Japon : l'année de la secte

L'attentat au gaz sarin commis le 20 mars 1995 dans le métro de Tokyo par la secte Aum a révélé le désarroi d’une partie de la société japonaise. Il a aussi mis en lumière les insuffisances de la police et la répugnance des responsables politiques à s’attaquer aux privilèges exorbitants des organisations religieuses.

Egalement marquée par le tremblement de terre de Kobe (5 493 morts), par l'accentuation de la crise du système politique et par la détérioration de la situation économique, 1995 a été une année noire pour l’archipel.

Au-delà des 12 morts et des 5 500 personnes intoxiquées, l’attentat du 20 mars a traumatisé le Japon, parce qu'il a révélé la crise morale que traverse le pays, ainsi que les dysfonctionnements des institutions. Les soupçons se sont portés aussitôt sur la secte Aum Shinri-kyo (Aum Vérité suprême) déjà suspectée dans un attentat au gaz de sarin commis en 1994 (7 morts). La police préparait un raid contre elle, dont la date était fixée pour le 22 mars. L’enquête révélera que le gourou Shoko Asahara, prévenu par deux militaires convertis, avait choisi de frapper le premier. De son vrai nom Chizuo Matsumoto, Asahara est le fils d’un artisan. Presque aveugle, il a fait des études d’acupuncture, spécialité traditionnelle des non-voyants, puis ouvert une pharmacie près de Tokyo. Condamné pour commerce illicite en 1982, il crée en 1984, après plusieurs séjours en Inde,