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La France au XV ième siècle.

Publié le 22/02/2012

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En ce début du XVe siècle l'État français n'est plus. La France est "anglaise". Depuis le traité de Troyes (21 mai 1420) qui a suivi le désastre d'Azincourt où la chevalerie française s'est enlisée dans la boue "jusque au gros des jambes", et littéralement étouffée elle-même sous le poids de ses armures. Une hécatombe dans les rangs de la noblesse du royaume qui "fut là tuée et découpée têtes et visages". Selon les clauses du traité "honteux", Charles VI renie et déshérite son fils le dauphin Charles et reconnaît le roi d'Angleterre Henri V comme héritier du royaume de France. A la mort de ce dernier (1422), son fils Henri VI lui succède. C'est un bébé de six mois. Aussi son oncle le duc de Bedford exerce-t-il en son nom la régence en France. Quelle France ? En fait il en existe trois. La France "anglaise" : elle comprend la Normandie, la Guyenne et une partie des régions situées au nord de la Loire. La France du "royaume de Bourges" : en gros la moitié méridionale du pays dans laquelle s'est réfugié le dauphin Charles avec des partisans fidèles, qui l'ont reconnu roi après le décès de son père. Enfin la France de "l'État bourguignon" : donné en apanage au duc de Bourgogne, ce vaste territoire s'est agrandi de l'Artois, la Flandre, le Brabant et les Pays-Bas.

« toujours de quoi manger.

Ce temps est révolu.

Mais l'occupant anglais et la guerre n'en sont pas les seulsresponsables.

Après un formidable essor, la France comme toute l'Europe subit une crise massive.

Recul des espacescultivés, mais aussi stagnation des rendements, pas d'amélioration dans l'outillage, régression de la productionvivrière.

Avant les méfaits de la guerre, c'était déjà le déclin des campagnes et leur dépeuplement : la courbedémographique a chuté.

Les intempéries répétées et les famines qui s'ensuivent en sont les causes premières.Durant des décennies la hantise de la faim va obséder le paysan comme l'homme de la ville.

Cependant le fléaumajeur reste la Peste noire.

Apparue au milieu du XIVe siècle, se prolongeant par poussées intermittentes au XVesiècle, la peste a traversé la France du sud au nord.

Souffrant d'une sous-alimentation chronique, la populationrésiste mal aux chocs de l'épidémie.

Selon les régions, le quart, le tiers, la moitié, parfois 80 % de la populationdisparaît.

De 1330 à 1450, le pays passe de 20 millions à 10 millions d'habitants ! Le mal a gagné partout en dépitdes cordons sanitaires aux portes des villes, des feux d'herbes aromatiques dites "désinfectantes de l'air", despénitences collectives, des processions de flagellants, du massacre des Juifs rendus responsables de la calamité oudes recherches nombreuses de la Faculté de médecine.

La mort qui fauche pareillement chevaliers ou vilains,pauvres ou riches, faibles ou forts, hante toute la population.

La religion constitue un recours et devient plusindividuelle.

On appelle au repentir.

Des prêcheurs haranguent les foules des villes.

Pour leur édification on multipliela représentation des Passions, des Mystères à grand renfort de machineries et de figurants.

L'image de la mort estpartout, dans les livres d'Heures ou ornant tombeaux et sépultures de macabres squelettes rongés par les vers.

Onse prépare à la mort en pratiquant une religion plus profonde, moins tournée vers la contemplation de Dieu quefondée sur l'idée du péché et de la crainte de l'Enfer.Aux malheurs des temps s'ajoute l'effondrement économique.

L'économie d'échanges n'est plus regroupée autour del'axe routier Flandre-Italie.

Traversant les pays français, cet axe avait fait leur étonnante prospérité aux sièclesprécédents.

Jadis carrefour commercial, la France se situe maintenant un peu à l'écart, dans une Europe qui a crééde nouveaux foyers économiques et des itinéraires marchands par mer, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Italie ou enEspagne.

Bruges, Gand, Anvers, Gènes, Barcelone, Londres ont remplacé les foires grouillantes de marchandises dela Champagne et de la Brie.

La pénurie du numéraire, les désordres monétaires, l'abaissement très net du pouvoird'achat du haut clergé comme des seigneurs ruraux, expliquent la paralysie de l'activité commerciale autant que lesdéplacements des grands circuits marchands.

Comme celle des campagnes, l'activité urbaine a beaucoup décliné.Ruines, maisons branlantes, quartiers désertés attestent de l'appauvrissement général.

Comme en milieu rural, lenombre des habitants a parfois diminué de moitié (de 40 000 à 20 000 à Toulouse).

Les associations de métiers sedurcissent et se sclérosent.

Comparé à son confrère italien, le marchand des cités provinciales paraît singulièrementretardataire.

Il vend un peu de tout (produits de première nécessité) sans pouvoir se spécialiser.

En temps dedisette, il est essentiellement pourvoyeur de grain.

Symptôme des temps difficiles, la grande industrie drapière elle-même entre en décadence.

Arras résiste cependant grâce à la fabrication nouvelle de la tapisserie de haute lisse,très à la mode dans les demeures nobles.

Car le marasme n'est pas absolument général.

En dépit du communfléchissement de la fortune, quelques hommes s'enrichissent.

Des entrepreneurs de guerre placent leurs immensesprofits dans des seigneuries foncières.

Des familiers du prince ou du souverain, directement branchés sur la fiscalité,font de prodigieuses ascensions.

Tel Jacques Cœur, fils d'un pelletier de Bourges devenant l'homme le plus riche duroyaume, maître des monnaies, grand argentier de Charles VII et anobli par lui.

Construit en moins de dix ans, sonhôtel particulier à Bourges a coûté la somme folle pour l'époque de 100 000 écus d'or.

Quelques îlots exceptionnelsde prospérité subsistent donc dans un pays politiquement cloisonné.

Ainsi par exemple les capitales politiquescomme Bourges mais aussi Paris ou Dijon.

Les villes où résident les cours royales ou princières sont devenues desplaces de commerce ou d'argent.

Là converge tout l'or des impôts.

Levées sous prétexte de guerre, des sommesfabuleuses sont dépensées dans le luxe et les fêtes par les princes.

La cour de Bourgogne est la plus brillante.

Sonpalais de Dijon et ses châteaux de campagne regorgent d'objets et d'œuvres d'art commandés aux Pays-Bas ou enItalie.

On fait appel aux meilleurs compositeurs pour élaborer un nouveau style musical ; on charge les plus habilesartistes d'éclairer de vitraux les chapelles privées.

Les tournois sont des spectacles réglés comme des ballets dontles livrets sont tirés des romans courtois.

Les tombeaux des ducs de Bourgogne, avec à leurs pieds un cortègesculpté des princes du sang et des grands vassaux, ont vite fait école hors du duché.

Moins fastueuse à Bourges, lacour de Charles VII va néanmoins retrouver tout son éclat à Paris, après qu'une petite paysanne entre en scène,triomphe de l'Anglais et permet le sacre du roi à Reims, le 17 juillet 1429.

La France a à nouveau un vrai souverain,oint du Seigneur.

En le sortant de son "exil", Jeanne d'Arc semble avoir insufflé au roi l'énergie de se battre, etredonné aux Français la force de relever la tête.

Ceux qui vivaient encore dans les territoires occupés ont comprisque les Anglais "ne recherchaient qu'à les accabler et à les faire périr sous le poids des misères".

Le sursaut estgénéral, enflammé par le revirement de la fortune des armes.

Les soulèvements se multiplient, villes et places fortestombent successivement aux mains des Français.

Sagement conseillé, totalement transformé par ses succès,Charles VII se réconcilie avec le duc de Bourgogne qui reconnaît enfin sa légitimité.

Grâce à la réorganisationcomplète de l'armée et son institution en corps permanent, l'Ile-de-France est reconquise.

Paris est libéré, puis enquelques années toute la Normandie et la Guyenne.

La France en a fini avec la présence anglaise et la guerre deCent Ans.

Dès lors elle peut reprendre haleine, se reconstruire.

C'est ce à quoi toute la nation s'emploie durant lesvingt dernières années du règne de Charles VII.

Le roi est le principal acteur de cette rénovation.

Secondé par desconseillers énergiques, nobles et bourgeois, il restaure l'autorité royale en mettant fin aux intrigues de cour et auxderniers États princiers.

Mais ce triomphe de la royauté ne peut être durable que par l'union de toutes les régions audomaine de la couronne.

Par confiscations, par la diplomatie, la rigueur ou par héritage, le domaine finira par s'élargirau-delà des limites du royaume.

Bien administrer ce vaste territoire exige des réformes.

Les "gens du roi" (agents dejustice, sergents d'arme et de police, auxiliaires de tous rangs, clercs et laïcs) ont considérablement gonflé l'appareiladministratif.

C'est une lourde machine mais capable de fonctionner par elle-même, de gouverner efficacement avecson Parlement, sa Chancellerie, sa Chambre des comptes.

Voulue par le souverain, la puissance publique se met enplace de façon progressive mais profonde.

L'ordre est rétabli dans la justice.

Nomination des magistrats, exercice deleurs fonctions, règles de procédures sont fixées.

La rédaction du droit coutumier, jusqu'alors oral, est inaugurée.

En. »

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