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La mort de Leonora Galigaï

Publié le 19/09/2018

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L’ÉMOTION DES PARISIENS

 

La foule est nombreuse à assister en place de Grève à l’exécution de la « sorcière Galigaï >, épouse honnie du non moins honni Concino Concini. Les cris de haine fusent : « La méchante !

 

La diablesse ! La sorcière !

 

La vilaine ! Qu’elle est laide !

 

» Avec dignité, la condamnée monte à l'échafaud. Tandis que le bourreau s’apprête à faire son office et que l’assistance entonne le Salve Regina, elle pardonne au roi, à la reine, à tous. Son courage émeut vivement les Parisiens, qui, changeant totalement d’opinion à son égard, la pleurent et la plaignent.

 

« Elle se montra d’un courage aussi constant et ferme comme si la mort lui eût été une récompense agréable et que la vie lui eût tenu lieu de supplice cruel. Le cœur le plus envenimé ne put se tenir de fondre en larmes ; de sorte qu’il est vrai de dire qu’elle fut autant regrettée à sa mort qu’elle avait été enviée durant sa vie », rapportera le cardinal de Richelieu dans ses Mémoires.

Leonora Galigaï ne survivra pas à son époux, Concino Concini, exécuté sur ordre de Louis XIII le 24 avril 1617. Le 8 juillet suivant, au terme d'un procès intenté au nom de la raison d’État, la confidente de la reine mère Marie de Médicis sera condamnée pour crime de « lèse-majesté divine et humaine », décapitée et brûlée en place de Grève.

« tians, accéder aux plus hautes marches du pouvoir que grâce à l'influence de sa femme et à l'ascendant qu'elle a exercé sur Marie de Médicis .

Il lui faut agir avec prudence, car la reine mère est largement impliquée dans cette affaire.

Néanmoins, Louis XIII est résolu à obtenir la confiscation des biens de la prévenue et pour cela doit aboutir à une condamnation judiciaire et à un verdict de mort car Leonora Galigaï a un héritier légitime , un fils pré­ nommé Henri âgé d'une dou­ zaine d'années.

Dès le 26 avril, le roi charge Isaac Arnauld et Gilles Maupéou , conseillers d'État et intendants des Finances, de l'inventaire des biens des époux Concini .

Il nomme le procureur Pierre Mul­ lard «c urateur à la mémoire du feu maréchal d'A ncre »e t confie à son favori, Charles d'Albert de Luynes, le soin de veiller au « bon » déroulement du pro­ cès.

Le 29 avril, Leonora Galiga~ est interrogée pour la première fois.

Entre le 22 mai, date d'ou­ verture de son procès, et le 7 juillet, elle est soumise à vingt­ deux interrogatoires et confron­ tée à de nombreux témoins à charge.

Ses juges l'acc usent de manipulations financières, d'in- gérence dans les affaires publi­ ques .

Faute de preuves, ces griefs sont insuffisants pour invoquer la peine capitale.

On n'obtient rien de plus en exami­ nant la correspondance de l'ac­ cusée avec l'étranger et en ten­ tant de la mettre en cause dans l'assassinat d'Henri IV.

Si bien que Luynes décide de la pour­ suivre pour sorcellerie .

Ni preuves ni aveux ...

Leonora Galigaï est accusée d'avoir entretenu des relations avec des médecins juifs caba­ listes et avec des prêtres exor­ cistes.

Elle n'est pas soumise à la question (c'est-à-dire à la tor­ ture, à laquelle on a fréquem­ ment recours lors des procès en sorcellerie) et, là encore, aucu­ ne preuve n'est mise au jour.

Le 6 juillet.

elle comparaît devant le tribunal, qui la somme de re­ connaître qu'elle s'est « rendue au sabbat du diable ».

«Je jure devant Dieu que je n'ai jamais ouï parler de sorciers et de sor­ cières.

Et pourquoi serais-je ve­ nue en France pour accomplir ces méchancetés-là ? », répli­ que-t-elle.

Sans aveux ni preu­ ves, les juges doivent pourtant statuer.

..

Le 8 juillet.

le verdict est prononcé.

Le tribunal décla­ re « lesdits Concini et Galigaï sa veuve criminels de lèse-majes­ té divine et humaine ( ...

) et condamne ( .

..

) ladite Galigaï à avoir la tête tranchée sur un échafaud pour cet effet dressé en la place de grève de cette ville de Paris, son corps et tête brûlés et réduits en cendres».

La formule de « lèse-majesté divine >> sous-entend que Leo­ nora Galigaï est bien coupable de sorcellerie: certains juges en sont si peu convaincus qu'ils refusent d'entériner le verdict.

Tandis qu'on lui fait lecture de la sentence, la veuve de Con­ cini, qui pensait seulement être bannie de France , crie son dé- EDI TIONS ATLAS sespoir : « Oimé poveretta ! >> (Pauvre de moi !).

Pour obtenir un sursis, elle se déclare enceinte, puis se ravise, se résout à l'inéluctable et, après s'être confessée, monte avec dignité dans la charrette des condamnés.

Les biens des Concini revien­ nent au roi, qui, le 12 août.

par lettres patentes, en fait don à Luynes.

La cour des Comptes renâcle à enregistrer cette déci­ sion mais, devant la volonté royale, doit s'y soumettre le 26 septembre.

Le 27 août 1621, devant la réprobation de l'opi­ nion, Luynes sera contraint de vendre l'hôtel de Tournon, où seront désormais logés les ambassadeurs extraordinaires accueillis par le roi à Paris.

L'ÉMOTION DES PARISIENS La foule est nombreuse à assister en place de Grève à l'exécution de la « sorcière GaUgaï », épouse honnie du non moins honni Concino Concini.

Les cris de haine fusent : « La méchante ! La diablesse ! La sorcière ! La vilaine ! Qu'elle est laide ! » Avec dignité , la condamnée monte à l'échafaud .

Tandis que le bourreau s'apprête à faire son office et que l'assistance entonne le Salve Regina, elle pardonne au roi, à la reine, à tous.

Son courage émeut vivement les Parisiens, qui, changeant totalement d'opinion à son égard, la pleurent et la plaignent.

« Elle se montra d'un courage aussi constant et ferme comme si la mort lui eût été une récompense agréable et que la vie lui eûUenu lieu de supplice cruel.

Le cœur le plus envenimé ne put se tenir de fondre en larmes ; de sorte qu 'il est vrai de dire qu'elle fut autant regrettée à sa mort qu'elle avait été enviée durant sa vie », rapportera le cardinal de RicheUeu dans ses Mémoires.. »

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