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La question de la terre en Amérique latine ?

Publié le 27/02/2008

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Historiquement, c'est en tant que fournisseur de produits agricoles que l'Amérique latine s'est intégrée au commerce mondial. Dans le cadre de structures agraires profondément inégalitaires s'est développée une agriculture spéculative destinée à faire rentrer des devises. Mais des millions de petits paysans sont ainsi restés sur la route du développement. C'est cette situation qui définit la question agraire en Amérique latine. Des tentatives de réforme agraire ont eu lieu mais les résultats sont mitigés. Aujourd'hui la question agraire n'est toujours pas résolue et le malaise agricole a tendance à alimenter la crise sociale dans les villes, qui regroupent aujourd'hui une majorité de la population en Amérique latine.
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« À l'exception de Cuba où la réforme agraire fut radicale, les réformes agraires ont eu dans les autres pays pour conséquence d'obliger les grands domaines à se moderniser et à se concentrer sur les terresréellement exploitées.

Les grands propriétaires ont également été incités à investir une partie de leurrichesse dans l'industrie nationale et de favoriser ainsi l'industrialisation.

En même temps, la réforme agraire, en permettant un enrichissement des paysanneries, devait permettre l'élargissement du marché national.

Certes, lesréformes ont fait reculer le microfundio, la très petite exploitation, mais ne l'ont pas fait disparaître.

Elles ont permis dans la plupart des pays l'émergence d'une classe moyenne agricole.

L'exode rural a été ralenti mais n'a pas disparu et dans tous les pays les paysans les plus pauvres continuent à s'entasser dans les bidonvilles des grandes villes.

Une des causes du relatif échec des réformes agraires a été l'incapacité de l'État à assurer le suivi technique et financier de la réforme.

Les réseaux de distribution et les marchés n'ont pas été organisés.

Les grands propriétaires terriens, grâce à leur lien avec l'appareil d'État, ont su limiter les conséquences de la réforme oula détourner à leur avantage.

Ainsi dernièrement, au Brésil, les grands propriétaires ont essayé de passer desaccords avec les paysans sans terres en les incitant à occuper leurs terres pour bénéficier ensuite des indemnitésd'expropriation prévue par la loi sur la réforme agraire.

En général, on propose aux paysans d'occuper les plusmauvaises terres...

Au Brésil toujours, la colonisation agraire en Amazonie a surtout profité aux grands propriétaireset aux multinationales.Aujourd'hui, l'idée même de réforme agraire a été abandonnée partout en Amérique latine.

Ce qui estproposé, c'est la « modernisation conservatrice ».

Il s'agit de rendre l'agriculture spéculative plus performante, plus concurrentielle en améliorant les techniques de production et de gestion mais avec pour conséquence lerenforcement des inégalités sociales. Transition Les réformes agraires n'ont pas réglé la question agraire.

Aujourd'hui, on observe, un peu partout, undésengagement des États.

Aussi le malaise agraire persiste et s'amplifie.

Et on assiste à un transfert des problèmesruraux vers les villes, du fait de l'exode rural qui continue plus que jamais.

Troisième partie : la persistance du malaise agraire • Les cultures illicites : une réponse à l'absence de réforme agraire L'absence de véritable solution à la question agraire et l'effondrement des prix agricoles, notammentceux du café, ont encouragé les paysans de certains pays, notamment ceux des pays andins, àentreprendre de nouvelles cultures liées au trafic international de la drogue.

Ces cultures sont beaucoup plus rentables que les cultures spéculatives ordinaires, ce qui pousse les paysans à mettre de plus en plus de parcellesen culture, ceci au détriment des cultures vivrières déjà notoirement insuffisantes.

Les cultures illicites permettentaux paysans d'obtenir des ressources financières qu'ils ne pourraient avoir avec les cultures traditionnelles, y compris avec les cultures commerciales légales.

En effet, la baisse des cours des matières premières agricoles estdirectement répercutée sur les producteurs.

Tant et si bien que les cultures de coca, par exemple, sont les seulescultures commerciales dont le commerce mondial (certes illégal) se maintient à un niveau permettant la survie desagriculteurs.

Mais, ces cultures ont pour conséquence de graves dérèglements des sociétés des pays concernés,notamment avec le développement de la violence.

C'est le cas, par exemple, en Colombie. • La persistance des mouvements paysans Le Mexique, premier pays à avoir - au début du siècle - pratiqué une réforme agraire, compte plusaujourd'hui de paysans sans terres qu'en 1910.

En 1994 a éclaté la guerre paysanne dans le sud du pays, au Chiapas.

Les communautés paysannes indiennes y sont en lutte pour la terre.

Au Brésil, la lutte des paysans sansterres contre les grands propriétaires terriens n'a jamais cessé.

Les occupations de terres sont organisées par leMouvement des Sans-Terres, rien ne semble avoir changé dans la condition paysanne malgré la réforme de 1964 etla politique de colonisation en Amazonie.

Au Pérou, la guérilla du Sentier lumineux s'alimente aussi dumécontentement paysan.

Partout, les guérillas nées dans les années 1970 perdurent, certaines se recyclant parfoisdans le narco-trafic. # Le malaise agraire alimente la crise urbaine L'exode rural continue, aggravé par la croissance démographique.

Les paysans vont s'installer dans les villes moyennes ou petites pour rester proches du milieu rural où les récoltes permettent de trouver du travailoccasionnellement.

Ils y constituent des bidonvilles et une catégorie sociale à part, paysans vivant à la ville.D'autres vont s'entasser dans les bidonvilles, souvent nommés « quartiers d'invasion », qui poussent comme deschampignons à la périphérie des grandes agglomérations.

Mais ces villes sont incapables de les intégreréconomiquement.

La conséquence sociale en est l'augmentation de la délinquance, de la prostitution et del'insécurité.

Dans toutes les grandes agglomérations sud-américaines, les quartiers où vivent les populations aiséessont protégés de la misère environnante par des milices privées.

Conclusion Avant d'être un problème économique, la question agraire est une question sociale.

Elle est née de la profondeinégalité dans la distribution des terres, inégalités qui ont pour origine la conquête coloniale au XVI e siècle. Les réformes agraires ont échoué parce que, fondamentalement, elles ne voulaient pas remettre en cause l'ordre. »

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