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La Troisième République (Histoire)

Publié le 22/02/2012

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Un régime né des circonstances et imposé à la France provinciale par une poignée de Parisiens, telle apparaît à l'automne de 1870 une république que l'on n'ose pas encore dire Troisième. Comment un régime aussi contesté s'est-il imposé, et pour soixante-dix ans, à un pays qui en avait connu et usé, en moins d'un siècle, une bonne demi-douzaine, c'est la question qui ne peut manquer d'être posée. A l'origine, le hasard militaire d'une défaite éclair qui emporte, avec l'armée, l'Empereur lui-même, et le coup de force des élus du département de la Seine qui, dans la plus pure tradition révolutionnaire, proclament à l'Hôtel de Ville de Paris la République et un Gouvernement de la défense nationale. Régime qui eut peut-être été accepté de bon coeur par la majorité de la nation si, retrouvant l'élan de l'An II, il eut réussi à refouler aux frontières l'envahisseur prussien. L'échec des armées improvisées de Gambetta en décida autrement et les Français furent tentés, à la fin de l'année 1870, de ne plus considérer que les menaces qu'il portait en lui, celles d'un retour possible à 93 et à la Grande Terreur, ou plus simplement à 1848 et à la grande dérision. Les élections du 8 février 1871 montrèrent bien que la république était redoutée d'une part très considérable du corps électoral : les candidats qui s'en réclamaient n'obtinrent que le tiers des sièges à l'Assemblée nationale.
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« de claires options politiques et de faire rapidement l'apprentissage de la démocratie. Les faiblesses du système politique mis en place (un régime d'Assemblée, dans lequel une Chambre des députéstoute-puissante mais émiettée en groupes et chapelles politiques ne tarda pas à donner en spectacle sonimpuissance à produire des gouvernements stables) apparurent dès 1885, au moment où la division accrue desrépublicains en "opportunistes" et "radicaux" provoquait une instabilité ministérielle quasi permanente.

Encouragéspar la lassitude de l'opinion devant les jeux stériles des politiciens, les ennemis du régime s'efforcèrent de saisir lesoccasions qui se présentèrent de s'en débarrasser.

D'étranges coalitions se nouèrent, où figuraient des impatientset des nostalgiques, des révolutionnaires et des conservateurs, des patriotes et des internationalistes.

Lescirconstances les servirent : scandales financiers, corruption politicienne, ambition personnelle ou simple erreurjudiciaire provoquèrent les crises fameuses de Panama, du boulangisme ou de l'affaire Dreyfus, pour ne citer que lesplus graves.

Il apparut à chaque épisode que le régime tout entier était menacé de subversion.

Preuve que lesfondations n'en étaient pas bien solides, ou manœuvre trop habile de politiciens en péril pour raviver l'enthousiasmerefroidi du corps des citoyens ? Faut-il croire aussi que les déchaînements de l'anticléricalisme, ravivé il est vrai parle progrès des congrégations religieuses et de leur rayonnement auprès des fidèles dans les dernières années dusiècle, ont été savamment rythmés par les cyniques pour consolider des situations parfois bien compromises,jusqu'au moment où la séparation des Églises et de l'État vint désamorcer, mais à terme seulement et après la trèsgrave crise des Inventaires, la machine infernale ? Il est malaisé de résister à l'impression que les menaces contre lerégime ont été grossièrement gonflées par les gens en place, plus effrayés par les dangers que le "ralliement" decertains adversaires à la république aurait pu faire courir à leur monopole que par les risques de guerre civile que leursectarisme faisait naître. Un danger plus réel pointait cependant au tournant du siècle avec la diffusion, dans les grandes villes industriellesmais aussi dans certaines campagnes de tradition "avancée", de l'idéologie socialiste.

Fort heureusement pour lespartis au pouvoir, le mouvement socialiste se montra, dès sa naissance, divisé en tendances plus ou moinsorganisées, sans compter les "socialistes indépendants", comme se désignaient un Millerand ou un Briand.

Pendantlongtemps, les deux plus fortes personnalités du mouvement, Jean Jaurès et Jules Guesde, se trouvèrent enopposition sur presque tous les grands problèmes de l'heure : convenait-il ou non, pour des socialistes, de prendreposition sur l'affaire Dreyfus, de participer ou non au gouvernement, de recourir ou non à la violence ? Lorsquel'union se fit, cependant, avec la création du Parti socialiste unifié en 1905, ce fut sur les positions abruptes deGuesde que Jaurès dût s'aligner.

Il s'ensuivit une aggravation des luttes politiques à la Chambre, au moment où ladiffusion dans les milieux ouvriers des idées du syndicalisme révolutionnaire faisait éclater de violents conflitssociaux.

Dans cette atmosphère passionnée, le mythe de l'Union des gauches (ou "Bloc républicain") volait en éclatslorsque le radical Clemenceau se mua en "briseur de grèves" et en vint à se proclamer le "premier flic de France". Pour bien des contemporains, la France paraissait, en ces années d'avant-guerre, un pays fragile, miné par sesquerelles intérieures, promis peut-être à la guerre civile ou aux horreurs du Grand Soir.

Pourtant, elle allait affrontervictorieusement une gigantesque épreuve, la Première Guerre mondiale, et son régime en ressortir puissammentrenforcé par la victoire, au moins pour plusieurs années. C'est que, derrière les apparences, il existait des facteurs de cohésion et de vigueur, des ressources mal connuesou peu apparentes, des aspects encourageants qui ne furent découverts que plus tard, lorsque les survivantsévoquèrent avec nostalgie le passé qu'ils baptisèrent du terme de Belle Époque. Tout d'abord, dans l'esprit public, et malgré les manifestations tapageuses de l'antimilitarisme, un renouveaunationaliste, favorisé par l'aggravation de la situation extérieure, très sensible au moment des "alertes" de Tanger(1905) et d'Agadir (1911).

Alors qu'au temps de l'affaire Dreyfus un Zola, un Anatole France, certains philosophesintellectualistes et rationalistes dominaient de haut les courants de pensée, de nouveaux noms s'étaient imposésdepuis le début du siècle, ceux de Barrès, de Maurras, de Péguy, de Claudel, qui inspiraient un mouvement derestauration des valeurs nationales et traditionnelles.

Ce renouveau nationaliste se manifeste par le regain defaveur, auprès de l'opinion, d'un programme et d'un vocabulaire patriotiques jugés, quelques années plus tôt,démodés.

Il fait appel à la fierté nationale, au respect de l'armée et de l'ordre établi, à la conscience de la menaceétrangère.

Dans le domaine politique, il ne paraît pas devoir modifier sensiblement l'équilibre des forces, tout aumoins avant 1914 ; mais il permet de comprendre le ralliement si extraordinaire et si brutal, en août 1914, des pluspurs internationalistes à l'Union sacrée, ralliement symbolisé par l'entrée des socialistes Marcel Sembat et JulesGuesde au gouvernement d'Union nationale de Viviani. Le renouveau nationaliste favorisa la carrière d'une nouvelle génération d'hommes politiques, considérés commefermement républicains pour avoir donné des gages à l'anticléricalisme ou au dreyfusisme, mais dégagés desplatitudes et des routines de la tradition de gauche ; un Louis Barthou et surtout un Raymond Poincaré en furent leschefs de file.

Sous leur influence, les oppositions irréconciliables entre les extrêmes tendirent à s'atténuer, mais ilss'efforcèrent surtout de préparer à la Chambre une conjonction des centres qui put pratiquer une politique positivepeu éloignée, finalement, de celle qu'avaient imaginée un Gambetta ou un Ferry. Cette politique aurait pu bénéficier de la prospérité économique que connaissait la France depuis les premièresannées du XXe siècle.

Prospérité coupée, bien entendu, de crises cycliques beaucoup moins sensibles cependantqu'à l'étranger.

Le mouvement de fond, au contraire, entraîne en une hausse rapide prix, salaires et profits.

L'époqueest bénéfique pour les grandes affaires et les grands entrepreneurs, industriels et banquiers.

Elle favorise aussi ledéveloppement d'une classe moyenne qui s'affranchit peu à peu de la médiocrité et se trouve prête à appuyer les. »

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