La patrie des Kurdes

Les Kurdes en Turquie

Le Kurdistan s'étend sur quelque 400 000 kmJ. Il constitue la patrie de 25 millions de Kurdes, partagée entre la Turquie, l'Iran et l'Iraq, la Syrie et l'Arménie.

En 1920, le traité de Sèvres qui entérine le démantèlement de l'Empire ottoman assure aux Kurdes un Kurdistan autonome. Mais l'URSS, la Turquie, l'Iran et l'Iraq se partagent le territoire, prétextant qu'ils régleront le problème ultérieurement.

Près de la moitié d'entre eux vit au sud-est de la Turquie, Istanbul étant la première ville kurde, et parle turc. L'état d'urgence instauré dans les provinces du sud-est de l'Anatolie, dont la levée a été prononcée à maintes reprises par le gouvernement d'Ankara, dure depuis le début des années 90. Lorsque le gouvernement turc déclare que tous les Kurdes et tous les Turcs sont frères, ces propos restent sans effet sur la paix puisque les promesses d'autonomie culturelle sont lettre morte. La terreur qu'exerce le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan}, groupe d'opposition militant d'obédience marxiste, ne peut être qu'endiguée et non supprimée, les pays arabes acceptant d'accueillir ses bases opérationnelles.

Dans les années 60, les Kurdes, grâce au soutien de l'Iran, commencent à se battre pour leur autonomie en Iraq. Il faut attendre la fin de la guerre du Golfe en 1991 pour que l'ONU essaie de mettre en place une zone de protection pour les Kurdes irakiens.

Le souhait des Kurdes - un pays qui leur soit propre - est compréhensible. Néanmoins, les États dans lesquels ils vivent ne sont pas prêts à renoncer à leurs territoires. Une solution au conflit ne semble possible qu'à deux conditions : l'autorisation d'une autodétermination culturelle et l'amélioration des conditions de vie désastreuses dans les montagnes du Kurdistan.

Près de la moitié de la totalité des Kurdes vit en Turquie, soit environ 12 millions. Le gouvernement turc les désigne officiellement comme «Turcs des montagnes». Des organisations kurdes armées luttent pour la reconnaissance d'un statut d'autonomie. Elles affrontent l'armée régulière depuis des années dans une guérilla permanente dont la population civile est la principale victime. En 1994, le gouvernement lève l'immunité de plusieurs ressortissants d'origine kurde membres du parti démocrate pro-kurde (DEP) au parlement d'Ankara. Accusés de séparatisme, ils sont écroués, et certains d'entre eux sont condamnés à mort. Malgré les protestations internationales, de lourdes peines sont prononcées contre les accusés. Le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) propose de négocier avec le gouvernement pour l'instauration d'un système fédératif. Ankara réagit en lançant une vaste offensive contre les deux ailes armées du PKK, I'ERNK et I'ARNK. Mais cette action, tout comme celles qui ont été menées par le passé, ne débouche sur aucun succès notable.