Jeanne d'Arc : Le « procès » de Poitiers
Publié le 05/09/2013
Extrait du document
« Tu as dit que la voix te dit que Dieu veut libérer le peuple de France de la calamité dans laquelle il est. S'il veut le délivrer, il n'est pas nécessaire d'avoir des gens d'armes «, remarque maître Guillaume Aymeri. « En nom Dieu, les gens d'armes batailleront et Dieu donnera victoire «, affirme Jeanne. « De cette réponse, maître Guillaume fut content «, souligne frère Seguin. Celui-ci insiste en demandant en quelle langue parient les voix. La Pucelle le moque gentiment en répliquant qu'elles s'adressent à elle en une langue meilleure que le parler limousin dont il use ± Croit-elle en Dieu ? renchérit frère Seguin. Oui, mieux que lui-même, lui assène la jeune fille.
«
Écritures, frère Seguin, doyen
de la faculté de théologie de
l'université de Poitiers, maître
Jean Lombard, professeur de
théologie sacrée à l'université
de Paris, et maître Guillaume
Aymeri, frère prêcheur et pro
fesseur de théolog_ie sacrée.
Dès
le 14 mars 1429, l'enquête
est menée fort sérieusement
par les ecclésiastiques, qui, au
cours des trois semaines sui
vantes, vont multiplier les
interrogatoires .
Jeanne
répond en toute liberté ,
avec une
netteté , une simplici
té, un humour qui enchantent
ses interlocuteurs .
Pourquoi
est-t-elle venue à Chinon?,
L'EXAMEN
DE VIRGINITÉ
A Poitiers , parallèlement aux interrogatoires des prélats,
Jeanne d' Arc est soumise à un examen de virginité.
« J'ai entendu dire que Jeanne fut examinée par des femmes pour savoir ce qu 'il
en était d'elle, si elle était un
homme ou une femme, et si elle était corrompue ou vierge », relate son
confesseur le chapelain Jean Pasquerel.
Il précise que celles qui la « visitent » sont la dame de Gaucourt, Jeanne de Preuilly, et la
dame de Trèves, Jeanne de Mortemer, qui font toutes deux partie de la suite de Yolande d'Aragon, la belle mère du dauphin Charles .
Cet examen est destiné à
vérifier que Jeanne n'a pas eu « commerce » avec le
diable et n'est donc pas
une sorcière .
Se faisant appeler « Jeanne la Pucelle », elle serait immédiatement discréditée
si elle n'était pas vierge :
l'examen de virginité est gage de la sincérité de celle
qui prétend se consacrer tout entière au service de
Dieu et du roi.
Après cette
épreuve, Jeanne « fut trouvée
femme et vierge et pucelle »,
conclut Jean Pasquerel.
demande maître Jean Lom
bard.
Sans hésiter, elle répond
que « quand elle gardait les
animaux une voix
s'était mani
festée à elle qui lui dit que
Dieu avait grande pitié du
peuple de France et qu'il fal
lait que Jeanne vînt en France.
Entendant cela, Jeanne s'était
mise à pleurer ; alors la voix lui
dit qu 'elle allât à Vaucouleurs,
elle trouverait là un capitaine
qui la conduirait avec sûreté
en France
et près du roi, qu'el-
le ne craignît point.
Elle avait
fait ainsi ,
elle était venue vers
le roi, sans aucun empêche
ment », rapporte frère Seguin,
très
impressionné par la gran
de piété de cette « simple ]
bergerette ».
""
Humilité, dévotion
et honnêteté
« Tu as dit que la voix te dit
que Dieu veut libérer le peu
ple de France de la calamité
dans
laquelle il est .
S'il veut le
délivrer, il
n'est pas nécessaire
d'avoir des gens d'armes »,
remarque maître Guillaume
Aymeri .
« En nom Dieu, les
gens d'armes
batailleront et
Dieu donnera victoire », affir
me Jeanne.
« De cette réponse,
maître
Guillaume fut content »,
souligne frère Seguin .
Celui-ci
insiste en
demandant en quel
le langue parlent les voix.
La
Pucelle le moque gent iment
en répliquant qu'elles s'adres
sent à elle en une langue
meilleure que le parler limou
sin dont il use ! Croit-elle en
Dieu ? renchérit frère Seguin.
Oui, mieux que lui-même , lui
assène la jeune fille.
L:ecclé
siastique n'est pas encore
convaincu : « Dieu ne voulait
pas qu'on crût en elle, à moins
que quelque chose n'apparût,
grâce à
quoi il semblerait
qu'on pouvait croire en elle.
»
Mais Jeanne précise qu 'elle ne
fait pas
de miracles , ce qu'elle
veut, c'est prendre les armes :
lfL!llllEDITIONS llim ATLAS
« En nom Dieu, je ne suis pas
venue à Poitiers potff faîre si·
gnes ; mais conduisez-moi à
Orléans ;
je vous montrerai
signes que je suis envoyée.
»
Elle ajoute que les Anglais se
ront défaits et le siège devant
Orléans levé, que la ville sera
libérée,
le roi consacré à Reims
et Paris remise en son obé
dience .
« Tout cela, je l'ai vu
s'accomplir », relatera
plus tard
frère Seguin .
Jeanne ne convainc_pas
seule
ment les doctes experts, elle
les séduit.
Émerveillés par ses
réponses,
données dans un
langage
plein de naturel et de
saveur, les prélats concluent :
« En elle 1 ...
1 on ne trouve pas
de mal, mais seulement du
bien, humilité, virginité , dévo
tion , honnêteté, simplicité .
»
Ils rendent compte au dauphin
Charles de leurs conclusions et
s'affirment d'avis que, « atten
du la très grande nécessité et
le péril » où se trouve la•.ville
d'Orléans, « le roi peut s'aider
d'elle et l'envoyer à Orléans».
Jeanne d'Arc peut enfin passer
à l'action ..
»
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- JUVENAL DES URSINS, Guillaume (1401-1472) Frère de l'archevêque de Reims (qui participa à la révision du procès de Jeanne d'Arc), fils du prévôt des marchands de Paris (qui favorisa la régence d'Isabeau de Bavière), homme de guerre et magistrat, il est chancelier de France en 1445.
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