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La Pologne et la Russie

Publié le 27/02/2008

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Après le morcellement politique qui caractérise l'Europe du Nord-Est à la fin du Moyen Âge, l'aube des temps modernes voit l'aboutissement des mouvements centripètes amorcés au XIVe siècle. A l'Est, le grand-prince de Moscou Basile III achève le " rassemblement des terres russes " par l'annexion définitive de Pskov (1510) et de Riazan (1517). A l'Ouest, Sigismond Ier confirme en 1525 sa suzeraineté sur la Prusse, héritière de l'Ordre teutonique ; Sigismond II Auguste reçoit l'allégeance du dernier grand-maître des chevaliers Porte-glaive et partage la Livonie avec la Suède (1561). Enfin, la politique agressive d'Ivan IV le Terrible précipite l'union organique de la Pologne et de la Lituanie (1569), préparée longuement par l'intégration des structures économiques et sociales, la Colonisation de l'aristocratie lituano-russe. Désormais, la vie politique de cette partie de l'Europe est dominée par l'évolution et la rivalité de deux États, le royaume polono-lituanien, constitué de populations différentes par leurs langues et leurs religions, entouré de voisins puissants, sans frontières précises, et la grande principauté de Moscou ­ devenue empire (tsarstvo)  en 1547 ­ ou une population homogène domine des apports ethniques variés, disposant vers l'est d'un espace pratiquement illimité pour son expansion (en 1648, la côte du Pacifique est déjà atteinte).                Alors que l'unité nationale dans un pays comme la France a été réalisée grâce à l'appui de la bourgeoisie urbaine, la Pologne et la Moscovie ne connaissent quasiment pas de classe moyenne. Dans la première, dès la fin du Moyen Âge, la bourgeoisie, d'origine essentiellement allemande ou juive, a cessé de jouer tout rôle politique. En Russie, d'abord une économie longtemps repliée sur elle-même, une circulation monétaire réduite, puis des structures sociales trop rigides ont empêché le développement d'une classe marchande socialement et politiquement définie. Le moteur de la vie économique reste, dans les deux États, la paysannerie.  
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« Après le morcellement politique qui caractérise l'Europe du Nord-Est à la fin du Moyen Âge, l'aube des temps modernes voit l'aboutissement desmouvements centripètes amorcés au XIVe siècle.

A l'Est, le grand-prince de Moscou Basile III achève le “ rassemblement des terres russes ” parl'annexion définitive de Pskov (1510) et de Riazan (1517).

A l'Ouest, Sigismond Ier confirme en 1525 sa suzeraineté sur la Prusse, héritière de l'Ordre teutonique ; Sigismond II Auguste reçoit l'allégeance du dernier grand-maître des chevaliers Porte-glaive et partage la Livonie avec la Suède (1561).

Enfin, la politique agressive d' Ivan IV le Terrible précipite l'union organique de la Pologne et de la Lituanie (1569), préparée longuement par l'intégration des structures économiques et sociales, la Colonisation de l'aristocratie lituano-russe.

Désormais, la vie politique de cette partie del'Europe est dominée par l'évolution et la rivalité de deux États, le royaume polono-lituanien, constitué de populations différentes par leurs langueset leurs religions, entouré de voisins puissants, sans frontières précises, et la grande principauté de Moscou devenue empire (tsarstvo) en 1547 ou une population homogène domine des apports ethniques variés, disposant vers l'est d'un espace pratiquement illimité pour son expansion (en1648, la côte du Pacifique est déjà atteinte).

Alors que l'unité nationale dans un pays comme la France a été réalisée grâce à l'appui de la bourgeoisie urbaine, laPologne et la Moscovie ne connaissent quasiment pas de classe moyenne.

Dans la première, dès la fin du MoyenÂge, la bourgeoisie, d'origine essentiellement allemande ou juive, a cessé de jouer tout rôle politique.

En Russie,d'abord une économie longtemps repliée sur elle-même, une circulation monétaire réduite, puis des structuressociales trop rigides ont empêché le développement d'une classe marchande socialement et politiquement définie.

Lemoteur de la vie économique reste, dans les deux États, la paysannerie.

Jouissant, dans l'ensemble, de la liberté personnelle au Moyen Âge, les paysans perdirent progressivement le droit dequitter la glèbe, de changer de seigneur.

En Pologne, cette évolution s'explique avant tout par la puissance politiquede la grande et de la petite noblesse : dès le XVe siècle, elle accapara le droit de juridiction rurale, étendit, ausiècle suivant, ses propriétés foncières aux dépens des tendres paysannes ; pour mettre en valeur leurs domaines,les nobles astreignirent les paysans à la corvée, surtout dans les territoires proches de la Baltique, exportateurs deblé.

En Lituanie, les droits fonciers de la paysannerie furent pratiquement annihilés par la réforme agraire de 1557 ;l'union de Lublin (1569) favorisa l'extension des latifundia des magnats polonais en Ukraine.

Ce renforcement du servage provoqua l'exode de nombreux paysans vers les steppes du bas Dniepr où ils constituaient descommunautés libres de cosaques.

En Moscovie, à côté des terres appartenant à de grands propriétaires, laïques ou ecclésiastiques que les paysans, placés dans une situation dedépendance économique, pouvaient de plus en plus difficilement quitter on comptait encore, au début du XVIe siècle, de vastes “ terres noires ”où vivaient des communes de paysans libres ; mais le gouvernement, pour entretenir ses serviteurs dont le moulure ne cessait de croître, fûtamené à distribuer ces terres et à placer les paysans sous la dépendance des nouveaux propriétaires.

De plus, afin de permettre à ceux-ci d'assurerle service qu'il exigeait d'eux, le prince dut prendre des mesures pour empêcher les paysans de passer sur la terre d'un seigneur plus riche ou, à lafin du XVIe siècle, de rejoindre les cosaques dans les steppes du Don.

Limité à la fin du XVe siècle, le droit pour les paysans de quitter leur maîtrefut, à partir de 1581, de plus en plus souvent suspendu ; enfin, la prescription pour délit de fuite fut définitivement abolie dans le nouveau code deloi (sobornoe oulojenie) de 1649.

L'asservissement du paysan russe était légalisé (parallèlement, la population des villes était attachée à son lieu de résidence).

Depuis lors, le sort des serfs ne cessa de s'aggraver, en particulier sous les règnes de Pierre le Grand P268 et de Catherine II P055 . Face à ce triomphe du servage, surgirent des jacqueries, surtout dans les régions proches des steppes, où elles bénéficiaient de l'appui descosaques, véritable fer de lance de ces révoltes, dont les plus importantes furent dirigées par Bolotnikov P1239 (1606-1607), Razine P2423 (1670- 1671) et Pougatchev P2394 (1772-1775).

Si un parallèle entre le sort des paysans russes et celui des paysans polonais peut entre tracé, il n'en est pas de terme pour l'histoire de la classenobiliaire.

En Pologne, une petite noblesse pléthorique, la szlachta qui fournissait la force militaire indispensable au pays réussit, sur le plan local et national, à s'imposer comme force politique aux dépens de la monarchie, de l'Église et de la haute aristocratie.

Elle instaura un libéralismepolitique intégral, mais limité à la classe dirigeante, ce qui valut à la Pologne du XVIe siècle l'appellation de “ démocratie nobiliaire ”.

Cet idéalpolitique, inspiré par celui du patriciat de la Rome antique, était un anachronisme dans une Europe absolutiste, aussi n'est-il pas surprenant qu'unsouverain autoritaire comme Sigismond III P2554 Casa (1587-1632) ait tenté de rétablir le pouvoir monarchique, mais en vain : la réaction de la szlachta aboutit à un renforcement des pouvoirs locaux, à un véritable émiettement de l'État, qui favorisa les magnats dont l'influence politiquedevint déterminante au XVIIe siècle.

Quant à la Diète nationale, elle était paralysée par la règle de l'unanimité (le liberum veto) , accentuée en 1652 et machiavéliquement respectée par les “ protecteurs ” étrangers du XVIIIe siècle.

La démocratie nobiliaire devenait l'anarchie nobiliaire.

En Moscovie, l'aristocratie terrienne les boyards , beaucoup moins nombreuse, s'opposa, certes, au pouvoir centralisateur des princes deMoscou mais, soucieuse de conserver des situations et des prérogatives acquises, elle fut incapable d'exercer le pouvoir politique, quand il luiarriva de le saisir, lors de la minorité d' Ivan IV P167 ou de la crise dynastique du début du XVIIe siècle : l'échec de son élu, le tsar Basile Chouïski (1606-1610), la compromission de certains boyards avec l'occupant polonais (1611-1612) achevèrent de discréditer un groupe social déjà décimé ethumilié par Ivan le Terrible et Boris Godounov P1668 .

Ceux-ci avaient, en effet, comme leurs prédécesseurs, favorisé le développement d'une nouvelle classe de serviteurs les dvoriane auxquels le prince attribuait une terre à titre précaire.

Tenant sa puissance économique et sociale du prince, cette nouvelle noblesse ne pouvait s'ériger en puissance politique.

Enfin, l'Église, malgré son énorme puissance économique jusqu'à la findu XVIIe siècle, ne constitua pas davantage une force politique.

Aussi le Zemskiï Sobor les États généraux n'eut-il, à l'exception d'une courte période de 1613 à 1622, qu'un pouvoir consultatif ; il ne fut plus convoqué dans la seconde moitié du XVIIe siècle.

Pierre le Grand P268 accentua encore les obligations de la noblesse et sa dépendance vis-à-vis du trône.

Si certains représentants de la classe nobiliaire ont joué un rôleprimordial dans les révolutions de palais du XVIIIe siècle, la noblesse en tant que telle n'exerça aucun pouvoir.

Pierre III P2343 et Catherine II P055 libérèrent les dvoriane de l'obligation de servir l'État (1762, 1785), l'extension du servage en fit des privilégiés au sens social du terme, mais lasource unique du pouvoir politique resta le monarque.

Créé par une évolution économique qui faisait de Moscou le principal marché intérieur du pays et par la situationsociale que nous venons d'esquisser, le pouvoir des princes de Moscou s'appuyait, à la fois, sur les droits. »

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