Devoir de Philosophie

Japon de 1990 à 1994 : Histoire

Publié le 16/01/2019

Extrait du document

japon

Le Japon connaît, depuis le début des années quatre-vingt-dix, une série quasi ininterrompue de crises intérieures qui ont complètement bouleversé son système politique. Sans véritable assise parlementaire, le gouvernement conservateur de Toshiki Kaifu apparaissait fragile dès sa formation en août 1989. Les difficultés auxquelles il doit faire face en 1990-1991 l’affaiblissent davantage.

 

En avril 1991, les élections municipales à la mairie de Tokyo divisent profondément le Parti libéral démocrate (PLD), qui s’entend avec les sociaux-démocrates (PSD) et les bouddhistes (Komeito) pour soutenir la candidature d’un dirigeant de la télévision nationale NHK, Isomura, contre le gouverneur sortant, Suzuki. Or ce dernier, membre du PLD, qui dirige la mairie depuis 1979, l’emporte confortablement (49,9 % des voix, contre 30 % à son adversaire), ce qui provoque la démission du secrétaire général du PLD, Ozawa. Dans le même temps, le Premier ministre Kaifu est mis en minorité à la Diète sur un projet de loi relatif à la participation

 

éventuelle du Japon à l’opération alliée « Tempête du désert » dans le Golfe. Au cours de l’été 1991 éclate le scandale des maisons de courtage qui, dans les années 1987-1989, avaient accordé des « dédommagements » frauduleux, d’un montant total de 5 milliards de dollars, à leurs plus gros clients pour compenser leurs pertes boursières.

 

Après la démission des présidents des maisons Nomura et Nikko, puis du président de la banque Fuji, le ministre des Finances, Hashimoto, doit se démettre en octobre 1991 et le gouvernement paraît condamné. Le même mois, le Parlement rejette le projet de réforme électorale présenté par le Premier ministre. La puissante faction de l’ancien Premier ministre Takeshita retire alors son soutien à Toshiki Kaifu, qui renonce à briguer un second mandat à la tête du PLD et donc à diriger le prochain gouvernement. Kiichi Miyazawa forme alors un nouveau cabinet le 5 novembre. Mais les scandales financiers qui se multiplient ont finalement raison non seulement du

 

gouvernement Miyazawa, mais, plus largement, du système politique japonais.

 

En février 1992 éclate l’affaire Kyowa, du nom d’une entreprise de charpentes métalliques qui avait versé d'importantes sommes à l’ancien secrétaire général de la faction Miyazawa. Puis survient le scandale Sagawa Kyubin, du nom d’une société de transport de Kyoto qui, en liaison avec la pègre, finançait le PLD. Cette fois, les principales personnalités impliquées sont l’ancien vice-président du PLD. Kanemaru, et l’ancien Premier ministre, Takeshita, deux alliés essentiels du gouvernement Miyazawa. D’autres affaires, des difficultés économiques et boursières croissantes, ainsi que des dissensions internes entraînent inexorablement le déclin du PLD. Les élections législatives du 18 juillet 1993 lui sont fatales : le parti n'obtient que 223 sièges sur 511, perdant ainsi la majorité absolue qu’il détenait traditionnellement à la Diète.

 

Le Premier ministre Miyazawa démissionne immédiatement.

japon

« À la su ile de la défaiœ élecrorale du PLD, Moriiliro Hosokawa (au centre, avec ses a//iis de la coalirion) forme le nouveau gouvemement, qui ne sera, cependant, que de courre durée.

© Sa1oru Oilmori- Gamma La crise du système politique Cette crise est bien celle de la droite japonaise, voire celle du système politique tout entier.

Durant la période préélectorale, diverses factions quittent en effet le PLD pour fonder le Nouveau Parti du Japon, le Parti pionnier et le Parti de la renaissance.

Ces formations, d'origine conservatrice, s'allient à l'opposition de gauche pour constituer, en août 1993, un gouvernement sous la direction de Morihiro Hosokawa, président du Nouveau Parti du Japon.

Cette coalition.

qui est très hétérogène et qui n'a d'autre ciment qu'une commune opposition à ce qui subsiste du PLD, semble éphémère, mais.

pour la première fois.

elle permet aux socialistes d'accéder au pouvoir, ce qui représente un véritable tournant dans la vie politique japonaise de l'après­ guerre.

La priorité du gouvernement Hosokawa est d'engager une refonte profonde du système politique sclérosé.

La réforme électorale est lancée à la fin de l'année 1993.

Très vite, toutefois, la popularité initiale de ce gouvernement s'amenuise.

De nouveaux scandales financiers affectent également la coalition, et des divergences entre conservateurs et socialistes apparaissent sur les questions militaires.

Par ailleurs, la chute des cours boursiers, l'ouverture du marché du riz sous la pression des États-Unis et conformément aux accords du GA TI, ainsi que l'augmentation de la TVA précipitent la crise gouvernementale.

