites.A sa demande, le pape lui permit de suspendre tous les prélats, y compris l'archevêque, qui ne voudraient pasengager la lutte contre Hus pour le forcer à comparaître devant le tribunal du concile.

En tant qu'héritier de lacouronne de Bohême, Sigismond offrit à Hus un sauf-conduit pour son voyage à Constance, mais Hus hésitait àaccepter l'offre du roi, dont le caractère perfide et rusé était bien connu.

Le pape s'adressa donc lui-même au roiVenceslas, le menaçant d'aller prêcher la croisade contre le royaume de Bohême, pays d'hérésie, si Venceslas necessait de protéger les hérétiques.

Venceslas chargea du règlement de l'affaire son premier ministre qui invita Hus àson château, où il le mit au courant de la menace du pape.

En même temps, Sigismond répéta son offre et envoya àHus l'un de ses chevaliers qui devait l'accompagner au concile.

Hus n'hésita plus.

Pour épargner à son pays la guerrecivile, il résolut de se sacrifier lui-même et partit, le 11 octobre 1414, pour Constance.

Les débuts du voyage furentheureux ; en Allemagne Hus ne rencontrait aucune hostilité.

Il recommençait à se nourrir d'illusions et encore à. »

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