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La «savante », médium des villages

Publié le 04/01/2015

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Les Égyptiens considéraient en effet qu'il y avait deux causes à un malheur (une ma¬ladie par exemple) : une cau¬se immédiate (ingestion d'un aliment mauvais, etc) qui n'était en fait que la consé¬quence d'une cause plus pro¬fonde : le mécontentement d'un dieu ou d'un mort. Il fal¬lait donc, en plus des soins médicaux et magiques, trou¬ver quelle divinité avait agi ainsi et pourquoi. Pour ce faire, on avait recours à une fem¬me, que les Égyptiens appe¬laient rekhet, « celle qui sait », la «savante », sorte de voyante de village qui connaissait l'art d'entrer en contact avec le monde divin. Si la documen-tation sur cette figure qui in-trigue est peu fournie (elle restait du domaine de l'oral), elle est néanmoins assezOn a parfois du mal à imaginer la vie des Égyp-tiens. Une figure particu-lièrement attachante nous aide cependant à pénétrer leur quotidien, celle de la « savante », sorte de médium qui interprète les manifesta¬tions divines.

« "Un baou est ve nu: j'ai vu H éryiya alors qu'elle volait l'outil" ».

Un baou se mani­ festait donc particulièrement quand un crime était perpé­ tré, surtout lorsque la faute était aggravée par un parjure.

« J'étais assis dans ma cha­ pelle lors de l'anniversaire de Thouéris [divinité protectrice des foyers].

et Tanehesy me vo la un gâteau .

Cependant, dix jours après elle vint me dire : "Un baou est venu" ».

Nous ne pos édons pas la sui­ te, mais nul doute que la vo­ leuse confessa son délit.

Ces manifestations provoquaient un incontr ôlable sentiment de culpabilité chez le s coupa­ bles, qui finissaient par avouer leur forfait .

En général, cette visite impliquait l a rétraction d 'un fau x serment, faute gra ­ ve pour un Ëgyptien puisque un engagement se faisait au nom du pharaon ou d'une divinité .

L' Enseignement d'Améné ­ mopé , livre de sa­ gesse du Nouvel Empire, insiste d'aill eu rs sur le fait que les parjures et les fraudeurs s'exposaie nt à la venue de baou, chose redou­ tée ca r le baou d'un dieu ou d'un mort était puissant et pouvait être la ca use de ter ­ rible s m a lheur s.

Le « baou » du roi S i, de par leur nature mê­ me, morts et dieux ont un baou , le pharaon, tout hom­ me qu ' il est, occupe une fonction d'essence divine.

Il possède do nc exceptionnel­ lement un baou .

A preuve ce texte rapportant les propos d 'un ennemi é tranger : « Le grand c hef du Hatti écrit au chef de Qedi [Moyen-Orient] : tiens- toi prêt et laisse-nous accélérer vers l'Ëgypte, que nous puission s dire : "La ma­ nife station [baou] d'un dieu [le roi] est venue".

Flattons Ou sermaâtrê [Ramsès Il], il donnera le souffle à ceux qu'il aime.

Chaque pays est dans ses bonne s grâces ; seul le Hatt i est dans sa ma­ nifestation [baou].

Le dieu [hittite] n'accepte pas ses oblations ; il ne voit pas l'e au du ciel , étant dans la manifes­ tation [baou] d'Ousermaâtrê , le taureau qui aime la force.

» Les Hittites avaient déplu au pharaon.

A l'instar des dieux , Ramsès Il a don c envoyé son baou pou r les punir : sa pré ­ sence dans le pays est si forte que le die u hittite en est af­ fecté et n'ac cep te plus les of­ frandes de ses fidèles ! Le souverain du Hatti n'a plus alors d'autre choix que de se concilier de nouveau les bon­ nes grâces de Ramsès Il.

La « savante » au secours des hommes D ans le passage ci-dessus, le roi du Hatti savait exac­ tement qui éta it responsable de ses mau x.

C'est rarement le cas dan s la vie quotidienne.. »

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