Egalement impliqué dans un scandale, le Premier ministre est finalement obligé de démissionner en avril l994.

Tsutomu Hata, chef du Parti de la renaissance, forme alors le nouveau gouvernement.

Ses chances de réussite ne sont guère plus grandes que celles de Hosokawa, puisque aucun des problèmes qui ont entraîné la chute de Miyazawa.

huit mois plus tôt, n'est encore réglé et que, de surcroît, il ne dispose plus, à la Diète, que d'un soutien minoritaire, les socialistes ayant décidé de se retirer de la coalition.

Le 25 juin, Ha ta est à son tour contraint de démissionner sous la menace d'une motion de censure.

Le 29 juin 1994, Tomiichi Murayama, président du Parti socialiste depuis septembre 1993, lui succède.

En dépit de l'étiquette politique du nouveau chef du gouvernement, ce cabinet est entièrement dominé par le Parti libéral démocrate, qui revient ainsi aux affaires, avec le soutien du Parti pionnier, qui l'avait pourtant combattu en 1993.

Mais cette coalition hétéroclite est divisée sur tous les grands dossiers.

Difficultés économiques et paralysie internationale Cette situation est d'autant plus instable que, sur le plan économique, le Japon traverse depuis des années une DONNÉES DÉMOGRAPHIQUES ET ÉCONOMIQUES 1990 1991 1992 1993 ombre d'habitants (en millions) 124,0 124.0 124.5 124.8 Produit national brut (en dollars US/habitant) 25 800 26840 28190 31450 PIB en volume (en% de variation par rappo rt à l'année précédente) 4.8 4.3 1,1 0,1 Part du PIB ré ali sée (en%) par l'agriculture - - 2 - l'industrie - - 42 - les services - - 56 - Solde de la balance commerciale (en milliards de dollars) 63.5 103,0 132.3 141.4 Solde financier des administrations publiques (excédent ou défi c it en% du PIB) 2,9 3,0 1,8 -0,2 Prix à la consommation (e n % de variation par rapport à l'année précéden te) 3,1 3,3 1, 7 1,3 Taux de chômage (en% de la population active) 2,1 2,1 2,2 2,5 Taux d'intérêt à court terme 7,7 7).

4,3 2,9 long terme 7,0 6,4 5,3 4,3 Source.

: Bonque mondiale ; OCDE crise comme il n'en a encore Jamats connu.

Dès 199l, la croissance commence à fléchir.

La Bourse connaît alors une chute vertigineuse :entre janvier et août l992, les actions japonaises perdent 40 % de leur valeur (60 % par rapport au début de l'année 1990).

Depuis des années, entreprises et particuliers spéculaient à la hausse et prenaient des risques de moins en moins calculés.

La récession internationale met subitement fin à cette « bulle financière "· Le gouvernement Miyazawa réagit, en aoOt 1992, en annonçant un plan de soutien au marché financier et de relance économique.

Il est prévu d'injecter près de 90 milliards de dollars dans l'économie par le biais de travaux publics et d'investissements.

L'initiative, toutefois, peut difficilement régler la question des créances devenues douteuses qui menacent le système bancaire.

Ces diverses mesures ayant donné des résultats très limités, Je nouveau gouvernement Hosokawa est contraint d'en prendre d'autres en septembre 1993 : prêts aux PME, grands travaux, réduction des prix et des impôts, augmentation des importations.

En réalité, ces actions disparates reflètent de profondes divergences au sein de la coalition gouvernementale quant aux remèdes.

Après une légère reprise, la Bourse chute de nouveau à la fin de l'année 1993.

En outre, c'est dans ce contexte économique et financier tendu que le Japon doit accepter d'ouvrir son marché du riz aux importateurs étrangers, de façon à satisfaire les exigences conjuguées des États-Unis et du GA TT.

Par ailleurs, un nouveau plan de relance -le quatrième en dix-huit mois-doit être adopté en février 1994.

Durant l'année fiscale 1993-1994, en dépit de tous ces efforts, la croissance économique est nulle.

Ces faiblesses politiques et économiques ne peuvent permettre au Japon de s'imposer sur la scène internationale comme ille souhaite depuis 1989.

Ainsi, lorsque éclate la crise du Golfe en 1990, le Japon s'avère incapable, pour des raisons constitutionnelles et politiques, de participer à l'opération « Temp�te du désert », comme 1 'y incitent les Etats­ Unis.

Il doit se contenter d'une participation financière-massive, il est vrai.

Cette paralysie montre à quel point son absence du cercle étroit des cinq membres permanents du Conseil de sécurité lui est préjudiciable.

Sous le gouvernement Miyazawa, le Japon réussit, en revanche, à jouer un rôle de premier plan dans l'opération onusienne au Cambodge.

La " loi sur les opérations de maintien de la paix "• finalement adoptée en juin 1992 par la Diète, permet à 1'okyo d'envoyer dans ce pays une force de 800 hommes,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles