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La clinique médicale au XIXe siècle

Publié le 27/02/2008

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La clinique est la soeur de la pathologie et la médecine est faite de leur union. Si la médecine peut revendiquer aujourd'hui sa place parmi les sciences, la pathologie est une science pure et la clinique une science appliquée. Encore la clinique est-elle faite aujourd'hui de quatre sciences : anatomie, physique, chimie et physiologie.                En réalisant ce groupement, le XIXe siècle, qui est un grand siècle de la médecine, a donné à la clinique des bases plus solides qu'autrefois.                L'anatomie, est-il besoin de le dire, apporte au clinicien l'élément indispensable à la localisation d'une douleur, aux connexions d'une tumeur, à l'étude d'une paralysie. Elle guide vers l'organe qui souffre, se contracte ou s'évacue mal et le diagnostic de localisation, à vrai dire, précède souvent le diagnostic d'origine ou le diagnostic de nature.                La méthode anatomo-clinique  trouve sa plus belle expression dans l'oeuvre de Laennec qui peut servir de modèle à toutes les autres. L'immortel inventeur de l'auscultation médiate reste le créateur d'une méthode et l'apôtre d'un principe nouveau qui établit le rapport entre le symptôme et la lésion et subordonne l'un à l'autre. Ce principe est celui de l'anatomo-clinique. Grâce à lui, le râle crépitant traduit l'hépatisation ; les sibilances et les râles muqueux, la bronchite ; le souffle amphorique, le pneumothorax ; la respiration soufflante et l'égophonie, la pleurésie, etc. La phtisie, déjà étudiée par Bayle, prend une physionomie personnelle ; le tubercule et l'infiltration tuberculeuse sont confrontés ; la dilatation des bronches et la gangrène pulmonaire émergent d'un chaos de maladies expectorantes et cachectisantes.               

« Laennec D020 le stéthoscope biauriculaire, déjà envisagé par Constantin P078 Paul.

On fait le tubage gastrique et le tubage duodénal.

La poire manométrique de Potain D1235 cède la place aux appareils précis de Vaquez et de Riva Rocci.

Marey E092 préconise le tracé sthygmographique qui traduit les mouvements du cœur et des vaisseaux et que perfectionne Mackensie.

Einthoven D1098 invente l'électrocardiographe qui surprend le chimisme intime et en quelque sorte la pensée du cœur, et la cellule photo-électrique permet le phonocardiogramme.

L'hypertension et lesarythmies, extrasystolique ou complète, les lésions de la coronaire, les blocs cardiaques, toutes les défaillances de rythme, de conductibilité,d'excitabilité viennent s'inscrire sur des tracés durables.

Et l'encéphalogramme même renseigne maintenant sur l'activité cérébrale.

L'électricité, jusqu'alors laissée aux mains de praticiens peu instruits ou de charlatans, est devenue scientifique avec Duchenne de Boulogne D1095 .

Elle l'est plus encore avec Lapicque, qui a la belle idée de la chronaxie.

Voir dans l'intérieur d'un organe semblait un rêve impossible et il s'est réalisé.

Les appareils endoscopiques se multiplient avec leur lumièrepénétrante : endoscope de Désormaux D1090 , cystoscope, rectoscope, œsophagoscope, gastroscope même et bronchoscope, qui montrent la lésion telle qu'elle est et là où elle est.

La radiologie , surtout, fait apparaître les organes et les cavités que les endoscopes ne peuvent atteindre et la découverte capitale de Röntgen D030 révolutionna le monde médical.

Claude et Balthazard en précisèrent l'application aux organes creux ; Sicard D1280 , avec le lipiodol opaque, a exploré les canaux artériels, les bronches et les jointures ; les substances de contraste dessinent maintenant les uretères et les canauxbiliaires, les trompes et les artères.

On introduit même du lipiodol dans le canal rachidien et du gaz dans le cerveau pour localiser une compressionnéoplasique.

Tout cela fut en partie réalisé par des physiciens .

Il faut voir maintenant ce qu'ont réalisé les chimistes.

Ce n'est pas trop dire que la chimie a pénétré et fécondé la clinique.

Déjà au XVIIIe siècle, Lavoisier E1232 avait créé la chimie scientifique dans d'admirables recherches sur la respiration, la nutrition et la chaleur animale.

A la mystérieuse alchimie se substitua la chimie biologique quiinterprète les actes de la vie par les réactions chimiques.

Et il n'est que juste de rendre hommage à Wurtz, à Fischer D1109 et à Marcelin Berthelot.

La chimie a trouvé dans la pathologie de nombreux sujets d'étude.

Les altérations chimiques des humeurs ont prisdans l'histoire de la maladie une place non moins grande que les altérations anatomiques des tissus.

L'ancienhumorisme s'en est trouvé complètement rénové.

Il ne s'oppose plus au solidisme, mais il le complète.

Il se plie auxbesoins de la clinique et modifie techniques en conséquence.

Il contribue au diagnostic, il mesure la défaillance oul'excès, il trace la voie à la thérapeutique.

C'est des études de Lavoisier E1232 que découlent toutes les études ultérieures de Bouchard D1051 sur les maladies de la nutrition, celles même des Américains sur le métabolisme de base.

C'est aussi de cette chimio-clinique que s'inspirent Garrod, Chauffard D1067 , Minkowski E097 , Widal D035 .

On sait le parti qu'a tiré Garrod de l'acide urique, Chauffard D1067 et Minkowski E097 de la cholestérine, d'autres de l'ammoniémie, Widal D035 de l'urée et du chlorure de sodium, Van Slyke de l'équilibre acide-base.

On sait la valeur des protidémies, des oxalémies, même des oxycarbonémies.

On sait aussi l'importance qu'a prise la physio-chimie moléculaire.

De sorte que des syndromes chimio-cliniques se sont ajoutéspeu à peu aux syndromes anatomo-cliniques.

L'anatomie fixe, la chimie explique, mais la physiologie guide.

Depuis Bichat D005 , l'anatomie penche vers la physiologie .

Depuis Claude Bernard D004 , qui enrichit la physiologie normale de connaissances nouvelles, nous définissons la méthode à laquelle doit obéir la recherche en médecine.

C'est la méthode expérimentale qui appelle à elle, non seulement l'observation simple, spontanée, mais l'observation provoquée, quiétudie les phénomènes biologiques, définit les conditions qui les engendrent et les reproduit à volonté à l'aide de ces conditions mêmes.

La physiologie se double donc d'une pathologie expérimentale.

Il n'est guère aujourd'hui de fonction physiologique quine puisse être interrogée chez le malade par des procédés expérimentaux, toutes précautions prises, bien entendu,pour éviter au malade le risque d'effets nuisibles.

Ainsi s'est constituée une clinique expérimentale, une physio-clinique, grâce à laquelle l'interprétation de certains symptômes devient plus facile et plus précise.

Il y a toujours, certes, de l'empirisme puisqu'il y a toujoursl'observation des faits multiples mais, grâce à des techniques de plus en plus raffinées, il y a plus de pénétration.

Laclinique cherche à atteindre le cœur même du symptôme et elle fait appel pour l'interpréter aux données de laphysiologie et de l'expérimentation.

Différents corps chimiques sont introduits dans un organisme qu'un organe malade ne modifie pas ou n'élimine pas comme un organe normal.

Lesucre est donné aux hépatiques pour apprécier la fonction sucrée, aux diabétiques pour mesurer la durée de l'hyperglycémie ; le bleu, la phtaléinesont injectés aux rénaux pour apprécier la perméabilité rénale.

Achard D1000 , Widal D035 , Fiessinger D1107 , Bauer élargirent cette méthode.

L'acide carbonique et l'oxyde de carbone seront dosés dans la respiration des sujets à nutrition ralentie et l'équilibre acide-base sera quotidiennementmesuré dans les états hépatiques et rénaux.

Mais la clinique n'aboutirait qu'à une thérapeutique imparfaite si elle ne s'élevait pas jusqu'à la cause de la maladie.Or la cause n'est pas dans un organe mais dans quelque chose qui atteint l'organisme tout entier.

Elle est triple : lemicrobe, le virus ou le toxique ; les vitamines ou les hormones ; l'hypersensibilité ou l'intolérance du sujet.

Depuis que Pasteur D026 a conclu de ses recherches sur la dissymétrie moléculaire de l'acide tartrique à l'action d'infiniment petits, il a fait émerger, splendide et rapidement envahissante, toute une pathologie microbienne qui va de la découverte de Koch D019 pour la tuberculose à celle de Schaudinn D1273 pour le tréponème, de tant d'autres pour le pneumocoque, le streptocoque, aux virus de tout ordre ; des hématozoaires d'hier aux spirochètes et aux ultra-virus d'aujourd'hui.. »

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