L'Afghanistan, enjeu stratégique et économique

Ces intégristes formés dans les écoles coraniques pakistanaises ont déferlé sur le sud du pays, il y a plus de trois ans, pour écraser des factions islamiques concurrentes qui avaient déjà plongé l’Afghanistan dans le chaos. L’année 1997 aura marqué tout à la fois la poursuite de l’avance des talibans, mais aussi leur premier véritable revers : s’ils occupent désormais plus des deux tiers du pays - après avoir rallié à leur cause des ex-moudjahidins ou même d’anciens communistes -, ils n’ont pas réussi à s’emparer du nord du pays. Au printemps 1997, un seigneur de la guerre de la région de Mazar-i-Sharif, la grande capitale nordiste, avait rejoint leur camp avant de les trahir et de les chasser hors de la ville après une violente journée d’affrontements au cours de laquelle périrent des centaines de talibans. 

Dix-huit ans de guerre ininterrompue, plus d’un million de morts, des centaines de milliers de personnes déplacées : l’Afghanistan continue de vivre au rythme de l’interminable conflit déclenché par le coup d’Etat communiste de 1978 et de l’intervention soviétique de 1979. Le départ des derniers contingents de l’Armée rouge, il y a huit ans, aura en effet laissé le terrain libre aux moudjahidins de l’ancienne résistance qui, depuis la chute du régime communiste, en 1992, n’ont cessé de s’entre-tuer dans une sanglante course au pouvoir.