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La campagne de Russie

Publié le 27/02/2008

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La fin de la Grande Armée. Massée sur la rive gauche du Niémen, l'immense armée aux éléments hétéroclites s'apprête à s'enfoncer dans les plaines russes. «Celui qui aurait pu m'épargner cette guerre m'aurait rendu un grand service, mais enfin la voilà, il faut s'en tirer», confie Napoléon à Savary. Pourquoi cette guerre? Apparemment resserrée à Erfurt, en 1808, l'alliance franco-russe s'est effritée. L'Empereur reproche au tsar de violer le blocus continental; Alexandre s'irrite des nouvelles annexions effectuées par Napoléon en Allemagne et craint de voir renaître le royaume de Pologne. Prévoyant le conflit, il fait la paix avec les Turcs et signe un accord avec la Suède. De son côté, Napoléon conclut des alliances — bien éphémères — avec l'Autriche, la Prusse et les pays du Rhin. En même temps, il concentre en Allemagne son armée d'invasion. En avril 1812, le tsar envoie à Paris un ultimatum: l'Empereur le repousse.

« LE COMMENCEMENT DE LA FIN POUR NAPOLÉON En engageant la campagne de Russie en 1812, Napoléon , alors au faite de sa puissance , espère mettre au pas le dernier État à lui résister sur le continent À la tête de la plus grande armée jamais constituée dans l'histoire européenne , il se lance dans l'immensité russe , à la recherche d'un adve rsaire plus faible mais insaisissable .

Confronté à une façon de faire la guerre qui le déroute et au terrible hiver russe , l 'empereur voit la marche glorieuse se transformer en tragédie héroïque : c'est la dramatique retraite de Russie , résumée dans le fameux passage de la Berezina .

Napoléon parviendra à rentrer en France avec les débr is de la Grande Armée.

Mais le vent de l'histoire a tourné : la fin de l 'empire napoléonien s'annonce .

avec la Russie du tsar Alex•llllre 1".

Ce dernier , battu sur le champ de bataille , a accepté de reconnaître les conquêtes françaises et d'appliquer le blocus continental.

Des grandes puissances, seule l'Angleterre demeure en dehors de l'orbite napoléonienne , même si elle doit faire face au blocus continental instauré par Napoléon en 1806, dans le dessein d 'étouffer l'économie britannique.

LA RUPTURE DE 1.' AWANCE FIANCG-IUSSE Très vite, les relations se détériorent entre les deux alliés pour plusieurs raisons.

La cause principale est le blocus continental : la fermeture du marché anglais prive les marchands et les producteurs 1--------------1 russes de leur principal débouché .

Aussi , pour préserver ses LES RAISONS D 'UN CONFLIT L'EMPliE NAPOiiONIEN À SON AJIOG~E Au début de 1812 , N11poléon est maitre de la quasi ­ totalité de Brême à Rome, d'Amsterdam à Genève , des bouches de l'Elbe aux bouches de I 'Èbre.

Les États allemands , réunis dans la Confédération du Rhin , le royaume d'Italie et celui de Naples , l ' Espagne , le grand-duché de Varsovie, les provinces illyriennes sont des satellites de l'Empire , sur lesquels règnent souvent des membres de la famille impériale .

Défaits lors des guerres de la 4 ' et de la 5' coalition, les monarques de Prusse et d'Autriche ont réussi , quant à eux, à préserver leur trône, mais ont dû reconnaître la prédominance française .

le rapprochement avec les Habsbourg est scellé en 1810 par le mariage de Marie-louise , fille de l 'empereur d 'Autriche , avec Napoléon .

Par ailleurs , depuis la paix de Tilsit en 1807 , renouvelée à Erfurt l'année suivante , Napoléon a conclu intérêts, Alexandre 1~ décide en décembre 1810 de rouvrir ses ports aux navires britanniques et de taxer lourdement les importations françaises .

Cette violation du traité d'alliance mécontente fortement Napoléon qui réplique en annexant en 1811 le grand-duché d 'Oldenburg (en Allemagne ), gouverné par un parent du tsar.

La France favo rise par ailleurs l'agrandissement du grand-duché de Varsovie , faisant craindre au tsar une éventuelle résurrection de la Pologne , dont il contrôle une partie du territoire .

S'ajoute enfin une autre raison, d'ordre psychologique : comme l'a décrit Léon Tolsto ï dans Guerre et Paix, la haute société russe n 'a jamais accepté Napoléon , perçu comme un u surpateur et un tyran .

Contraint de se lier à la France par les circonstances , Alexandre l" rêve de délivrer l 'Europe du joug napoléonien .

UNE GUERIE INMTABLE Chacun sait le conflit inéluctable .

Pourtant.

Napoléon ne le souhaite pas et offre au tsar d'engager des pourparlers pour régler les contentieux .

En avril1812 , Alexandre répond en exigeant l'évacuation de la Prus se-Orientale et de la Poméranie par les troupes frança ises avant toute négociation .

Cet ultimatum qui ne dit pas son nom est une véritable provocation pour Napoléon qui, excédé , se résout à partir en guerre pour ramener la Russie à la raison.

Dès lors, chaque camp fourbit ses armes.

LES PRÉPARATIFS UNE GlANDE AIM~E QUI M~lm BIEN SON NOM Prévoyant.

Napoléon a fait dresser les plans d 'une campagne en Russie dès 1811 .

En quelques semaines, il réunit près de 600 000 hommes , la plus grt~lllle ,,..,ée jamais vue sur le continent européen .

Parmi eux, se trouvent 200 000 Français à peine , le reste étant composé de contingents puisés dans l'Empire : des Allemands de la Confédération du Rhin principalement.

mais aussi des Italiens , des Polona is, des Hollandais, des Espagnols , des volontaires suisses , des Croates ...

Il exige aussi de l'Autriche et de la Prusse qu'elles lui fournissent chacune un contingent C'est donc à juste titre que les Russes parleront de " l'armée des vingt nations».

Cette campagne lointaine, préparée avec minutie, mobilise des moyens matériels également sans précédent : la force d 'invasion se compose de 200 000 chevau x, 1 200 canons , 3 000 voitures d'artillerie , 4 000 voitures d'administration , autant de fourgons de vivres , sans compter les ambulances .

Parti de France début mai, Napoléon fait une halte à Dresde du 16 au 28 mai où, au cours d'un fastueux congrès , il reçoit l'hommage des souverains alliés , afin de s'assurer leur loyalisme .

Pour impressionnante qu'elle soit, cette véritable armée européenne n 'est pas homogène .

La valeur des contingents étrangers est inégale, et.

pour certains , d'une fidélité sujette à caution .

Forcés de participer à l'effort de guerre , Autrichiens et Prussiens ont en effet secrètement averti le tsar qu'ils limiteront au maximum leur coopérat ion à l'entreprise française.

lES RuSSES EN INFhiOim De son côté, l'armée russe ne rassemble que 230 000 hommes , qui sont mal entraînés .

le tsar tente de compenser cette faiblesse numérique par la diplomatie.

En guerre de longue date avec l'Empire ottoman , il conclut la paix avec les Turcs en avril et s 'assure de la neutralité bienveillante de la Suède , pourtant gouvernée par le maréchal français Bernadotte , placé sur le trône avec l'accord de Napoléon .

Il peut également compter sur l'aide financière de la Grande-Bretagne.

Alexandre l" sait par ailleurs qu'une partie des meilleurs contingents de l'armée française est mobilisée dans une guerre épuisante en Espagne .

L'ENTRÉE EN RUSSIE UNE PIOGIESSION TIOP lAPIDE ••• À partir du 24 juin, la Grande Armée commence à franchir le NUmen à Kovno, à la frontière entre la lituanie et la Russie , et s 'enfonce en territoire ennemi à marche forcée .

Napoléon mise sur une campagne courte : fidèle à sa tactique , il veut contraindre une armée russe qu'il sait mal préparée à lui livrer une bataille décisive, pour contraindre le tsar à négocier , une fois la victoire acquise .

Il semble qu'il n 'ait pas prévu au départ de pousser jusqu 'à Moscou, l 'ancienne capitale des tsars .

Les premiers combats tournent à son avantage .

Ses troupes s 'emparent de Vilnius , prennent Vitebsk puis arrivent devant Smolensk le 17 août.

Deux jours plus tard , après un engagement meurtrier , la ville est incendiée et abandonnée par l'armée russe qui parvient à s'échapper .

En effet.

plus par la force des choses qu'en application d 'un plan préconçu, les Russes ne cessent de battre en retraite.

Conscients de leur infériorité et surpris par la rapidité de la progression adverse, ils refusent l'affrontement.

ne livrant que des combats d'arrière-garde.

LA snAltGIE DE LA TEllE BR011E Napoléon s'inquiète .

Cette dérobade incessante l'oblige à s'enfoncer toujours plus avant dans l'Immensité des steppes russes, sans obtenir de résultat probant.

Les soldats souffrent de la chaleur, de la maladie (une épidémie de typhus décime les rangs) et de la fatigue .

En outre, plus les distances s'allongent , plus le ravitaillement devient problématique, aussi bien pour les hommes que pour les chevaux .

Des milliers de bêtes meurent faute de fourrage, ce qui désorganise 1 'intendance.

En face , les Russes pratiquent la stratégie de la terre brûlée.

La Grande Armée ne trouve devant elle que des villes et des villages vidés de leurs habitants et souvent incendiés.

les récoltes sont systématiquement détruites ou cachées .

les pillages et les exactions des envahisseurs, obligés de vivre sur le pays , aiguisent la haine des paysans.

Soudé derrière le tsar, le peuple russe se lance ainsi dans ce qu'il nomme la "guerre patriotique ».

Pour stimuler davantage encore l'ardeur nationale, Alexandre l" appelle habilement à la tête de son armée, fin août, le vieux et très populaire maréchal Koutouzov.

Au total, en moins de deux mois, l 'armée impériale a déjà perdu plus de 100 000 hommes : aux morts ou prisonniers faits lors des combats s'ajoutent les victimes de la maladie et les déserteurs, de plus en plus nombreux parmi les contingents étrangers , sans oublier les 200 000 soldats laissés en garnison dans les villes et postes occupés depuis le début de l'Invasion .

LA IAJAIW DE LA MOSKOVA le recul systématique mécontente néanmoins l'opinion russe qui ne conçoit pas que Napoléon s'empare de Moscou sans combattre.

Koutouzov se décide à livrer bataille , à hauteur de la position puissamment fortifiée de BtlnHihlo, à une centaine 600000 L'armée napoléonienne réunie en 1812 est la plus importante JamaiS VUe en Europe.

20000 àJOOOO Le nombre de survivants six mois plus tard.

11 Le brave des braves>> Surnom gagné par le maréchal Ney en Russie .

11 Le plus bel incendie du monde» Les mots de Stendhal devant Moscou en feu.

11 Guerre patriotique » Nom donné par les Russes à l'invasion de 1812.

11Le commencement de/afin» pour Napoléon , dira Talleyrand, ministre des Affaires étrangères fronç ais.. »

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